toupour le zooh

Le syndrome Est Républicain

Ode à la Tour, samedi 9 juin 2007

L’Est Républicain serait-il touché depuis plusieurs années, et cela au plus haut niveau de la rédaction, par une sorte d’illusion maladive qui, sans être grave, laisse apparaitre, à intervalles réguliers, des symptômes alarmants qui expliquent, au moins en partie, les excès qu’on a vu récemment dans des prises de position politiques qui mariaient, sur le long terme, l’imprudence,  à , et sur le court terme, l’aveuglement.

Passons cependant sur le détail de cette sclérose qui fait prendre les vessies pour des lanternes et, comme le disait justement Pierre Dac, inversement.

De quoi parlé-je ?

De la modernite aigüe, cette maladie bien connue des médecins psychiatres, qui fait croire à certaines personnes, dont l’enthousiasme sympathique explique souvent le manque de discernement, que tout ce qui est « moderne » est « BIEN ».

Encore faudrait-il définir ce qu’on entend par « moderne » et par « BIEN ».

Nous laisserons aux philosophes le soin de philosopher à ce propos. Ce n’est pas ici le nôtre.

Pour en revenir à notre quotidien régional, nous avons tous en mémoire l’excellente contribution de Pierre Taribo, éditorialiste et rédacteur au dit journal, qui, il y a quelques mois, fustigeait la France et les français, aveugles incapables d’aller dans « le sens de la Marche de l’Univers ».

Je l’avais par un courrier, auquel il  me répondit fort obligeamment à mon domicile, remercié de me permettre de connaître quelqu’un qui connaissait le « sens de la Marche de l’Univers ». Vous pensez bien que je ne lui ai pas demandé quel était ce sens : savoir qu’une personne le connaissait, à laquelle je pouvais écrire et qui habitait à moins de 30 km de chez moi me suffisait.

Ah, si Bébé Bush le savait !

 
Lisant l’Est, je découvris ce matin –je suis toujours en retard de quelques jours sans que cela perturbe en rien la  « Marche de l’Univers »- cet excellent article dans un dossier réalisé par Gisèle Mougeot (petite fille, je suppose, du Papy bien connu des humoristes ?) sous le titre « Ode à la Tour »

Il s’agit évidemment de la glorieuse tour de verre qui fit rire plus tard les chinois en visite (raconte l’Est) mais qui, en 1984, faisait déjà la fierté de Raymond Nicolet, rédacteur adjoint de l’Est à l’époque, une sorte de prédécesseur de Pierre Taribo (qui lui, connaît, en plus le sens de…).

Ce monsieur, qui a du, je pense, se féliciter des transformations de la Place Thiers- immeuble XIXème siècle rasé  et qui serait classé aujourd’hui -, et qui attendait avec impatience, je suppose, le toboggan qui devait, descendant de l’avenue de la Libération, passer, destructions à l’appui, juste derrière la Porte de la Craffe, après une éventration systématique du quartier, écrit ceci à propos de son Ode:

«  A l’époque, je n’ai pas voulu l’imposer à l’Est Républicain »

On le comprend.

Ne pensait-il pas « qu’il y avait une modernisation nécessaire, sinon on reste figé dans le passé ». Voilà un raisonnement qui nous fait penser à….eh oui, à Pierre Taribo et son sens de…, n’est-il pas ?

Je passerai sur la qualité d’une écriture disons…pittoresque « Toi qui baignes dans les brumes du matin lorsque se pourpre l’Occident », doublée ici d’une erreur probable d’orientation, « tu te prélasses sous son baldaquin violine », et voilà qui sent bon le grand Prix de Poésie de la Fleur d’Oranger…s'il existe!

Le bouquet, si l’on peut dire, à quoi se détecte cette maladie (grave) qu’est la modernite aigüe, fleurit dans les dernières lignes :

« Le roi souriant

T’as fait signe de la main

 Scellant votre union

Dans une même histoire

Qui tisse déjà demain »

Il y a fort à parier que ni le Roi Stanislas, ni Monsieur Rossinot, ne se félicitent de la présence de cette verrue verticale, fut-elle de verre. Et si l’on s’en tient au premier, s’il tend la main, c’est vers le nord : la Tour, elle, est à l’ouest, et Stanislas, du haut de son bronze, l’ignore.

Encore une erreur d’orientation.

On comprend pourquoi l’Est n’avait jamais publié cette Ode remarquable.

La rédaction est moins prudente aujourd’hui, qui publie régulièrement les billets de Pierre Taribo.

Qui a d’autres tours dans son sac ?