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Travailler moins pour gagner plus

Travailler moins pour gagner plus




On sait, depuis une enquête menée en 2007, combien d'heures travaillent en moyenne les enseignants : aux environs de 4 0 heures par semaine.

Car, si les heures face aux élèves sont connues, on oublie le plus souvent - et les journalistes n'en parlent jamais – les heures de préparation des cours et celles de correction...auxquelles il faut ajouter les heures passées face aux parents -pas toujours payées- face à l'administration pour différents problèmes -jamais payées- et face aux enfants...dont on attend parfois leS parents qui ne viennent pas toujours, ou qui ne vienneNt pas du tout.

PeU de métiers sont ainsi soumis à des horaires aussi fluctuants, parfois inattendus : attendre sur un parking -au vu et au su de tous, parce qu'il n'est pas question de s'abriter avec un collégien ou une collégienne- l'arrivée de la maman, en retard pour cause de feuilleton, n'est pas rare.

Donc : 40 heures en moyenne


Ce qu'on sait moins, c'est la différence de « traitement » entre les différentes matières enseignées : entre un professeur d'éducation physique -pas de préparations et pas de corrections- et un prof de français, aucune commune mesure : pour arriver à une moyenne de 40 h entre ces deux extrèmes, il faut lire : 20 h pourle premier, 60 h pour le second. Entre eux, toute une échelle des horaires, difficile à mesurer : le prof de Physique de collège prépare lui-même ses paillasses et les travaux pratiques et, s'il a moins de travail de correction qu'un prof de français, il a plus de préparation « sur le terrain ».

Ajoutons à cela que pour une même matière, le temps de travail total n'est pas le même pour un prof face à une classe de 6ème, que pour une classe de 3ème et surtout de Lycée.


Il est aussi difficile de « mesurer » l'impact des changements de programme, qui obligent à de nouvelles préparations voire à une remise en question personnelle de ses propres apprentissages et connaissances : on l'a vu autrefois avec les maths modernes ou avec la grammaire structurale. Personne n'est à l'abri, et surtout pas les profs des matières littéraires : j'ai vu ainsi les programmes d'histoire et géographie varier suivant l'humeur des ministres et les fantaisies -ridicules- des psychologues.


J'en viens à ce qui m'amène :


Vu à la télé : un enseignant de français (quelles classes?) demandeur de 4 heures supplémentaires!

Quand on connait la surcharge de travail -en général- des profs de littérature, on ne peut être qu'étonné de la capacité de travail de l'impétrant. Qu'il soit sarkozyste, soit. Que, depuis toujours, des enseignants, jamais fatigués, obtiennent des heures suppplémentaires, ou, à défaut, passent leur vacances à organiser et animer des colonies de vacances, quitte à demander un congé pour raison de santé en cours d'année scolaire (j'ai connu), soit.


Mais que le Ministre lui-même vienne à faire la publicité de ce qui devrait être -et qui était jusque là - une proposition de dernier recours , par exemple pour compléter un horaire par un cours que les élèves n'auraient pas eu, ou pas eu dans les temps, c'est un scandale.

C'est d'autant plus un scandale que :

  • seuls pourront profiter de ces heures sur-payées les professeurs d'une certaine façon en sous-travail : on peut imaginer dans quelles spécialités.

  • Les professeurs de certaines matières fortement chargées, vont être incités, « pour gagner plus » à assurer plus de cours face aux élèves, donc à « travailler moins » pour dégager , pour ces heures supplémentaires, et de l'énergie, et des heures de préparation et de correction « supplémentaires »

    Au total, il n'est pas sûr que globalement la quantité de « travail » fourni, par exemple dans les matières littéraires -je parle de ce que je connais bien- par le professeur soit augmentée, ni que le travail fourni soit plus efficace.

    Evidemment, si le but du Ministre Darcos est de faire en sorte que les cours soient assurés face aux élèves, à moindre coût (pas de surcoût social pour l'employeur puisque pas d'embauche), la manoeuvre est réussie.

    Mais il n'est pas sûr que ce ne soit pas au dépens de l'élève : les professeurs volontaires seront peut-être les moins chargés de travail, mais aussi ceux qui en font d'habitude le moins, et, parfois, ceux qui auront décidé de travailler moins, mais plus longtemps face aux élèves, pour gagner plus.*


  • « Travailler moins pour gagner plus » : il fallait y penser.


* il faudrait faire un bilan en fin d'année sur la variation des congés de maladie globalement ; et pour les professeurs en « heures supplémentaires », par rapport aux années précédentes.



06/09/2008
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