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Conte de Fraimbois et CAC 40

La lecture de l'Est Républicain ces derniers jours – les convulsions de la Bourse, l'incapacité des gouvernements à trouver des solutions aux exactions des spéculateurs – me laissaient l'idée que j'avais déjà lu ce genre d'histoire quelque part : comme un goût de déjà vu.

C'est en feuilletant le sommaire des fables de La Fontaine – véritables illustrations de notre monde actuel – que le déclic vint : mais oui, les Contes de Fraimbois !

Il est un de ces contes que chacun connait, « La Trouche », cette touffe d'herbe sur le toit de l'église que le Conseil municipal décide de faire disparaître en hissant un taureau par le cou.

Ma grand-mère racontait une autre version qui utilisait des tonneaux sur lesquels grimpait un agile conseiller. Au moment d'atteindre la trouche, il manquait un tonneau. Le maire du village, plein de bon sens, ordonna qu'on prenne le tonneau du bas, qui ne servait plus à rien, pour le passer au grimpeur. On imagine ce qui arriva.

Cette fable – car c'est une fable- illustre tout à fait ce qui se passe actuellement. Pour permettre à la Grèce (puis à d'autres états) de garantir sa dette (arracher la trouche), les états européens (le conseil municipal), endettés, apportent leurs tonneaux, incertains, puis empruntent de l'argent (le tonneau du bas). Mais ils ne peuvent avancer cet argent qu'en augmentant leur dette, mettant en péril l'équilibre, fragile de leurs finances.

Il y a toute chance que l'édifice s'écroule avant que l'objectif soit atteint : la trouche !

 

L'équilibre est d'autant plus difficile que chaque tonneau est déjà vermoulu (endettement des états) et que l'argent emprunté aux banques est lui-même garanti par des états qui n'offrent pas toute garanties de fiabilité : en fait, par leur dette !. Si le monde financier semble trouver normal que les états s'endettent pour couvrir des emprunts garantis par leur dette, c'est qu'il peut mettre ainsi en circulation de la fausse monnaie qui fait gonfler la masse monnétaire spéculative aux dépens des activités économiques traditionnelles, notamment la production et les services (autres que financiers).

Les banquiers, outrepassant le pouvoir régalien de battre monnaie, en fabriquant de la fausse monnaie – puni autrefois d'ébouillantement- mettent en péril l'économie globale dont ils devraient être les moteurs et la garantie de fonctionnement (en fait les Bourses ne sont faites que dans ce but). En cela ils sont d'autant plus criminels qu'ils conduisent à mettre en place des plans d'austérité qui paralysent le système économique, donc nuisent à un possible remboursement.

 

Résumons :

  • les banquiers fabriquent de la fausse monnaie : coupables !

  • Ils utilisent cette fausse monnaie pour spéculer sans investir : coupables !

  • Ils mettent en péril le fonctionnement économique d'un système dont ils devraient être les acteurs dynamiques : coupables !

Il fut d'autres époques où, pour l'une ou l'autre de ces fauteS, ils auraient été occis : les temps ont changé, ils sont devenus les dirigeants de notre époque !

Pour revenir au conte de Fraimbois, le taureau, tiré par le cou, mourut avant d'atteindre la touffe d'herbe. Chaque peuple pourra se reconnaître dans ce taureau, qui tira la langue – qu'on croyait de gourmandise - jusqu'au bout et mourut étouffé à la suite d'initiatives mal venues.

 

Mais un taureau....



17/08/2011
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