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Hollande : patience et courage

Hollande, patience et courage

 

Nous votons depuis plusieurs présidentielles, non pas pour un Président, mais contre un candidat : ainsi furent élus Chirac en 2002, Sarkozy en 2007, Hollande en 2012. C'est regrettable mais c'est ainsi.

Aussi le texte qui vient n'est pas celui d'un admirateur de François Hollande.

 

François Hollande voulait être un Président normal. Normal, il l'est, avec toutes les qualités et les défauts d'un homme ...normal. Quant à la Présidence : peut-on être un Président de la République française et être "normal" ?

La France n'est pas un pays "normal". on l'a bien vu au cours de l'histoire et parfois récemment. Elle est une République laïque, quand aucun autre état ne l'est. Elle parvient, à l'issue d'une guerre où elle est vaincue, occupée, alliée à l'occupant, à devenir, comme les crapauds des contes deviennent des princes, un des pays vainqueurs. Elle reconnaît la première la Chine populaire. Elle sort du commandement intégré de l'OTAN en 1962 et s'oppose à la seconde guerre d'Irak...

On pourrait recenser ainsi la liste longue de ce qui fait de notre pays un cas particulier.

C'est pourquoi les Français n'aiment pas ce Président normal.

Ils préfèrent les personnages historiques - De Gaulle - les financiers matois- Pompidou -, les aristocrates imprécis - Giscard d'Estaing - les viveurs sympathiques et radsoc - Chirac- et les gesticulateurs précoces - Sarkozy.

Ils n'ont que faire d'un personnage qui paraît sans épaisseur, malgré un régime sans succès ; d'un amant hésitant et casqué ; d'un homme politique intelligent sans éclat, décidé sans tranchant. Ils auraient voulu du panache après la ganache, un Cyrano après Polichinelle.

Ils sont déçus

 

Imprégné d'une histoire qui dépasse leur histoire, ils sont déçus du personnage que leur offre en pâture une presse qui est descendue du plus bas à plus bas encore, comme les thermomètres, en dessous de zéro, il existe encore : la bassesse !

Les Français voudraient un Président populaire et efficace : ils ont élu un Président impopulaire et patient.

La popularité n'est qu'un vice des démocraties : Hitler fut populaire (plus de 90 % du corps électoral), Mussolini et Berlusconi ont gravité dans les sommets de la popularité, Nicolas Sarkozy, avant la chute attendue et méritée, fut au faîte et à la fête.

La popularité n'est pas un but. A peine est-elle un moyen.

On ne demande pas à un homme politique d'être populaire mais de gouverner. Être populaire est un plus...en plus.

 

François Hollande impopulaire, soit.

Mais courageux et patient.

Patient. S'il a choisi une voix mauvaise - son tempérament consensuel l'a conduit à un consensus avec l'Allemagne, sur une durée trop longue, alors qu'il aurait pu choisir l'affrontement -, il sait s'y tenir, grignotant peu à peu, trop lentement certes, la position intenable du capitalisme germanique arc-bouté au deutchmark - appelé euro - et du gouvernement d'un pays vieilli plus encore que vieillissant.

Courageux. Parce qu'il mise sur son impopularité pour faire ce que les gouvernements précédents n'ont pas osé depuis près de 30 ans, le redécoupage de la France. Ce ne sera pas sans douleur, ni sans erreurs. Mais la remise en question du mille feuilles administratif et territorial qu'il a entreprise - sans préjuger des économies improbables, mises en avant pour des raison européennes - vaut bien la pyramide du Louvre ou le Parc des volcans ou, plus à sa mesure, l'élimination de Khadhafi par Nicolas Sarkozy. On laisse derrière soi les traces qu'on peut ou qu'on mérite.

 

Faisons grâce à François Hollande du reste : sa mollesse apparente - celle de Raminagrobis - son indécision affectée, son apparence démodée.

Il nous a conservé notre modèle social - un peu écorné -, nos services publics - pour l'essentiel -

; s'est investi dans un programme d'intervention de l'état dans l'industrie - Peugeot, Alsthom -

Tout cela aurait disparu en moins de 3 ans de droite Sarkozy, braderie et anarchie capitaliste, enregistrement des copains-coquins : l'affaire Bygmalion en est un résumé.

Accordons à François Hollande le temps réclamé par François Mitterrand.



22/06/2014
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