toupour le zooh

Entre les deux tours

Entre les deux tours

Il est difficile d'alimenter un blog par les temps qui courent.

Avez vous remarqué que même le site Sarkostique est moins actif, moins réactif, et moins virulent?

C'est que, depuis quelques semaines, quand commença à poindre pour l'UMP, l'aube de la défaite, tous les acteurs médiatiques, Figaro en tête, et jusqu'à l'Est Républicain, se sont mis, insidieusement d'abord, puis à bras de plus en plus raccourcis, à critiquer le régime.

Je dis le régime, comme on disait autrefois dans les livres d'histoire, l'Ancien Régime.

Les journalistes – enfin, ceux qu'on nomme ainsi parce qu'ils ont une carte professionnelle, dont ils tirent plus de privilèges que d'étincelants articles – sont sans vergogne : ils détruisent aujourd'hui sans honte ce qu'ils ont encensé hier, sans honte non plus.

Sans non plus trop de réflexion. De fait, ils accompagnent les mouvements d'opinion, qu'ils amplifient. Ont-ils seulement conscience, eux qui font si souvent dans l'auto-censure, qu'ils font aussi dans l'auto-aveuglement, dans l'auto-consensuel, dans l'auto-confusion. Tout un salon (de l'auto) : en fait, ils s'hypnosent, ils se grisent : leur discours est leur drogue. Ils y croient.

Cela devient trop facile.

Ils en ont tous après Sarkozy. Pauvre garçon, qui ne mérite pas plus un tel châtiment, une telle déferlante, qu'il ne méritait des mêmes et il n'y a pas si longtemps, tant de félicitations, tant d'encouragements. Pauvre Président, aplati par les sondages récents, mais dont il faut se rappeler qu'il était déjà près de la chute (la même chute) juste avant la crise économique . Le grand petit homme ne fut sauvé que par des catastrophes - « guerre » de Géorgie puis Crise Mondiale – où il s'agita et prit, faute d'épaisseur internationale, un volume national, dû autant à des mensonges relayés par la presse aux ordres, que par des mouvements d'épaules qui lui donnèrent, un temps, presque une carrure.

Je rappelle que Nicolas Sarkozy avait déjà perdu 30 points en juin 2008 : il était passé de 66% de satisfaits en juillet 2007 à 38 % en juin 2008, ce qui est sensiblement le score actuel.


Si je reviens sur ces chiffres, c'est que la situation a changé. C'est qu'en juin 2008, les journalistes, pour la majorité  encore aveuglés par leurs propres discours, n'avaient pas réalisé encore combien les comportements individuels (sans revenir sur le personnage) et collectifs de cette majorité (des députés aux ministres en passant par tous les histrions périphériques) étaient préjudiciables au bon fonctionnement de l'Etat.


Qu'aujourd'hui on « tombe » sur Sarkozy comme s'il était le seul responsable non seulement d'une Bérézina électorale, mais, plus grave, d'une catastrophe nationale, est encore une marque de l'aveuglement cher à nos élites médiatiques : il est si facile de condamner le bouc émissaire quand il faudrait occire tout le troupeau, c'est à dire ses amis, ses appuis, sa provende, voire son avenir.


Car miner tout un système politique qui avait fait ses preuves, avec ses défauts certes, mais qui fonctionnait dans un souci démocratique (au moins un souci), car détruire tout un projet né du programme de la Résistance qui combinait rôle de l'Etat et initiative privée, mettre à mal en si peu de temps l'Education – et pas seulement le rôle de l'Education Nationale, mais aussi l'esprit et le fonctionnement -, la Santé et même la Sécurité, pourtant proclamée comme étendard de la nouvelle droite « décomplexée » (il y a tout dans ce mot !), parvenir à pervertir les discours, les phrases – arrachées ici et là-, les mots , Sarkozy ne pouvait pas le faire tout seul.


Il lui a fallu des complices. Ceux qui ont fait ses discours en croyant l'enfermer dans le moule de leur rhétoriques. Ceux qui ont fait passer par veulerie, par ambition, par amitié peut-être, leur intérêt, l'intérêt de leur famille, l'intérêt de leur caste devant l'intérêt de leur pays et plus encore de leurs concitoyens, devant aussi les droits des hommes. Ceux qui l'ont choisi, l'ont adoubé, l'ont soutenu, parce qu'ils connaissaient le caractère de l'homme, faible ; la mentalité de l'homme, avide ; la morale de l'homme, inconsistante ; la culture de l'homme, transparente; l'épaisseur de l'homme, sans.

Ceux qui l'ont encensé sans rien voir, ceux qui l'ont célébré de n'avoir rien compris. Il leur aurait fallu le deviner : ils regardaient ailleurs. Il leur aurait fallu à force de vigilance, le surprendre : à genoux, ils époussetaient le tapis devant lui sans relever la tête.

Valets de plume et de discours, valets d'articles de papier, serviteurs, monsieur, d'un seigneur de pacotille dans un royaume télévisuel.

Pareille à cette droite allemande issue de la Grande Guerre, et comme elle assoiffée de revanche - revanche d'argent, de pouvoirs, de privilèges – la droite française a permis à la marionnette d'accéder au pouvoir. Elle devait s'en tenir là.


Peut être elle a échappé trop vite aux mains qui la manipulaient

Peut être y avait il trop de mains

De mains droites maladroites.

Mais demain ?


Nous ne sommes pas arrivés à ce point de notre histoire du fait d'un homme seul. Dans la réussite ou la tourmente, il n'y a pas d'homme providentiel responsable de tous les succès ou coupable de tous les échecs.

Il faut s'en souvenir



18/03/2010
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