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La princesse en sabots et la grippe H1N1

Un ami m'a fait parvenir un site où on trouve un compte-rendu tout à fait intéressant et équilibré sur la pandémie de grippe H1N1.


Je ne voudrais pas enfoncer le clou de la situation presque ridicule dans laquelle s'est mise la Ministre de la Santé, organisant elle-même une communication de catastrophe alors qu'elle était incapable de mettre sur pied une campagne de vaccination efficace, les mesures prises étant rendues problématiques par un brusque afflux de candidats à la vaccination dans un mouvement de panique provoqué par les déclarations de la dite ministre et la fermeture (inconsidérée?) de nombreuses écoles. La colère de Nicolas Sarkozy fut paraît-il à la hauteur du scandale, surtout si l'on sait que cet afflux de candidats touchait l'ouest de Paris, la « belle banlieue ». La sienne.

Après la lecture de ce document, je me suis interrogé sur un point que j'avais relevé : le vaccin de la grippe saisonnière contient une souche du virus H1N1. Ce que je vérifai (voir tableau ci-dessous)


La composition du vaccin grippal 2008/2009 retenue pour l'hémisphère Nord est la suivante :
Une souche analogue à A/Brisbane/59/2007(H1N1);
Une souche analogue à A/Brisbane/10/2007 (H3N2);
Une souche analogue à B/Florida/4/2006
Cette composition a été complètement renouvelée par rapport à la saison précédente.

Continuant mes recherches sur les effets de ce vaccin saisonnier sur les cas de grippe pandémique H1N1, je suis tombé sur un article faisant état d'une étude menée au Mexique.


Selon des chercheurs mexicains, le vaccin contre la grippe saisonnière pourrait offrir une protection partielle contre le virus H1N1, responsable de la grippe A.

Menée du 29 mars au 20 mai 2009, l'étude de l'Institut national de la santé publique de Cuernavaca a porté sur 240 personnes entrées au National Institute of Respiratory Diseases de Mexico (consultations libres ou hospitalisations). 60 d'entre elles se sont vues diagnostiquer la grippe A tandis que les 180 personnes restantes (les contrôles) avaient d'autres maladies. Les personnes dont le diagnostique n'était pas certain et celles sous anti-viraux ont été exclues de l'étude. Les scientifiques mexicains ont observé une probabilité nettement moins élevée de contracter la grippe A(H1N1) ou d'y succomber chez des personnes déjà vaccinées contre la grippe saisonnière que chez celles n'ayant pas été vaccinées.

Parmi les personnes atteintes de la grippe A, 8 étaient vaccinées (sur 60) et parmi les contrôles, 53 l'étaient (sur 180). Autrement dit, 29% des personnes non vaccinées contre la grippe saisonnière ont contracté la grippe A contre 13% des personnes vaccinées.

Moins de malades, moins de morts

De plus, les personnes vaccinées ont été moins souvent sujettes à des complications et donc moins souvent admises à l'hôpital et mises sous respirateurs. Et, surtout, aucune d'entre elles n'est décédée.

                                                ***

Il apparaît donc bien qu'il est probable que le vaccin saisonnier 2009 écarte dans une proportion notable (50%) les risques de contagion d'une part, et surtout les risques de complications.



Quand on sait que l'Organisation Mondiale de la Santé préconise en cas de pandémie de vacciner 30% de la population, il est facile de calculer qu'il aurait suffi de vacciner 60 % de la population française pour avoir les mêmes résultats, et de façon moins coûteuse (la différence de prix serait d'environ 2 euros, soit environ 200 millions d'euros rien que pour les doses), d'autant plus qu'une partie des personnes vaccinées contre le H1N1 vont devoir recommencer une seconde vaccination pour la grippe saisonnière (5 millions de personnes par an en moyenne)!



Bien sûr, Roselyne Bachelot a peut-être pêché par excès de prudence. Mais la composition du vaccin 2009, et la faible intensité de la pandémie dans l'hémisphère sud, avec moins de mortalité que la grippe saisonnière (sauf à coefficienter la valeur de décès en fonction de l'âge) auraient du l'inciter à plus de prudence au moins au niveau du langage et de la communication.

Ces excès pourraient faire imaginer qu'elle agit ainis soit pour sauver sa campagne (décidément placée sous le signe de la catastrophe), soit pour justifier un usage inconsidéré des deniers publics, donnés en pâture aux lobbys pharmaceutiques.

Ce que je ne saurais penser en voyant sur internet notre ministre chaussée de ces ridicules sabots roses hérités d'une mode estivale et germanique : décidément, tant de naïveté, tant de spontaneïté iraient mal avec un personnage pervers calculant déjà les retombées financières d'une opération politique plus que de santé publique.

Une princesse en sabot pourait elle être aussi cynique?



14/12/2009
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