toupour le zooh

ni trop tari ni trop beau(f): (Saint)Pierre im l'Est

En attendant Dieu le Père

 

J'avoue : j'étais perdu !

Songez : quand je faisais confiance à la gauche, la godille, poussée par un flux contraire, me poussait à droite. Jospin privatisait, et, à quelques encablures, Villepin proclamait le patriotisme économique.

Je n'en dormais plus. Au matin, lorsque l'aurore aux doigts de rose, j'apprenais que Blair, partisan du libéralisme, avait embauché 10 fois plus de fonctionnaire que Raffarin n'en avait débauché. Des fonctionnaires qui faisaient grève pour conserver leur retraite à 60 ans et qui gagnaient. Rien n'allait plus : le même jour, Sarkozy me proposait le modèle anglais.

Mon vaisseau tanguait, mes principes prenaient l'eau : l'UDF dénonçaient la privatisation des autoroutes, le PS ne disait rien.

Les nuits blanches succédaient aux nuits blanches. Un jour j'apprenais qu'il fallait, dans la France libérale, diminuer les impôts directs, comme le souhaitaient Sarkozy et Breton ; le lendemain que pour relancer l'économie allemande, Merkel allait augmenter les impôts.

Le casse-tête m'hallucinait. J'apprenais qu'il n'y avait jamais eu si peu de chômeurs au Royaume-Uni, mais que le nombre de pauvres battait des records et ne cessait d'augmenter.

 

Où allait le monde ? ici des voitures flambaient sans que le ministre de l'intérieur démissionne, ce qui était un signe de bon gouvernement .De l'autre côté du Chanel, un ministre de l'intérieur , toujours en place malgré les émeutes en Irlande du Nord, démissionnait pour avoir favorisé la nurse de sa maîtresse...

 

Où était le bien ? où était le mal ? Pagayer à gauche ? godiller à droite ?

 

Un jour, l'exception culturelle était un archaïsme dont l'Histoire ne voulait plus, le lendemain, elle était la panacée universelle, le rempart nécessaire contre le néo-capitalisme.

Là-bas, le développement industriel anarchique sauvait le peuple laborieux de la Chine ; ici, la survie de l'espèce exigeait une rupture avec la société de consommation au nom de la protection de l'environnement. Au loin, des états puissants pouvaient tuer des  enfants au nom de la liberté ; à quelques kilomètres de moi, des parents n'avaient pas le droit de botter les fesses de leurs gosses qui traînaient dans la rue à 2 heures du matin.

J'errais : sautant de quotidiens en hebdomadaires,  ma boussole politique connaissait l'affolement bermudéen. Mes opinions divaguaient. Je cherchais vainement, une île, un port, à défaut une ancre, une bouée même !

 

Puis j'ai lu « L'EST Républicain »

 

Tout est devenu clair, le ciel s'est levé serein sur une aube nouvelle. Avec des cliquetis de pignons de vélo de compétition, les pièces du puzzle se sont emboîtées. Mon chat lui-même, enroulé sur son coussin et retrouvant la béatitude d'un monde parfait où son maître, la nuit encore agité, retrouvait la stabilité de son univers et, partant, un sens à sa vie, mon chat s'étira dans un bâillement et me sourit (un chat sourit, ça ne s'invente pas)

La journée s'annonçait calme : les automobiles avaient retrouvé leur grignotement rassurant de dévoreuses de couche d'ozone. Le paon du voisin envoyait un vague « Léon ! » automnal.

Je découpai l'éditorial de Pierre TARIBO (intitulé « Leçons » c'est comme le chat sourit, ça ne s'invente pas !), bien décidé à l'épingler à la tête de mon lit, entre la croix héritée de ma grand-mère et une carte postale de Notre Dame de Lourdes de 1951, colorisée à la main, « procédé au bromure » : c'est une photo qui calme.

 

Monsieur Pierre Taribo, rédacteur écouté de l'Est Républicain , dans son édito, écrit ceci :

« Un pays persuadé que ses vieilles recettes peuvent encore contrebalancer les effets de la mondialisation, alors qu'elles vont à rebours de la marche de l'univers »

Monsieur Pierre Taribo connaît donc le sens de la marche de l'univers.

Voilà le réconfort que j'attendais. Je n'ai pas besoin d'explications : simplement de certitude.

Près de chez moi, à quelques kilomètres à peine, quelqu'un que je croiserai peut être dans la rue, quelqu'un que je lis chaque jour, connaît le sens de la marche de l'Univers.

Cette certitude me suffit, qui me rend ma sérénité : mon chat l'a bien compris, qui se rendort dans sa queue.

Merci, vraiment, merci.



16/04/2006
0 Poster un commentaire