élection de Nocolas Sarkozy en alexandrins : la suite (2)
Campagne présidentielle 18
De l'abus des drogues douces et de la poésie chez les gens de peu qui ne connaissent rien et ignorent le reste.
Il nous aura tout fait : il sera dans l'histoire,
Ce dimanche de mars où le petit tribun
Osa de sa tribune tel un copain d'Issoire
Tirer Verlaine des vers et Rimbaud de son bain !
Il l'avait déjà fait, en rameutant Jaurès,
Confondant Mitterrand avec Giscard d'Estaing :
le grand si petit homme a bien des maladresses
quand il s'agit de rabouter ce qu'il croit son destin.
Mais là, dans un discours digne de Robespierre,
On sent dessus sa nuque avec le mot Nation
De la lame passer le sacré courant d'air
A Valmy l'UMP franchira le Rubi-con !
Et le plus étonnant, qui frise le ridicule,
C'est d'appeler ainsi Verlaine à la rescousse
Le poète appréciait beaucoup leur petit cul
A ces jeunes qu'il rencontrait si souvent en douce.
Rimbaud, qui fut l'un de ses gitons, aurait pu
S'il avait rencontré Sarko au Pont des Arts
le traiter de trou du cul et lui cracher dessus
en faisant des gestes obscènes vers son falzar.
Verlaine, Rimbaud, pour qui tu te prends, mec
Tu vas citer longtemps le gratin des poètes ?
Pour faire des voix faut-il que sans écho
Tu les insultes ?
Ta bouche les citant, c'est déjà des gros mots !!
Campagne présidentielle 19
La maternelle
D'un côté une école, maternelle et primaire ;
L'école est lieu sacré au pays de Voltaire
Sarkozy le sait bien lui qui déjà y vint
Pour régler un conflit. Une fois, il y parvint.
De l'autre la Police dont la mission, je crois,
Est
de défendre et la loi et le droit.
Parmi ces droits, celui de Résistance
A l'oppression. On se souviendra que la France
Est aussi la Patrie, dit-on, des Droits de l'Homme.
Entre les deux, pris dans les mâchoires, un peu comme
dans un casse-noix, des gens : et je les énumère.
Des professeurs d'écoles, des parents, des grands-mères
Attendant à la grille comme on le voit souvent.
Et qui sortent en courant ? mais ce sont des enfants !
Je résume : plan général, écran cinéma,
Ici l'école, là, la police ; gros plan : un chinois,
Un grand-père, tranquille, assis devant un comptoir,
Une bière peut-être, attend son petit-fils.
Il doit le reconduire ainsi que chaque soir,
Ce que chacun fera ou fait, ou ce qu'il fit.
Contrôle, pas de papiers. Faudrait-il des papiers
Pour être un jour grand-père ? Serait-il dangereux,
Serions-nous terroriste, d'un dealer l'employé
Chaque fois qu'on attend un enfant ? Pardieu ,
Soyons un peu sérieux. Passons sur l'attentat,
oublions la bêtise, les gaz, menaces et coups,
la peur de ce côté, la colère beaucoup,
de l'autre l'aveuglement. Lorsque tombe au plus bas
l'esprit de Celui–même qui incarne la Loi,
pourrait-on s'étonner que ceux qui sont le bras
succombent ? Dans cette affaire chacun est la victime
les enfants, les parents, le grand-père(de Chine),
les professeurs d'école, et même la police
dévoyée dans le lieu, se trompant de fonction,
dérivant d'un gourdin jusques à l'abjection
pour avoir cru qu'un homme, ambitieux jusqu'au vice,
pouvait jouer Son Jeu, oubliant chaque fois,
qu'il existe des principes bien plus grands que les lois,
que les mots qu'on emploie vont au de là des mots
Et qu'à les dévoyer, on attire des maux,
qu'il n'est rien d'anodin , même pas la posture,
-jouer avec le feu est œuvre d'incendiaire-
que français d'aujourd'hui est immigré d'hier,
que l'étranger n'est pas une voix de pâture…
Notre France, monsieur, se doit d'être un exemple :
l'Ecole, ce lieu sacré, en doit rester le Temple.
Vous quittez l'Intérieur sur l'Ultime Bavure :
Robien raye des postes et garde la Rature.
Campagne présidentielle 20
La morale, Monsieur
Ce fut la maternelle ; et c'est la Gare du Nord.
Un ticket refusé et l'émeute commence.
Ne pas polémiquer : on sait bien qui a tort.
On connait bien le bras qui fléchit la balance :
Victime,
je veux bien, mais coupable d'abord.
La faute était réelle mais est ce qu'elle méritait
Autant de violence ?et si l'on veut la paix,
Faut-il à la violence en ajouter encore ?
