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Intégration : ne soyons pas si pressé !

Intégration ? Ne soyons pas si préssé !

 

(nb: j'utilise les mots "intégration" et "assimilation" faute de mieux, le phénomène est autant individuel que collectif et le vocabulaire pauvre)

« Le monde bouge ! » prétend la publicité pour une banque.

Le monde, peut-être. Mais les gens, je veux parler de la mentalité des gens, bougent peu ;

Qui se souvient encore de l'ostracisme envers les populations italiennes dans la région de Aigues-Mortes ( 1893, 8 morts, 50 blessés), symptôme d'une violence (oubliée) envers des minorités très proches (latines, catholiques etc) ?

Les écrits qui stigmatisaient ces immigrés pauvres d'un pays limitrophe n'avaient rien à envier aux articles et aux conversations actuels. Encore que je ne sache pas qu'on ait reconduit à la frontières ces immigrants mal accueillis : il est vrai qu'on en avait besoin !

Italiens, polonais sont venus peupler nos régions de mines et de siderurgie, faute d'une main d'oeuvre nationale saignée par les guerres. L ' "assimilation s'est faite lentement, mais surement : certains  descendants de ces immigrés mal acceptés bien souvent (voir le roman de Cavanna « les Ritals ») sont aujourd'hui les premiers à dénoncer les vagues d'immigration venues du sud et de l'est. Un gage d'assimilation ?

Puis sont venus les Maghrébins dans les années 60 (toujours ce besoin de main d'oeuvre bon marché) puis au fur et à mesure que l'Histoire -et ses désordres – avançait en écrasant le monde de ses gros sabots (ferrés), les réfugiés économiques et politiques de nos ex-colonies, puis de nos voisins de l'est, et de plus loin encore, des réfugiés de pays inconnus.

 

L'"assimilation » se faisait autrefois par l'école pour les plus jeunes, par le service militaire pour les jeunes adultes, par le monde du travail – l'emploi mais aussi le syndicalisme – pour les adultes.

Il se faisait tant bien que mal – plutôt bien tant qu'il y a eu du travail – parce que les relations humaines se tissent autour d'intérêts communs : les jeux, les interros et les punitions de l'école – en principe égalitaires -, les épreuves communes – sport, caserne,- les amitiés et les amours. Les relations hommes-femmes, parce qu'elles sont souvent déraisonnables – mais en fait très certainement régies par des lois naturelles – créent des situations de rapprochement pérennes.

 

La situation actuelle – où chaque porte-parole médiatique feint de croire que le mouvement qui à terme doit rapprocher anciens français des « nouveaux » (encore que les Antillais soient devenus pour beaucoup français avant les Lorrains pour ne citer qu'eux, dont je suis ) est mis en péril de façon définitive – me fait souvenir de l'anecdote suivante.

Nous avions, au collège, les 4 enfants d'une mère de famille veuve, encore jeune, mariée dans ce village du sud de la Meurthe et Moselle et originaire des Vosges, d'un village à un trentaine de kilomètres de là.

Oh, l'anecdote n'étonnera que les gens de la ville, et pas même ceux des banlieues.


Se trouvant dans une situation de santé difficile, elle fit parvenir une lettre au collège expliquan ses problèmes, où il apparaissait que, depuis 20 ans dans le village, ostracisée par les habitants, elle ne pouvait guère compter que sur un seul couple d'amis, le village la tolérant à peine depuis que ses enfants allaient à l'école primaire.

 

Il ne faut pas rêver : intégration (ou assimilation) – aucun des deux mots ne convient réellement – ne se font pas du jour au lendemain. Il faut du temps.

D'autant plus qu'en ont disparu les creusets : école en échec social ; service militaire disparu ; travail aux abonnés absents...

 

Quelques signes, relevés dans une enquête de l'INSEE, «  Trajectoires et origines »*, sur un échantillon de 21000 personnes, montrent que, malgré le contexte défavorable, et la mentalité ambiante, les « forces naturelles » sont à l'oeuvre pour apaiser, à terme, les soubresauts de l'immigration actuelle.

Je lis :

« 65% de enfants d'immigrés se mettent en couple avec des personnes de la population majoritaire »

(j'entends déjà «  ils nous prennent « « nos filles », mais je ne suis pas certains que ce ne soit pas leurs filles qui nous prennent « nos hommes »)

« 9 % des enfants d'immigrés choisissent un conjoint descendant d'un immigré issu du même courant migratoire »

Ce qui, si je calcule bien, 1 sur 10 à peine.

Que reste-t-il? 26 % des enfants d'immigrés ne choisissent ni une personne de la population majoritaire, ni une personne de sa propre communauté. Donc une personne d'une autre communauté d'immigrés.

C'est dit : intégration ou assimilation, ou tout autre mouvement de convergence commune est en en route.

Il manque juste, à tous ces jeunes gens – les 65 +26+9 % - la promesse d'un travail régulier et suffisamment payé.

 

Mais à part eux, à part nous – qui n'avons aucun intérêt à des soubresauts sociaux et coûteux, qui ne bâtissons pas notre vie sur l'insécurité des uns et la misère des autres – qui le veut ?

 

 

* relevés dans un article de Perrine Cherchève du Marianne papier (30 octobre au 5 novembre 2010) merci à elle.



30/10/2010
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