Mais
il montre aussi pourquoi le pouvoir actuel tient absolument à
le supprimer.Les affaires anciennes ne sont que les coups de vent annonciateurs des vagues à venir. Qui, en l'absence de juges d'instruction, pourra les dénoncer?
Bien
sûr, les erreurs ne sont pas rares, de l'affaire Grégory
à celle d'Outreau, de ces jeunes juges- mais qui les nomme sur
ces affaires et qui les conseille?- qui se trompent et partant, trop
impulsifs ou manipulés par les médias, trompent les
personnes concernées par l'événement, qu'elles
soient victimes, journalistes, policiers et personnels de justice,
jusqu'aux jurés.
Mais
combien d'affaires sont résolues, combien d'affaires
recherchées et déterrées, qui auraient été
rendues solubles dans un système de justice différent –
qu'on ne parle pas du modèle étatsunien, dont films et
séries dénoncent incompétence, laxisme,
tromperies, concussion, jour après jour -, où la
justice dépendrait directement du pouvoir central, de ses
sbires et de ses complices -on le voit avec le fonctionnement des
tribunaux avec la « comparution immédiate »
-, dans une caricature de justice encore plus « de-classe »
qu'elle n'est actuellement.
Il
faut conserver le juge d'instruction pour le principe : celui de la
séparation des pouvoirs.
Il
faut conserver le juge d'instruction pour la pratique : celle d'une
justice indépendante.
On
peut améliorer le fonctionnement de la justice sans supprimer
ce maillon essentiel à notre justice républicaine.
Vous
êtes pour le maintien du juge d'instruction, seul maillon de la
Justie indépendant du pouvoir central ?
Voici
le texte copié du site du Nouvel Obs et l'adresse du site de
la pétition.
A la suite, l'interview du juge Van Ruymbeke copié du JDD
http://www.jeunesmagistrats.fr/instruction/
NOUVELOBS.COM |
22.03.2009 | 11:15
14 réactions
Des magistrats, fonctionnaires de Justice,
avocats, partenaires de la Justice et citoyens ont lancé une
pétition contre la décision de Nicolas Sarkozy de
reprendre "le vieux serpent de mer de la suppression du juge
d’instruction".
Une
pétition contre la suppression du juge d'instruction
(Reuters)
Magistrats, fonctionnaires de Justice,
avocats, partenaires de la Justice et citoyens ont lancé une
pétition contre la
suppression du juge d'instruction, qui est accessible sur Internet à
compter du jeudi 22 janvier. Dans ce texte, ils déplorent que
le président Nicolas Sarkozy se "borne à reprendre
le vieux serpent de mer de la suppression du juge d’instruction,
sans envisager l’indépendance du parquet et les moyens d’une
défense efficace."
"Concentration
des pouvoirs"
"Nous
rappelons notre attachement au principe d’investigations contrôlées
et exercées par un juge indépendant, garant d’un réel
contradictoire", écrivent-ils, soulignant qu' "il
s’agit là d’une fonction essentielle à la
démocratie et l’oeuvre de justice."
Le texte dénonce
également le fait que le président Nicolas Sarkozy ait
décidé de supprimer le juge d'instruction "sans
même attendre les conclusions du comité Léger",
et alors que "la commission d’enquête parlementaire dite
d’Outreau a clairement affirmé le principe du maintien du
juge d’instruction en proposant l’organisation d’un collège
de l’instruction."
En conclusion, les auteurs de cette
pétition réaffirment qu'ils refusent "la
concentration des pouvoirs d’enquête et de direction de la
police judiciaire dans les seules mains du Procureur de la
République, actuellement hiérarchiquement soumis au
pouvoir exécutif". Ils appellent, enfin, au respect du
droit de "chaque citoyen" de "saisir un magistrat
indépendant, à l’abri des pressions et contingences
politiques ou médiatiques."
JDD
Justice
|
11 Janvier 2009
| Mise à jour le 28 Juillet 2009
Van Ruymbeke: "Le glas des affaires politico-financières"
Renaud Van Ruymbeke, premier juge d'instruction au pôle financier de
Paris, dénonce dans Le Journal du Dimanche une réforme de
l'instruction, qui va "à l'encontre des libertés individuelles".
