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Les enseignants pris au piège : le « cadeau » de Darcos

Le gouvernement actuel, mené par une bande d’experts en stratégie de communication, est une véritable pouponnière de scénaristes de séries télé. Je ne veux pas évoquer ici le rôle tenu par la vedette nationale, le Président, à la fois Don Quichotte, Sancho Pança et Moulin à Vent. Jusque là , les petits génies qui entourent le Président - et je ne parle pas ici de messieurs Guaino et Guéant , mais des innombrables conseillers es n’importe quoi qui pullulent dans les coulisses, issus des mondes interlopes des médias, du business et de l’avocaillerie,  et qui imaginent des scénarios de plus en plus drôles pour nous faire vivre 24 heures sur 24 la dégringolade d’une République- jusque là ce conseillers oeuvraient dans l’anecdotique, l’accident, afin de mettre en évidence l’incurie pour présenter leur Chevalier Blanc qui allait, c’est sûr, corriger tout cela.

Les voilà passés dans une entreprise stratégique plus divertissante

En effet, la dernière trouvaille de ces petits malins est celle que nous concocte Darcos (qui existe, sinon j’aurais du l’inventer) pour circonvenir la gent enseignante.

Le fer de lance de la force socialiste, déjà échaudé par Ségolène, vient de prendre un coup sur la tête qui réduit considérablement les manœuvres des syndicats . L’annonce d’une semaine de 4 jours dans le Primaire, de 4 jours et demi  dans les collèges, prend tout le monde à contre-pied .

On sait que certains parents sont pour (ceux qui ont les moyens de partir à la campagne, de payer à leurs enfants des activités  sportives et culturelles, ceux qui « font » les hypermarchés les samedis matins) et que les enseignants sont intéressés personnellement par cette modification des emplois du temps.

Je dis « personnellement », car tout le monde sait bien que :

-         la régularité dans les apprentissages –et  la répétition- sont l’un des facteurs de la progression des enfants. Personne n’a jamais sorti de résultats d’enquêtes prouvant que la semaine de 4 jours serait profitable aux enfants : pourtant, ce serait le seul argument que monsieur Darcos aurait pu avancer. S’il y a eu des enquêtes, où sont les résultats ?

-         Le lundi matin de la semaine de quatre jours va être d’autant plus « difficile » que beaucoup d’enfants seront restés très longtemps devant la télévision. Que disent les nutritionnistes et les médecins ?

-         Nous allons donc nous orienter vers la semaine de 3 jours et demi : on peut compter sur les professeurs pour alléger les programmes des lundi matin, d’où sur-allourdissement des programmes des jours restantS.

-         Les activités socio-éducatives, qui auraient pu servir de relais ne sont pas mises en place, pas plus que les aides peri-scolaires qui seront à la charge des communes, ou des parents (inscription à des clubs ou à des structures privées) Il y a me direz vous dans la région de Fontainebleau des établissementss publics qui fonctionnent avec initiation au cheval et d’autres disciplines sportives et culturelles rares…aux frais du contribuable et avec de bons résultats. Mais les enfants, tous issus de milieux très favorisés (ministres, députés, hauts fonctionnaires, …), n’ont pas les mêmes « chances » (l’utilisation de ce mot par les médias est en soi un scandale) scolaires que d’autres.

-         Les effets anesthésiants de la télé et des jeux vidéos (trois jours pleins par semaine !) vont durablement paralyser leur capacité d’apprentissage et réduire leur « temps de cerveau ».

Les enseignants sont pris dans un étau qui les paralyse : comment pourraient-ils s’opposer personnellement à un tel avantage, à ce « régime spécial » qui les conduira à faire acte de présence dans l’établissment en moyenne 4 jours par semaine (et certains, dans les collèges, avec un emploi du temps optimum, pourront être présents 3 jours).

Problème cornélien : doivent-ils au nom de l’intérêt des enfants refuser un régime spécial qui les avantage ? Doivent-ils dénoncer une décision du Prince (transmise par son valet Darcos) prise sans concertation, qui ne s’appuie sur aucune vraie réflexion et qui ignore une pratique de plusieurs années, dont il serait souhaitable de mesurer les résultats avant toute extension nationale ?

La perversité d’un gouvernement apparaît en creux : diviser pour régner, on savait ; donner des avantages particuliers à des groupes corporatifs afin d’éviter les mouvements sociaux, c’est nouveau. La politique des cadeaux, pour qui encore ?

 NB : Je suppose que monsieur Sarkozy n’osera pas s’attaquer aux régimes spéciaux (et pas seulement de retraite, la cagnotte est pleine de plusieurs milliards) du Sénat. Mais ceux-là ont déjà la semaine de deux jours (au plus).

J’avais proposé moi-même, à une époque où le collège dans lequel j’enseignais était un peu àcourt de salles, de mettre en place les 3/8 afin d’optimiser au mieux les locaux mis à la disposition des collégiens. Je vous remercie de transmettre cette idée à qui de droit : de nombreux édifices publics sont déserts à certaines heures de la journée et demanderaient à être plus judicieusement utilisés. Notamment les écoles, trois jours par semaine à partir de 2008 .