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le Nationalisme de Marine Le Pen

Le nationalisme de Marine Le Pen....

....n'est pas le mien

 

Le nationalisme de Marine Le Pen

 

Le mot « nationalisme » est assez flou pour qu'on y mette n'importe quoi.

Il désigne aussi bien un principe politique qui s'articule autour de l'idée d'un état-nation (un peuple= une nation) que du sentiment, pour la population d'un état, d'appartenir à une communauté convaincue d'avoir, vis à vis d'un certain nombre de valeurs, un héritage commun ; en passant par le nationalisme selon Marine Le Pen.

 

Le discours, déjà bien rôdé déjà par son papa Jean-Marie, est construit autour d'un nationalisme d'exclusion qui voit dans l'étranger, sinon un ennemi- sauf si une occasion politique se présente – au moins une personne à écarter- et le groupe qu'il représenterait au regard de certains critères choisis judicieusement dans le bagage populaire des craintes voire des répulsions- de la communauté nationale.

 

Il ne faut pas accuser à tort et à travers la famille Le Pen de racisme. Certes, l'oligarchie familiale utilise avec cynisme un fonds d'exclusion de l'autre fondé sur la peur, la réputation et la rumeur, et des critères physiques d'une autre époque. Mais Jean Marie Le Pen et ses descendants- familiaux et idéologiques- n'ont que rarement hésité à serrer la main des plus hautes autorités étrangères- fussent celles des dictateurs notoires- comme la plupart de nos hommes politiques dans leurs fonctions.

« La main gauche ne regarde pas ce que fait la droite » dit-on.

S'ils ne sont pas racistes, leur option politique est claire : les étrangers sont des gens très bien mais chez eux.

Voilà le socle du nationalisme lepenien, le « nationalisme d'exclusion ».

L'opinion populaire, non exempte de racisme, trouve dans ce parti – et ce message simple, sinon simpliste- une sorte de caution politique.

 

Avec cette remarque :

Que les deux régions les plus enclines à voter pour le Front national aux prochaines régionales sont deux régions de forte immigration depuis un siècle, et qu'une forte minorité des nationalistes pro-FN sont des français d'origine étrangère, parfois récemment venus s'installer en France !

Et une histoire familiale marquée par l'exclusion d'alors, de la part de Français « de souche », exclusion parfois violente !

 

Dans notre région encore Lorraine, on peut s'interroger sur l'élection à Hayange d'un cadre du FN et de la portée d'un discours « nationaliste d'exclusion » qui trouve en Moselle un tel écho quand on connaît l'implantation relativement récente d'une forte minorité de Mosellans, installés, il est vrai sur un terreau germanique traditionnellement de droite.

 

Paradoxe donc qui mérite analyses et réponses de notre République. Il n'y a pas que la situation des jeunes des banlieues urbaines qui posent des problèmes : ce problème-la, spécifique aux milieux populaires victime d'un discours totalitaire fascisant, est son pendant.

 

Le « nationalisme » de Marine Le Pen, un « nationalisme d'exclusion » n'est pas le nôtre.

Notre nationalisme est un nationalisme de partage et de solidarité.

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Et c'est ce discours d'un « nationalisme d'exclusion », avec ses promesses d'affrontements, qui est sous-jacent dans les propos de Marine Le Pen quand elle propose ses solutions :

« Fermer les frontières », «mettre fin à l'immigration de masse», « reconduire les immigrés » etc.

Ces idées, qui s'appuient sur et confortent le sentiment d'insécurité des Français, se heurtent pourtant à la réalité :

  • les terroristes sont pour la plupart soit des nationaux dont les grands-parents sont venus en France et à sa demande, à l'époque où elle avait besoin d'une main d’œuvre nombreuse pour s'industrialiser, ce qu'on a appelé « les Trente Glorieuses » ; soit des Français « de souche » récemment convertis à l'Islam dit « radical ».

  • La fermeture de la frontière nationale ne pourra se faire qu'avec l'accord des pays frontaliers sauf à voir s'installer dans certaines zones des camps « sauvages » entre les frontières, du type de ce qu'on voit à Calais, camp frontalier « anglais» en terre française.

