toupour le zooh

Un expert "démissionné" par Luc Chatel

   J'ai écrit il y a quelque temps un article intitulé : "la tentation totalitaire"

A une époque de notre Histoire où tant de signes (de mauvais signes) montrent qu'il est urgent d'être attentif à notre modéle démocratique de République une, indivisible, où la solidarité, la laïcité - gage de liberté- sont mises à mal par un pouvoir sans objectifs ni principes.


J'ai copié-collé cet article où l'on voit comment un éminent scientifique, nommé dans un groupe d'experts par le ministère de l'Education Nationale, s'est vu rayé des listes du ministère en temps qu'expert parce qu'il avait signé la pétition demandant le maintien des horaires obligatoires d'Histoire-gépographie en Terminale S.

Ce qui est anti-constitutionnel (ce n'est pas la première fois) et montre bien le peu de cas que fait le gouvernement de nos principes démocratiques et des textes qui fondent notre République.

En même temps qu'il prétend organiser un débat sur l'identité nationale !

remarque : ce mépris  de la Constitution est bien plus grave que l'histoire de la casquette de Nadine Morano, qui se porte parfois, comme la culotte (celle du bon roi Dagobert, pas la sienne) à l'envers.


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ci dessous, le texte copié-collé de Marianne 2 (sur le Net)

  "Nous savions que le cabinet du ministre de l'Éducation Nationale pouvait se montrer entêté alors que 69% des Français désavouent la réforme de la classe de Terminale. Nous en découvrons aujourd'hui une autre face. Ce qui vient d'arriver à Éric Godelier, l'un des signataires de la pétition des économistes réclamant le maintien de l'enseignement obligatoire de ces matières en témoigne. Il l'explique dans le texte qui suit.

À l'évidence, il s'agit d'une atteinte au Droit de Pétition, pourtant garanti par la Constitution. Voilà donc le visage de la Démocratie que donne le Ministère. On croyait de telles pratiques révolues en ces temps et dans notre pays.

Le professeur Jean-Christophe Defraigne, qui suit en témoin toute cette affaire depuis la prestigieuse Université de Louvain en Belgique, faisait remarquer que l'on est ici face à une tendance européenne. En Grande-Bretagne, c'est au profit de l'informatique que l'on a supprimé l'Histoire. Il ajoutait aussi :
« Faut-il rappeler au ministre les prix Nobel de chimie allemande qui étaient membres du parti nazi? La science permet de savoir comment faire fonctionner un train, l'histoire de savoir qu'il peut parfois aller à Auschwitz. »

Le ministère doit rétablir au plus tôt, notamment pour les membres de son cabinet, l'enseignement obligatoire de l'Histoire et de la Géographie en classe de Terminale Scientifique!"

                                                   ***
la lettre ouverte de Eric Godelier
Président du département des Humanités et Sciences sociales de l'École Polytechnique

expert auprès du Ministère de l'Education Nationale

Attention à ce que vous dites et à ce que vous signez: vous êtes filmés?

Quoi de plus normal a priori pour un chercheur et un universitaire que de contribuer au débat pédagogique et démocratique dès lors que celui-ci relève de sa discipline. Il faut croire qu'une nouvelle conception de la liberté d'expression commence à s'instituer dans la France d'aujourd'hui. Elle ne concerne plus seulement les écrivains « noirs » rappelés à leur devoir de réserve, les préfets mutés pour ne pas avoir su préserver la quiétude des visites officielles victimes de l'expression de revendications syndicales. Voici une histoire qui pourrait rester amusante si elle ne s'inscrivait sur une liste assez significative pour en devenir préoccupante.

Un professeur agrégé des universités, votre serviteur, intervient depuis plusieurs années au sein de groupes d'experts pour réformer l'enseignement d'économie et de gestion dans le cycle de l'enseignement secondaire. L'organisation et le pilotage de cette démarche sont en général confiés à l'inspection générale d'économie et gestion. Par le passé, elle a abouti à la réforme du baccalauréat de sciences et technologies de gestion et à la mise en place d'un programme de management des organisations dans lequel les élèves apprennent que l'économie n'est pas seulement constituée de marché, de prix et de concurrence pure et parfaite mais aussi d'entreprises publiques et privées, d'États ou d'association qui régulent les échanges. Cette réforme a été saluée par les enseignants et les élèves, notamment pour son ouverture intellectuelle et pédagogique à d'autres doctrines que le libéralisme pur et dur. Logiquement, la démarche de réforme qui vient d'être relancée par M. Luc Chatel, Ministre de l'éducation nationale, concernant les enseignements d'économies et de gestion reprend la même procédure. Je suis donc sollicité au début du mois de décembre par l'inspection générale, qui me propose de participer à un groupe de 4 experts chargés de faire des propositions de réforme pour le mois de janvier. J'accepte de contribuer à l'évolution de la formation des lycéens conformément à ce que je considère comme une des missions des universitaires. La première réunion est fixée au lundi 14 décembre, le reste du travail devant se faire par Internet. Fin du premier acte.

En parallèle, la réforme des enseignements d'Histoire et de Géographie en Terminale S est annoncée. Elle prévoît une réduction du volume horaire à 2 heures et la possibilité pour les élèves d'un choix optionnel. Étant moi-même historien de formation et participant activement à des associations académiques d'historiens économistes ou d'entreprise, soutenant par ailleurs l'idée que l'histoire est un outil indispensable de compréhension, de décentrement et de prise de distance vis-à-vis de l'actualité et des questions de société, je signe la semaine dernière l'appel de l'association des professeurs d'Histoire et de Géographie pour refuser cette proposition du Ministère de l'éducation nationale. Le texte est publié par Marianne. Fin du deuxième acte.

Surprise. Vendredi matin 11 décembre, je reçois un coup de fil de l'inspection générale m'informant que le cabinet de Monsieur le Ministre Luc Chatel, ayant vu mon nom sur la liste des signataires, demande que je sois exclu du groupe d'experts. L'inspection générale me téléphone alors avec une gêne visible, et m'explique que le cabinet reprend en main le pilotage du groupe d'experts et a décidé de nommer directement un de mes collègues pour me remplacer. Fin du « dernier » acte...

Quelle conclusion tirer de cette décision qui apparaît visiblement comme une censure intellectuelle et politique ? La bourde d'un membre du cabinet du Ministre face au contexte délicat du débat sur la réforme de d'Histoire et de Géographie? Pourquoi pas ? Mais on peut également y voir une forme d'autoritarisme se substituer à la démocratie universitaire et à la liberté intellectuelle qui traditionnellement y prévaut. À quand les signatures anonymes... ?

Eric Godelier
Président du département des Humanités et Sciences sociales de l'École Polytechnique
Titulaire du poste « Entreprises et sciences sociales »
Ancien élève de l'ENS Cachan
Agrégé d'économie
Docteur en Histoire de l'EHESS
Professeur agrégé de Sciences de Gestion"


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18/12/2009
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