Ce qui loin de la foule eût passé pour bavure,
Devint pour les témoins comme un nouveau symbole
De l'acharnement à conduire vers la tôle
Les exclus : par la case prison, No Futur !
Mais la faute est ailleurs. Ailleurs est le pêché.
Il n'est pas ce jour-là dans l'évènement même,
Il n'est pas dans les commentaires des télés,
Ni des journaux. Là n'est pas le problème.
Le problème, c'est la voix répétant comme un écho,
fustigeant une fois de plus une gauche coupable
de victimiser les casseurs.
On t'entend bien, Sarko,
on sait depuis longtemps de quoi tu es capable.
Dénoncer le lundi et changeant de registre,
Le mardi encenser ce qui te fit ministre,
Et puis le mercredi accuser le voisin
Qui sortait un projet de son beau maroquin.
On a vu comment un soir faisant le pitre,
Quand la banlieue tanguait de douleur en colère
Ricaner sous une fenêtre d'un air sinistre
« La racaille ? je vais la nettoyer au Karcher.»
On vous a vu enfin, monsieur, pendant cinq ans
Chef de bandes, de clans, de parti politique,
Tenant l'Intérieur et le Gouvernement,
Premier couteau, second violon, chef de la clique.
Savamment vous avez œuvré en saboteur
Noyautant le Gouvernement de l'Intérieur,
Pour vous proclamer ,très haut, l'Homme nouveau.
Je sais que De Gaulle nous prenait pour des (beaux) veaux
(même du ministère vous en teniez la place,
Hé , la coïncidence est là, qui vous agace ?)
Au moins ne nous pensait-il pas des imbéciles !
Homme nouveau ! voilà la dernière nouveauté !
Profitez en les gars, on va vous la solder !
Et la meilleure, je vous le donne en mille,
Ce n'est pas le bilan de ce deux fois ministres
(on en fera un film pour le parc Sarkoland)
ce ne sont pas les mensonges de ce cuistre,
ni ses fréquentations, qui s'achètent ou se vendent.
C'est qu'encore une fois il veut faire la Morale,
Alors qu'il ne sait plus et depuis trop longtemps
Distinguer seul le vrai du faux, le bien du mal.
Le Miroir lui répond : « Tu seras Président ».
Alors
s'il faut répondre à celui qui accuse
Je réponds qu'en cinq ans ce qu'on aurait pu faire
Ne fut pas fait ; que ce qui était fait, fut défait.
A détruire les châteaux certains enfants s'amusent.
A se placer , monsieur, au plan de la Morale,
Que pourrez vous répondrez un jour à ces enfants,
Dont le père, à la suite d'un contrôle banal,
fut arrêté ? Vous direz : « Ben… je suis Président. »
Vous serez Président ? soit. Mais en vain l'ambition
Qui fit d'un Bonaparte un vieux Napoléon,
N'avait jamais servi de caution morale,
Tout au plus elle serait curieux carnet de bal,
Carnet pour souligner que les fils de l'intrigue
Se tissent savamment à l'abri des regards
Avec des noms, des adresses, très loin des phares.
La Morale, monsieur, n'est pas un pas de gigue
Qu'on apprend tout jeunot en entrant en Pasqua,
la Morale n'est pas simplement la posture
d'un prétendant au trône. La Morale n'est pas
le vol de ces corbeaux que guettent les augures
qui mesurent au matin les sondages d'hier
puis écrivent un discours entre poire et dessert.
La Morale, c'est un morceau de l'Idéal
Qu'on accroche très haut sur le mât. La Morale,
C'est de grimper et même quand il s'éloigne
-Parfois l'effort est vain, et le mât est glissant-
de dire meilleur sera le monde de nos enfants,
et d'agripper très fort le haut mât de Cocagne.
La Morale, vous ne savez pas même ce que c'est.
Vous avez lu le mot qui pour vous reste abstrait.
Le concept lui-même est bien peu pragmatique
Si certains en sont morts, il n'est pas…politique !
Alors n'en parlez pas, refusez à vos lèvres
De donner la leçon : il peut donner la fièvre.
Et cette impatience qui aujourd'hui vous guide
par ce mot prononcé cause des coups de sang.
Alors laissez aux autres et le mot et l'idée.
« si tu veux savoir le vrai, cherche le juste »
dit Hugo. Faute d'être César, vous êtes l'Auguste
d'un cirque où votre présidence sera un coup de dé,
ou, pour être moderne, une carte à gratter.
Campagne présidentielle 21
Il n'épargnera rien.
Il n'épargnera rien Surtout pas les enfants
Son enfance fut-elle à ce point de tristesse ?
