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La révolution aux Etats-Unis d'Amérique

Une permanente qui défrise !

 

 Internet présente, sur plusieurs sites spécialisés, des statistiques intéressantes sur l’état des prisons dans le monde. C’est à la suite du feuilleton « Prison Break » que je me suis penché sur ces chiffres qui donnent froid dans le dos. Et, à force de me pencher, il m’est venu l’idée d’une théorie tout à fait séduisante qui répondait à une question que je me posais –et vous aussi très certainement- depuis longtemps :

« Comment expliquer que, depuis l’incroyable guerre civile que fut la guerre de sécession aux Etats-Unis d’Amériques, ce pays n’ait connu aucun soubresaut qui puisse s’apparenter à une révolution ? »

Certains me répondront avec un aplomb voire une condescendance qui n’auront d’égal que le vide sidéral de leur réflexion :

«  C’est l’exemple même d’un fonctionnement démocratique exemplaire »

A quoi je réponds aussitôt, et ce avant de développer mes arguments « Eh, mon oeil ! »

 

Si l’on se réfère simplement aux statistiques , les Etats-Unis possèdent un record qui n’est pas près d’être dépassé : celui de l’état démocratique qui a le plus fort taux d’incarcération du monde. Loin devant la Russie, qui pourra plus loin lui être comparée.

700 étatsuniens  sur 100 000 sont en prison – je suppose par roulement- soit 7 sur 1000. Ce qui est loin devant la Russie* et représente 13 fois le chiffre de la Grèce, et 7,5 fois le nombre des détenus des prisons françaises pour 100 000 habitants.

Un record.

Le chiffre est d’autant plus intéressant qu’on rencontre dans les prisons étatsuniennes une proportion majoritaire d’afro-américains, suivi de minorités d’origine latine. (Mais nous nous orientons aussi en France vers ce genre de ghetto).

Il est vrai que le système judiciaire n’est absolument pas le même qu’en Europe. C’est à l’accusé de prouver qu’il est innocent –d’où l’intérêt des séries policières étatsuniennes , et la nécessité d’un bon avocat et de détectives capables de contredire la thèse « officielle » qui permet toutes les manipulations. Le système de la caution ajoute à l’inégalité, celui du « plaider-coupable » à l’arbitraire (combien d’innocents en prison grâce à ce système ?)

Conjuguons : justice cul par-dessus tête (voir le remarquable film « Justice pour tous »), arbitraire policier, caution et plaider-coupable, tous les ingrédients sont là pour permettre à de une société très conservatrice de contrôler les éléments dynamiques qui permettraient de remettre en cause le système. Je pourrais y ajouter : preuves truquées (ce pourquoi tant d’exécutions sont suspendues) et prévarication (ce pourquoi tant de policiers sont démissionnés, en procès ou en prison) : je ne l’ajoute pas, faute de chiffres fiables.

 

Un système conservateur mis en place après la guerre de sécession – et peut-être dès la guerre d’indépendance- qui s’appuie sur la (très) libre entreprise  - de la manipulation bancaire aux mafias -, sur la mise en place d’une « aristocratie (sic)» de (très) riches (tous les sénateurs sont milliardaires sauf un ; les élections sont organisées et financées par les grands groupes industriels) utilisant tous les moyens ( les Etats-Unis sont /restés/ le pays des westerns où un quelconque juge élu peut  condamner et faire poursuivre par des mercenaires sur tout le territoire un « gêneur ») ce qui est intéressant au niveau de la problématique des films hollywoodiens mais peu conforme à ce qu’on imagine être une démocratie moderne. Je n’insisterai pas : le nombre d’hommes politiques assassinés, notamment Présidents des Etats-Unis (4 assassinats et deux tentatives),  est un record  qu’on ne rencontre guère dans d’autres républiques que bananières.

 

Tout cela pour arriver à ce point du raisonnement qui nous intéresse.

 

Les Etats-Unis sont parvenus à éradiquer toute source de troubles à l’ordre imposé ou consenti, en tout cas partagé, dans une société de type féodale et archaïque grâce à une politique de rétorsion qui vise tout élément qui pourrait déstabiliser le système.

Les statistiques sont claires : les communautés afro et hispanique, qui pourraient voir surgir, au sein du groupe, des éléments capables de remettre en question le « modèle », sont soumises à des pressions violentes qui vont de la prison à l’assassinat, empêchant toute velléité de construire un réseau de leaders de contestation (et dans ce cas assassinés) : ce sont en effet les hommes jeunes qui passent ou demeurent en prison, ou sont victimes des armes à feu, règlements de compte etc. Sans moyen d’y échapper. Des meurtres initiés par des réseaux complexes peuvent s’ajouter aux bavures et autres dommages collatéraux. Ce qui participe évidemment à une régulation des mouvements sociaux, déjà amortis par l’inertie propres aux organisations communautaristes qui règlent souvent leurs problèmes en interne.

Les chiffres des homicides sont éloquents : les Etats-Unis arrivent au 13 ème rang avec un taux d’homicides de 6,1 pour 100 000 habitants. Pour situer : la France, beaucoup plus bas dans le même tableau de l’Ined (année 2000) présente 0,6 homicides pour 100 000 habitants.

 

Ces méthodes violentes, prison banalisée– rotation dans les prisons de 700 habitants « contestataires de fait » pour 100 000 habitants – et meurtres, expliquent pour une « bonne » part la stabilité d’une population où les ferments de mécontentement sont nombreux, notamment du fait qu’une partie importante de la population en dessous du seuil de pauvreté (1 personne sur 6 environ).

 

Par ces méthodes d’éradication musclée qui ralentit durablement toute contestation et explique l’absence de révolutions dans l’histoire de ce pays, mais qui permet des mouvements violents et sporadiques, d’incidence faible- hold-ups, règlements de comptes, rackets mais aussi violences familiales et scolaires– ou plus spectaculaires – razzias et pillages en Californie, manifestations syndicales ou politiques dans des temps plus anciens – vite contrôlés, les Etats-Unis ont inventé depuis longtemps , et sous une autre forme, une sorte de « révolution permanente » bien différente de celle espérée par Trotski.

Une autre culture.

 

Et ceci sans complot, sans volonté politique  ni planification : du simple fait d’une organisation archaïque proche des féodalités du vieux continent malgré son décor moderniste. Et de la distribution gratifiante -sinon gratuite- des armes à feu.

Comme leur nom l’indique

 

 

 

Les chiffres des Etats-Unis concernant les prisons et les meurtres, sans compter la fréquence des bavures policières dont je n’ai pu trouver de chiffres fiables, sont à rapprocher de ceux de la Russie (551 pour 100000 habitants) : deux démocraties bien plus proches par bien des côtés qu’on ne le croit.



12/12/2006
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