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Ségolène Royal et les 35 heures

35 HEURES : où et pour quoi faire ?

 Quelques éléments de réflexion.

La récente polémique amorcée à la suite de la diffusion sur internet d’une vidéo pirate  où l’on assiste à un échange, autour de Ségolène Royal, à propos des 35 heures dans les collèges amènent à quelques réflexions.

Moi-même enseignant de collège – je serai pensionné de l’état à partir du 1er décembre 2006 – je sais pour avoir souvent participé à des conversations à ce propos avec mes collègues, combien ce sujet, qui mérite qu’on s’y intéresse, est sensible et complexe.

D’abord, concernant le principe, la plupart des professeurs de collèges travaillent plus de 35 heures par semaine. Et beaucoup sont présents dans l’établissement, en raison d’emplois du temps en dentelle, plus longtemps que leur grille de service –qui ne compte que les heures face à des élèves – ne l’annonce. Et les heures « de trous » entre deux cours ne sont que difficilement utilisés pour préparer des cours ou corriger des copies : la faute en est de l’organisation des locaux, qui n’ont pas été construits et aménagés dans le but de permettre un travail professionnel (hors heures de cours) dans l’établissement. Car l’emploi du temps d’un enseignant peut se décomposer ainsi : heures-face-aux-élèves// heures sans élèves : préparation des cours et corrections, intimement mêlés// heures face aux intervenants périphériques* : parents, administration, médecins, psychologues…

 

Il est bien évident que vouloir contrôler le temps de présence effectif dans l’établissement demande de mettre en place des locaux (bureaux), des matériels( bibliothèque professionnelle, ordinateurs), des espaces pédagogiques  spécialisé supplémentaires (peu de salles vides durant le temps de cours pour assurer suivi et aide pédagogique). On peut estimer que 500 millions d’euros au minimum sont nécessaires, pris en charge en principe par les départements, responsables des collèges. Premier problème, donc. Le coût.

Second problème :

La réflexion sur le temps effectif de travail des enseignants va déboucher sur une polémique interne très grave : celui du temps passé réellement à assurer sa profession. Il est de notoriété qu’un professeur d’éducation physique (même en ajoutant éventuellement ses exercices de mise en forme personnelle) ne passe pas autant de temps en correction et préparation qu’un enseignant de français, notamment pour les classe de 4ème et 3ème. D’où une sorte de hiérarchisation des temps de travail réels dans toutes les disciplines : imaginez la foire d’empoigne, et le saut olympique du seul syndicat catégoriel de l’enseignement. Et les protestations des professeurs de ceci ou de cela, qui seraient amenés forcément à fonder d’autres syndicats catégoriels. Evidemment. Puis qu’il s’agira, pour une même profession, de défendre des temps de travail catégoriels.

Qui imagine un seul prof de français travaillant moins de 20 heures par semaine ?

C’est pourquoi je trouve estimable que Ségolène Royan  mette le problème sur le tapis, avec circonspection il est vrai. Mais la tempête qu’elle soulève n’est pas justifiée : il faut engager une réflexion sur le suivi et l’aide au travail scolaire de tous les élèves de tous les niveaux pour les aider à atteindre rapidement leur plus haut niveau de compétence.

Ils ont bien le temps d’atteindre dans leur vie professionnelle leur plus haut niveau d’incompétence, s’ils le souhaitent (« principe de Peter »).

UN AUDIT devrait être fait sur des établissements tirés au sort, audit qui concernerait aussi les établissements privés. Et je suis certain que là aussi, sur les méthodes de management notamment, on aurait quelques surprises.



12/11/2006
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