Il les voulait suivis d'une fiche traîtresse
Qui nous les calmerait par des médicaments.
A coups de questions et de tests, des psychologues
Dûment
choisis, dûment formés, dûment payés,
Auraient pu, de ses vœux, et d'un trait sûr, rayer
Ce qui fait de chacun un être de dialogue,
Un être différent, différemment formé;
Nos enfants devenus des êtres domestiques :
Le rêve sarkozien enfin réalisé,
Le possible et l'ensemble, cauchemar politique.
Il n'épargnera rien. Surtout pas les enfants
Son enfance fut elle à ce point oublieuse
Un grand-père ne l'attendit jamais, le portant
Au retour de l'école, d'affection chaleureuse ?
Son grand-père n'était pas chinois, ni sans papiers,
Direz-vous. Et vous aurez raison. Même hongrois
Habitant le XVIème, un grand-père oublié
C'est de l'enfance qu'on écrase. Dire : j'ai le droit
C'est oublier l'enfant qu'on garde au fond de soi.
Il n'épargnera rien. Surtout pas les enfants.
Son enfance fut –elle à ce point miséreuse
Qu'il porte encore en lui cette empreinte fièvreuse,
Qui lui fait dire : chacun s'en va portant
Le destin qu'a produit le programme des gênes
Le coffre-fort scellé de la banque ADN
imprime les chèques en blanc de notre destinée !
Ainsi le criminel par ses gênes condamné
Ne connais plus sur terre que la malédiction,
Et victime et bourreau mérite la sanction
Que lui réserve de droit la juste société :
Faute et condamnation confondues dans l'Inné !
Que répondre à ceci ? Sarkozy a la foi
De ceux qui sanctifient et l'erreur et la haine.
Pour eux le monde est juste : et l'homme est le problème.
Seule la peur de là-haut, au pire d'ici bas
Peut justifier le calme et éviter des troubles
Coupables de violence ? la violence redouble !
Punir ! On a vu le Roi Louis le quatorzième
Couper des mains, des pieds par justice et sans gêne
Garnir des gibets et les branches des arbres
De contribuables mécontents. Morts… macabres !
On voit ici et là, sur un acte de foi,
Périr des hommes, des femmes, des enfants. Pourquoi ?
Il n'épargnera rien. Surtout pas les enfants.
Son enfance fut-elle à ce point de mensonge
Qu'adulte encore il confonde le vrai et le songe ?
Mais peut-être estinné le gène de qui ment ?
Campagne présidentielle 22
La France entre deux chaises, ou plutôt suspendue.
Lorsque le doute vient un grand vide vous prend :
le bulletin de vote par une main , tendu,
nous tient en équilibre : alors chacun comprend.
Il est des intervalles qui servent de destin :
Hier la fuite du roi s'enfuyant vers Varennes
Plus tard Grouchy perdu dans la sinistre plaine ;
Plus près, plus ressemblant à ce qu'attend demain :
Mille huit cent quarante huit , élections : Cavaignac
S'oppose à Bonaparte. L'un sabreur d'ouvriers,
L'autre prince raté , sorte de Rastignac,
Prisonnier, en habit de maçon évadé.
L'un sur des grands chevaux on dirait d'extrème-droite :
L'autre, sorte de matou, des ambitions en boîte,
Avec des opinions qu'on disait socialistes
un livre trompeur: l'extinction du paupérisme.
On sait comment l'histoire et le peuple ont choisi :
On bouda le sabreur, écrasé, et ce n'est que justice,
Pour acclamer le menteur : chacun avait un vice.
On préféra au goût du sang l'odeur moisie.
Peu de faits portent en eux cette tension qui monte
Où l'on mesure que le destin d'un pays
Dépend d'une étincelle : une courte seconde
Et crac ! on bascule : ou la lumière jaillit,
Oh rien qu'une étincelle, c'est déjà quelque chose,
ou l'ombre alors nous prend et étend son cortège :
le mensonge alors nous prend sur son manège,
propagande, menaces, le tout à hautes doses !
La France a eu De Gaulle ; les français ont Chirac.
Ce qu'il reste de Président après les Nuls
Sera-t-il demain dépecé d'ambitions ridicules,
un vieux fond de Coca après un Bergerac ?
Ainsi va la galère, ainsi passe l'Histoire,
Se moquant des aspirations, des idéaux
Pauvre France, es-tu si près de ton Tombeau
Qu'à force de rêver on va à ne plus croire ?
Campagne présidentielle 23
Il était entouré de voyous en goguettes
D'éternels justiciables venus comme en brochettes,
Balkany, Devedjan, les Ceccaldi-Reynaud,
Les uns pas assez riches pour se payer le trop,
Les autres dépeçant le pouvoir sur le fric,
Certains confondant Toison d'or et peaux d'biques ;
celui-là sortant d'exil comme on sort de prison,
celui-ci le sourire mielleux comme un poison.
