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Mensonges (aussi) en Allemagne

 

Mais pourquoi ils mentent ?

 

Le mensonge comme arme de gouvernement, la France -les Français - y sont habitués. Sauf que l'épisode sarkozyste, - qu'il dure 5 ou 10 ans a peu d'importance ici – montre bien à quel point le "système-mensonge » est devenu banalité.

 

Mais les Français (et les Italiens) ne sont pas les seuls en Europe – je ne parlerai pas d'autres états du Monde où la vérité est tout à fait exceptionnelle – à connaître cette amplification du phénomène.

 

L'Allemagne – je veux parler des gouvernements allemands, ceux des Lands et du gouvernement fédéral – a adopté une politique du mensonge qui doit rendre jaloux Nicolas Sarkozy.

 

La ministre de la santé d'un Land du Nord a frappé fort, accusant les concombres d'origine espagnole, sans preuves, d'être responsables de l'épidémie due à E. Coli. Désigner des responsables étrangers, voilà une bonne recette politique !

Monsieur Guéant pourra en prendre de la graine (de cornichon)

Ensuite – Merkel dixit- dire que ce fut une regrettable erreur fait partie de la panoplie : le mensonge devenu « erreur » passe de la faute politique grave (la plus grave crise agricole depuis ...) à la simple étourderie (l'erreur est humaine, n'est-il pas ?)

Que je sache : la ministre étourdie a-t-elle démissionné ?

 

Toujours l'Allemagne, et cette fois Merkel – pas si « Angela » qu'on croit – avec cette accusation qui vise, à traver les Grecs, tous les peuples européens du sud méditerranéen : les Allemands ne seraient pas censés payer pour les vacances des salariés grecs.

Je cite :

"Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal on ne parte pas à la retraite plus tôt qu'en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c'est important (…) Nous ne pouvons pas avoir une monnaie commune et certains avoir beaucoup de vacances et d'autres très peu", a-t-elle déclaré mardi soir lors d'une manifestation de son parti, a rapporté l'AFP.



Est ce de sa part une erreur ? Ce serait imaginer qu'elle ne connait pas les chiffres – ou que ses services lui aient présenté des statistiques truquées.

Ce serait plus prosaïquement un mensonge « populiste », dans le sens où il conforte l'idée que se font les Allemands de leur efficacité industrielle et de leur productivité. Les chiffres, revélés dès le lendemain – et connus bien avant– contredisent l'affirmation de mme Merkel, qui agit actuellement pour des raisons électorales dans la plus grande hypocrisie – qu'elle parle du nucléaire ou des cornichons.

«  La durée annuelle moyenne du travail d'un Allemand (1.390 heures) est ainsi beaucoup plus faible que celle d'un Grec (2.119 heures), d'un Italien (1.773 heures), d'un Portugais (1.719 heures), d'un Espagnol (1.654 heures) ou d'un Français (1.554 heures), attestent les chiffres publiés en 2010 par l'OCDE. »

(source : l'expansion.com ; article : la Grèce plus travailleuse que l'Allemagne »)

 

Il faut se demander pourquoi tant de mensonges (d'Etat) en si peu de temps.

Je reviens sur l'affaire des concombres : mme Mme Merkel refuse de faire payer l'Allemagne, reportant sur le budget européen (c'est à dire un budget alimenté en partie par des Etats à qui elle reproche leur endettement !) le montant des indemnités à l'Espagne, puis à la France, enfin à tous les pays producteurs de légumes, fortement lésés par « l'erreur » » allemande. L'Allemagne, une fois de plus, eût payé.

Cette politique du refus est celle d'un pays vieux et assiégé.

  • Forte de ses résultats industriels, l'Allemagne campe sur des positions isolationnistes, encouragée par une presse qui favorise un sentiment national anti-européen. Or, si l'Europe tangue, deux Etats en sont responsables : le Royaume-Uni, retourné à son isolement mais toujours arc-bouté à ses places financières de blanchiement d'argent, et l'Allemagne actuelle, qui joue contre une Europe solidaire en s'appuyant sur un gouvernement européen – l'incroyable « Commission de Bruxelles » dont j'ai déjà écrit qu'elle était une « große » Commission » - si mal issu des urnes.

  • Le gouvernement allemand ment. Ce mensonge est causé par la peur d'un peuple mis devant deux réalités dramatiques– et qui n'en a pas conscience – qui lui tissent un avenir inconfortable.

  • La première est liée à l'essor économique : il est fragile, plus lié à terme au devenir des pays voisins, principaux clients et fournisseurs, qu'aux exportations vers les pays émergents, dont la Chine. Ce pays va, dans les dix ans à venir, savoir produire les mêmes outils que l'Allemagne, à moindre coûts et à qualité équivalente. Pas d'investisements, payés par les pays industriels occidentaux, peu de recherche immédiate grâce à l'importation « cadeau » des technologies les plus récentes, une main d'oeuvre nombreuse, malléable et renouvelable, et de plus en plus formée : la Chine n'importera plus, elle exportera vers les marchés actuellement « germaniques ».

  • Ce n'est pas moi qui le dis  : «Les pays industrialisés tels que la France et le Royaume-Uni « nous dépasseront dans le futur », combinant des taux de natalité élevés et des flux positifs d'immigration qualifiée, explique Axel Boersch-Supan, qui dirige l'institut de recherche MRIEA. « L'Allemagne va nettement décliner en tant que puissance économique, et ce particulièrement en comparaison des économies émergentes telles que la Chine et l'Inde ».

  • La seconde menace, plus diffuse mais ressentie par empathie par toute la population, est celle du déclin démographique : l'Allemagne est un pays vieux et un pays de vieux *. Une sorte de maison de retraite – d'où le recul de l'âge de la retraite en Allemagne - dont la consommation intérieure, assurée par des retraités nombreux et aisés, maintient une économie forte alors que les investissements vers la jeunesse – garderies, écoles, formation – sont faibles, quand la population féminine est encore souvent à la maison (d'où de faibles mais artificiels chiffres du chômage et des coùts sociaux moindres). Près de la moitié de la population allemande a plus de 50 ans et le déclin est irréversible, avec vieillissement accéléré et baisse de la population totale, sauf immigration massive de populations jeunes.

Voilà qui expliquent mensonges et « erreurs », mais aussi défaut de solidarité : peut-on dire la vérité à des vieux sur leur état de santé ? Sinon les conforter dans leur (illusoire) sécurité (fin du nucléaire, attention aux oncombres importés, méfiez vous des étrangers, ils ne travaillent pas !).

Un mot encore : je serais des chefs d'états visés par mme Merkel, je demanderais un dédommagement pour mensonges d'état et pourquoi pas, s'agissant de la Grèce (pour commencer) paiement des indemnités de guerre (1941 – 1944).

La RFA a-t-elle jamais payé les dégâts occasionnés par ses conquêtes dans les Balkans?



*on lira avec intérêt le Pdf de « Dynamiques démograpphiques en Alleamgne » du professeur H. Birg sur Ifri.org



06/06/2011
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