Monsieur Guéant et la marionnette : fable
Pinocchio, marionnette en bois,
voulait devenir un enfant
Une belle fée lui donna
une conscience : ce fut Guéant.
Le grillon s'était absenté
Cela arrive dans les contes
Mais comment notre jolie fée
c'est que cette fable raconte.
Or donc lisant le journal
et s'inquiétant de Gepetto
qui terminait, geste banal,
la marionnette Pinocchio
Elle y découvrit un article
qui vantait les hauts faits d'un homme,
mine sévère, portant bésicle,
et présenté là un peu comme
une sorte de super-héros,
un conseiller efficace, honnête,
Le conte ne dit rien c'est bête
de qui : peut être de Zorro.
( Pour ceux nombreux qui s'informent
l'article était extrait du Point :
brosse à reluire dans la norme
du journal. Demi-Dieu, pas moins.)
Voilà donc monsieur Guéant conscience
d'un petit bonhomme de bois.
Peu de changement je pense
mais Pinocchio est de sang-froid.
Que peut conseiller la conscience
d'une marionnette ? ma foi,
conseiller à la présidence
c'est déjà secret-langue-de-bois
ce n'est pas différent vraiment.
Dire à l'oreille d'un pantin :
"Les français ont le sentiment
de n'être plus chez eux" est un
conseil de vieux renard
qui sait mentir comme il respire
il faut attirer sans retard
la sympathie des Fronts de l'Ire
"La France doit rester la France"
susurre-t-il illico
Haleine chargée d'oeufs rances !
"Il faut appeler Gepetto!"
Le pantin recule, horrifié:
"Quoi, ce serait là ma conscience
que ce cuistre déjà momifié?
Gentille fée, je pleure ton absence"
Mais Guéant imaginatif
lâchait comme dans la foulée :
" Notre système éducatif
s'affaiblit du fait d'étrangers "
Il n'en fallait pas plus : la fée
alertée par la marionnette
d'un coup magique de sa baguette
allongea du Guéant le nez.
Depuis, il est passé ministre
et continue à l'Elysée
toujours sur le même registre
à conseiller, à conseiller...
Les mauvaises langues rapportent
qu'il est conseiller littéraire
d'un Lefebvre qui entre deux portes
nous relit "Zadig et Voltaire".