  • La reconduite dans les pays d'origine des immigrés actuellement secourus ou non en France sera difficile sinon impossible : il faut l'accord du pays d'origine, s'il est connu ; il faut d'abord reconduire dans le pays de délivrance du laisser-passer européen et avec son accord les étrangers déjà accueillis légalement en Europe.

  • La décision de réduire, voire de refuser les accords qui lient la France à l'Europe prendra du temps alors que le flux de réfugiés va s'accentuer puisqu'aux migrants économiques et politiques viendra s'ajouter bientôt le flux des migrants climatiques. Avec le problème à la fois financier et politique d'une condamnation par l'ONU d'un pays par ailleurs Patrie des Droits de l'Homme.

  • Enfin, personne n'a jamais réussi à fermer complètement les frontières, les trafiquants de tous ordres le savent bien. Combine faudrait-il de douanier pour contrôler l'une des frontières les plus longues du monde, 41 ème état par sa superficie terrestre mais second par sa superficie maritime. Rien que pour les frontière terrestres métropolitaines 3300 km avec 8 états ! Plus du double avec les frontières maritimes.

  • Impossible à contrôler, évidemment !

 

 

Voilà pour les obstacles pratiques.

 

Il est un obstacle qui est plus sérieux et qui tient à l'origine et aux fondations de nos démocraties , particulièrement notre République, socle commun de notre idée nationale.

 

Par un tour de force à la fois politique et idéologique, les gouvernements de la IVème et de la Vème République, grâce à une mythologie née du gaullisme et de la résistance communiste, ont réussi à effacer la Faute que fut le régime de Pétain,inspiré des doctrines fascisantes de l'entre-deux-guerres. La France, auréolée du prestige d'une nation qui avait apporté son soutien à l'indépendance des États-Unis d'Amériques, et l'idée de la démocratie- certes par la force mais contre les féodalités – aux peuples d'Europe, était ressortie de la Seconde Guerre Mondiale - et ce malgré l'armistice honteux DE 1940, la politique de collaboration, et la complicité dans les massacres germaniques - dans le camp des vainqueurs et retrouvait bientôt, grâce à de Gaulle, dans le concert des Nations, la place particulière qu'elle connaît- et c'est un miracle- aujourd'hui.

 

Alors, allons nous brader, au nom d'une basse politique intérieure – ce sentiment des « tous pourris » ; ce découragement face à la dérive du politique, face aux diktats économiques etc ; face à ce besoin sécuritaire- allons nous brader cet héritage étonnant, cette image d'un pays différent (la raison de ces attaques récentes), cette aura mythologique qui fait fleurir des drapeaux tricolores (et pas seulement bleu blanc rouge !), qui illuminent des bâtiments prestigieux partout dans le monde, et fait battre des cœurs ici et partout : le même cœur que le nôtre, épris de liberté, d'égalité et de solidarité.

 

Et allons nous le brader – et avec lui notre devise, nos sentiments de compassion, notre idée d'entraide- pour une bande d'arrivistes plus ou moins fascisants, qui agitent pour certains le drapeau archaïque du pétainisme le plus rassis, et pour d'autres embarqués par ambition dans cette galère peu glorieuse parce qu'il n'y avait plus dans la droite républicaine une place pour eux, quand des Balkany et des Sarkozy s'accrochent à leur banc et à leur banquise.

 

Non, ces gens-là qui dirigent le Front National ne sont pas des patriotes : ils n'ont ni respect pour nos valeurs, bradées déjà en 1940, croyaient-ils, pour toujours, ni pour notre devise, pourtant claire - ni notre drapeau, certes pas toujours glorieux, mais toujours et malgré tout symbole international : symbole d'une Nation, celle de la Déclaration des Droits de l'Homme, toujours en chantier ; symbole d'une volonté humaniste, celle des Lumières ; Symbole d'une promesse, celle d'un homme en devenir, meilleur, plus responsable, plus respectueux, à la fois plus fort individuellement et plus social.

 

C'est cela qu'il nous faut préserver avec conviction face aux forces sombres accumulées contre nous : car l'alliance est fascinante et interroge à chaque nouvelle apparition de cette hydre à deux têtes :

                                                          Fascisme et Terrorisme, même combat.

Madame Le Pen , votre nationalisme d'exclusion n'est pas le nôtre.

Et votre patriotisme, hérité de Maurras et de Pétain, n'est pas le mien.



27/11/2015
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