Et puis vinrent les seconds couteaux, les beaux people,
Ceux qui se montrent à la télé, vendent leur gueule
Comme on vendrait des fesses aux sorties de métro
Les sans-complexes-ni-principes, les Doc Gynéco
Et consorts, qui, pour un tour de piste, se mettraient
A genoux devant ce qui se boit et se fume.
Il y eut aussi, c'est lamentable mais vrai,
Ceux pour qui les choix pourtant s'assument.
Simone
Veil acceptant de soutenir ici
Un ministère prochain dont elle fut victime
Enfant. La lâcheté des forts a resurgi
Avec l'âge. Les derniers vinrent payer leur dîme
Au plus fort : on sait qu'ainsi font les grands singes:
L'un bientôt poursuivi, quelques autres complices?
Un chanteur ou deux pour quelque secret service
Plusieurs seconds couteaux plus quelques beaux linges
On n'attendait pas mieux : la photo est complète
Bonaparte, au pont d'Arcole, veille de Rivoli,
Avait pris un drapeau, lui taille des bavettes :
Sarko c'est en auto qu'il descend Rivoli…
A la fin, pour sublimer la photo de famille
Il y eut enfin Besson. Oh le pauvre homme
Ballotté d'un bord à l'autre, et fragile brindille,
Quittant le PS comme un vers une pomme,
S'accusant ainsi qu'en tribunal marxiste
Ou bien d'inquisition, ou au confessionnal
D'avoir fauté ! l'affaire est en soi peu banale,
Encore que l'on hésite : est-ce sordide ? ou triste ?
En tout cas, il manquait à ce fin politique
Qui jette ses filets à droite puis à gauche
Un gros poisson : il l'a. Et, spectacle comique
-le rire n'est jamais que tragédie sous cloche-
Lui, qui fut si souvent traître de comédie
Trahissant tour à tour ceux là même qu'il servit,
Et trahissant aussi tous ceux qui l'ont servi,
Embauche un autre traître, mais pour la tragédie !
Campagne présidentielle 24
la balle au centre.
N'allez pas croire, oh non n'allez pas croire
Que je vous laisse tomber au milieu de l'Histoire
Lorsque la France vote en masse, cela s'entend
C'est comme un bel orage qui vient du ciel descend
Et ce fort pourcentage est comme une marée
Une démocratie faite de volonté,
D'intérêt, de plaisir, de foi en des valeurs :
C'est un peu de la France, beaucoup à son honneur.
Et pour les résultats, soyons de parti pris
Ratissant large à droite on a vu Sarkozy
Faucher le blé en herbe d'un parti fascisant
et ramasser des miettes de bobos gauchisants.
On a vu le FN plier bas le genou
Les gars de la marine ne sont plus à la fête
Goldmisch ne voit plus l'or, mais le gris desd éfaites
Les français toujours veaux sont un peu moins des gnous.
Ségolène en sabots remplit son bas de laine
Sans soutien, ou si peu (mais à qui revient la faute ?)
Sans journaux, sans trompette, maintient la tête haute,
Et, malgré ses erreurs, reste en tout souveraine.
S'il fallait une femme qui porte leur flambeau
Qui d'autre qu'elle aurait pu le faire? Les machos
En restent les parties coincées entre deux chaises :
Voter pour le seul homme ? les voilà moins à l'aise.
Bayrou enfin : il a de notre Nougaro l'allure,
L'accent du Béarn, le parler net à défaut
D'être franc, le regard clair, le cou de taureau,
Du genre qui les matins prend un bol de garbure.
Un homme, quoi : pas l'oisillon perdu, pas le
Moineau qu'agite comme une faim vorace.
Attention, de ton nid gesticulant, tout pâle,
tu risques de tomber ! vois le corbeau qui passe,
Encore un tour, un seul : et rien pour t'accrocher !
Je reviens à Bayrou : le résultat mérite
Mieux qu'une strophe ! c'est passer un peu vite
Sur l'exploit du bonhomme : parvenir à faucher
Et à droite et à gauche des voix qu'on met au centre
Sur un îlot perdu, élus sans électeurs,
Un parti qui voguait bateau-petit-bonheur,
Et d'un seul coup, d'un seul, faire un feu d'une cendre,
L'exploit n'est pas si mince : Bové l'avait rêvé,
Les Verts imaginé, Laguiller y croyait,
Besancenot a écrit l'exploit en minuscules,
De Villers, levant le poing, dessina la virgule,
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