Magistrat depuis 1977, spécialiste des affaires sensibles, il
s'inquiète d'une marginalisation de son métier. Sans le juge
d'instruction, l'enquête sera contrôlée, selon lui, par le pouvoir
exécutif.
Le
président de la République veut supprimer le juge d'instruction pour
que les libertés individuelles soient mieux garanties. Qu'en
pensez-vous?
Au contraire, ce projet va à
l'encontre des libertés individuelles. En effet, elle supprime le juge
d'instruction, ou plus précisément le transforme en juge de
l'instruction, ce qui revient à lui enlever tous les pouvoirs
d'enquête. La réforme transfère ainsi ses prérogatives au parquet sans
assurer le préalable indispensable à une telle évolution, à savoir
l'indépendance des procureurs. Cette réforme est inacceptable en
l'état. Si l'objectif est véritablement de mieux protéger les libertés
individuelles, il suffit dans le système actuel de prévoir la présence
de l'avocat dès la première heure de la garde à vue au stade de
l'enquête.
Concrètement, quelles seraient les conséquences de la suppression du juge d'instruction?
J'observe
que l'intervention du juge d'instruction ne cesse déjà d'être
marginalisée, de moins en moins de dossiers lui étant confiés. Mais ce
sont les affaires les plus complexes et les plus sensibles. Demain, si
on supprime le juge d'instruction qui est un magistrat indépendant, on
transfère ces affaires à un magistrat du parquet qui, lui, dépend du
pouvoir. C'est une régression des libertés.
Mais en quoi le juge d'instruction offre-t-il, au quotidien, une garantie d'indépendance et d'impartialité?
C'est
un magistrat du siège, indépendant et inamovible. Il n'obéit qu'à la
loi et assure l'égalité de traitement de tous. La personne mise en
examen est interrogée par le juge d'instruction en présence de son
avocat, lequel a eu préalablement accès à l'intégralité du dossier,
elle sait ce qui lui est reproché, elle peut demander des
investigations et peut dès lors s'expliquer en parfaite connaissance de
cause. En délivrant des commissions rogatoires, le juge d'instruction
dirige également l'action de la police. Et les mesures qu'il peut
ordonner dans le cadre des demandes faites par la défense sont
gratuites, ce qui n'est pas le cas dans le système accusatoire
anglo-saxon.
"Une reprise en main de la justice par le politique"
Que craignez-vous précisément?
Dans
le système qui est préconisé par le président de la République, le
magistrat conduisant l'enquête sera soumis au pouvoir exécutif.
L'absence de juge d'instruction renforcera les pouvoirs du parquet et
de la police. Nous assistons à une véritable reprise en main de
l'institution judiciaire par le pouvoir politique. Cela me paraît
gravement porter atteinte aux libertés.
Sans juge d'instruction, que deviendront, selon vous, les affaires politico-financières?
On
ne les traitera plus. La réforme annoncée par M. Sarkozy sonne le glas
des affaires politico-financières. M. Berlusconi tente depuis des
années de stopper l'action des procureurs, trop indépendants à ses
yeux, car ils prennent la liberté d'ordonner des enquêtes dans des
domaines sensibles. Pourtant, l'exemple italien montre bien qu'il est
possible de confier les pouvoirs d'enquête au parquet lorsqu'il est
indépendant. Il est regrettable qu'en France on ne parvienne pas à
couper le cordon entre le parquet et le politique. A cet égard,
l'attitude adoptée par les membres du parquet de Nancy qui ont applaudi
jeudi le discours de la présidente de leur tribunal en faveur de
l'indépendance de la justice est salutaire. Je constate qu'une nouvelle
fois leur hiérarchie s'apprête à leur demander des comptes et à les
rappeler "à l'ordre". Ce n'est pas ma conception de la justice,
car l'indépendance de celle-ci est un pilier de la démocratie
nécessaire à la protection du citoyen.
pétition pour le maintien des juges
d'instruction :
http://www.jeunesmagistrats.fr/instruction/