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chronique d'opinion: un meeting à la campagne(bof!)

Un meeting à la campagne

Je ne m'étais pas rendu à une rencontre politique dans le cadre des présidentielles depuis les années 70. Dans les villages, c'était souvent au bistrot du coin qu'on rencontrait l'un ou l'autre des représentants des candidats, à la bonne franquette, autour d'un verre.

 

Jeudi, dans le but  premier d'alimenter ce blog  d'un texte un peu différent de mes articles ou propositionnels ou polémiques habituels, je me suis rendu au « meeting » de Nadine Morano, députée de la circonscription de Toul (54), et partisan,e de Nicolas Sarkozy.

J'avais préparé plusieurs questions, que je tenais dans un cahier de dessin, toujours sous mon bras où que j'aille, incapable que je suis de ne rien faire pendant 2 heurs de réunion : je dessine. D'où les petits croquis qui accompagnent cet article.

 

20 h donc à la salle polyvalente de Colombey-les-Belles. Une petite soixantaine de personnes discutent sur le parvis, dont je connais la plupart. Peu de jeunes : 2 moins de trente ans. Peu de femmes non plus. Les élections resteraient-elles une affaire d'hommes ? où est-ce l'orientation de l'UMP, parti réputé machiste ?Un public d'hommes de plus decinquante ans pour la plupart.

 

A l'intérieur, sur un grand panneau carré « fond de campagne/VERT ET BLEU », une affiche de Nicolas Sarkozy, qui sera changée dès son, arrivée par Nadine Marano, régécolor blond très léger, tailleur dans les gris-beige à rayures verticales et chemisier assorti, collier de perles ( ?) …et c'est parti pour plus d'une heure trente d'un monologue très standardisé où tout passe à la moulinette entre slogan publicitaire et démonstration de foire, un peu comme lorsque j'étais gosse, les camelots sur les marchés.

 

Première phase, les GRANDES QUALITES DE N.S. : le Monsieur a tout réussi, un grand coup de Ripolin sur son ministère du budget (oublié le creusement du déficit), sur son ministère de l'(in) sécurité : les bagnoles doivent brûler dans un autre espace-temps ou sur une autre planète. Un bilan écrasant de suffisance grâce à une conseillère omniprésente (moi qui suis…moi qui étais…, la dame a le don d'ubiquité) : les superlatifs manquent et les statistiques officielles effacées d'une pirouette. L'insécurité résiduelle est due à Lionel Jospin et les 5 ans de l'UMP au gouvernement –et avec un ministre de l'intérieur qui oeuvrait  contre ce gouvernement bien souvent- ont été une véritable bénédiction pour le pays.

Un peu difficile à avaler : mais quand je dessine, tout va bien, on peut raconter n'importe quoi, ça ne me fait que des aigreurs d'estomac.

 

Seonde phase : démolition !

Depuis le tailleur blanc de Ségolène Royale sur le Mur de Chine, en passant par la « poignée de main au Hezbollah » en Palestine, jusqu'au tracteur de Bayrou, « difficile à conduire en marche arrière », nous avons droit à un véritable festival de lieux communs, de bruits rapportés on sait comment par la presse des marchands de canons, de plaisanteries sans intérêt –sinon qu'elles permettent de mesurer à quel niveau de mépris la députée tient son auditoire,-.

Sans hauteur politique, (on éreinte le Président de région Masseret, on moque le « sympathique président du Conseil GénéralL Michel Dinet », un incapable)  sans véritable volonté d'analyser les programmes des autres candidats –elle pense certainement que son public ne comprendrait pas-, sans autre but que d'inciter à la vindicte, à la division, au ricanement : un florilège de l'esprit anticivique comme il ne peut en passer que dans une mauvaise série télévisée, une caricature de meeting politique. Certains, visiblement, aiment ça.

 

Dernière phase : Moi (je veux dire, ELLE)

« Moi, je veux le pouvoir » pendant 15 bonnes minutes. Un décalque du Petit N.sur l'affiche qui retient son ricanement habituel en se pinçant les lèvres pour un sourire carnassier de matou, comme le lui ont dit le photographe et son conseiller à l'image. Une clône de N.S., cette soif de pouvoir, avouée, proclamée même comme une fin en soi, sans dire : pour quoi faire !! Nadine Morano, ministre, présidente, que sais-je ? l'Ambition, souriant de toutes ses dents, en tailleur à rayures, sans rien dans le discours qui dise : c'est pour vous ;  sans rien dans l'attitude qui montre autre chose que l'assurance que donne une sorte de foi irraisonnée dans la réussite, personnelle, bien sûr. Sur l'ISF, elle irait même plus loin que Nicolas Sarkozy : elle n'a pas dit jusqu'où. Peut-être faudra-t-il payer ceux qui sont partis pour qu'ils reviennent. Peut6être faudra-t-il augmenter les Noel Forgeard pour qu'ils restent.

 

 

Dernière phase : les questions.

Il y en eut trois, dont la mienne. La seule qui aurait pu, sinon amorcer un débat, au moins nécessité un moment de réflexion collectif.

Prononcé par N.S.devant Simone Veil à la Mutualité, ceci :

« Chaque fois qu'une femme sera martyrisée dans le monde, cette femme devra être reconnue comme citoyenne française et la France sera à ses côtés »

Je la lis deux fois, puis commente et précisant ma question : Nicolas Sarkozy compte-t-il mettre en place les moyens politiques de cette proposition.

La réponse fuse, sans réflexion : N.S. pensait aux femmes martyrisées dans leur pays d'origine et menacées de Fatwa (le mot n'est pas prononcé),de lapidation etc.

Ma question est renouvelée avec cette précision : les femmes sans-papiers battues en France sont-elles concernées ?

La réponse est nette : NON.

La contradiction ne lui apparait pas. C'est la limite d'une femme engagée dans l'action, comme son mentor, et qui ne réfléchit pas à l'implication personnelle et politique de ce qu'elle dit. La rencontre est intéressante car elle m'éclaire sur les procédés (mais comme dirait peut-être N.S., c'est inné) de ces personnages politiques noyés dans la frénésie de l'action pour l'action, dans une sorte de boulimie symptomatique…de quel manque ? Pour Nicolas Sarkozy, le besoin d'affection de la « bête de scène » qui attend les sympathisants UMP à Metz : « Ne venez pas en voiture, il y aura des cars ».

 

Mais la soirée est décevante. Pas de contradicteurs (Nadine Morano le regrette, elle est du genre sportif-je-me-laisse-pas-faire, mais je connais trop de personnes dans l'assemblée, et que j'estime, pour faire le coup de dents, et c'est une dame*), des sympathisants venus se faire caresser dans le sens du poil (et certains électeurs visiblement de  Jean-Marie Le Pen à d'autres élections), une soirée «  de plus » qui ne relève pas le débat de la campagne

 

J'ai droit à deux photos de Nadine Morano, grand sourire en fin de programme : pour illustrer mon blog, bien sûr. Et pour une caricature pas méchante, même de l'UMP,  c'est une dame.

 




13/04/2007
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