toupour le zooh

Apropos des élections à Neuilly (sur Seine)



De plus en plus, que ce soit dans le domaine des entreprises, comme dans ceux de la politique et des médias, nous nous trouvons face à des dynasties bien protégées qui se transmettent de génération en génération qui un patrimoine, qui une place, qui un privilège ou une prébende.


La gravité de la situation ne fait aucun doute : tel économiste relève que notre pays se retrouve à la traine de l'économie indutrielle, non par la faute des travailleurs (2 ème productivité d'Europe), non plus que par le défaut d'investissements étrangerds (2ème place européenne) mais bien plutôt par la rigidité, voire la sclérose de nos dirigeants d'entreprise.

Quand on s'intéresse à l'identité des propriétaires des grands groupes français, on s'aperçoit que ce sont des héritiers : Dassault, Bouygues, Lagardère, Michelin pour ne citer qu'eux. D'autres, héritiers de moindre importance, ont su bâtir leur fortune autour du noyau familial : les bolloré et autres Arnault. Peu de mobilité donc. Les deux derniers représentant du Médef ne sont d'ailleurs pas des entrepreneurs, mais avant tout de riches héritier et héritières (cf Wikipédia)

Attention, je ne veux pas dire par là qu'ils sont tous incapables. Mais le dynamisme n'est pas le même selon qu'on hérite - même si l'on fait fructifier- ou qu'on conquiert : du fait qu'on hérite pas automatiquement du génie du papa (Dassault), des savoir-faire du père (Lagardère ou Bouygues), même si (ou parce que) on hérite de son argent, de ses biens, de son carnet d'adresses, de ses ingénieurs et de ses brevets, de sa réputation, et surtout de sa clientèle (en particulier l'Etat).


La même remarque vaut dans le domaine des médias, en particulier de la télévison : la sclérose à laquelle on assiste dans les télévisions de langue française n'est pas simplement due à la répétition de recettees resucées jusqu'à plus soif d'émissions empruntées au passé ou aux chaînes étrangères. Alors que la télévision française avait su trouver un ton, des émissions originales parce que le personnel inventait lui-même sa télévision, son mode d'expression, les « enfants de la télé » c'est à dire de ces pères et mères fondateurs, ne font que reproduire ce qu'ils ont connu, dans la paresse et l'autosatisfaction la plus complète: on en vient à faire des émissions sur la télé, sur les vedettes de la télé, sur les émissions de télé, d'hier (beaucoup) et d'aujourd'hui (qui se rapproche) : serpent qui se mange la queue, sans assaisonnement et sans saveur, la télévision française est au bout de son rouleau depuis quelque temps déjà. La faute en est encore une fois à cette (mauvaise) habitude d'embaucher les enfants, frères, neveux, soeurs, nièces etc...pour continuer à faire bouillir la soupe dans une marmite (premier souci familial) qui n'a plus rien de la potion magique d'avant. Les héritiers ont mangé l'héritage. On en vient même à se faire des émissions d'autopromotion familiale, comme celle de la famille Joubert-Decaunes!! Et on s'en vante!


S'il est moins lisible dans le domaine du cinéma, en raison des nombreux pseudonymes et noms de scène, le système des dynasties, vieux comme le théâtre, est encore bien présent. Mais outre qu'il est difficle de juger de la qualité du jeu d'un acteur – encore qu'on puisse dire qu'actuellement les acteurs français jouent « dans le ton » de l'époque, ce qui donne un air de vraisemblance au jeu de chacun, d'autant plus qu'il s'harmonise, héritage oblige, au jeu de tous -, on peut imaginer que dans quelques années le jeu admis comme étant « juste » nous paraîtra aussi vieillot que celui des acteurs d'avant guerre aux spectateurs d'aujourd'hui. Certains seront sauvés peut-être par l'outrance de leurs prestations -ou ce qui nous paraît tel- mais qui n'est que la facette la plus intéressante de leur personnalité. Les autres, parce qu'interchangeables ou surtout uniquement portés par leur nom, seront oubliés.


Ce climat délétère d'obligation de succession, supportable chez les plombiers ou les boulangers, encore que, fait tomber les spectacles de variété (mot si peu justifié) dans l'habitude, le conventionnel -qu'attise les émissions style Star-Ac- et la nostalgie, pour parler positivement du passéisme. Le phénomène, soutenu par une production frileuse, peu soupçonnable de sympathie pour les artistes, et qui, pour des raisojns de rentabilitié financière, préfère la resucée des vieux succès à l'avanturisme d'une vraie recherche de talents (sauf au sens financier du terme, le talent est une monnaie de l'antiquité), est une fois de plus accentué par le passage de témoins d'une génération à la suivante. A croire qu'il faille plaire d'abord à papa et à maman. Moi-même, père d'un intermittent du spectacle vivant, suis je certainement trop indulgent devant les oeuvres de notre fils.Mais il y a loin d'un soutien familial à l'aveuglement, et de l'entraide à l'entrisme. Quand on entend ce qu'on entend à la radio, relayé parfois par la télé, en matière de chanson française, on reste abasourdi par la bêtise des textes, la petitesse des « messages », la pauvreté des mélodies, l'indigence musicale du -parfois- musicien/interprète/qui s'accompagne. Il est vrai que les producteurs ont été remplacés par des « chefs de produits » et que, pour reprendre les paroles d'un de ces « chefs de produits »: « Si Brel ouvrait la porte, on ne le recevrait même pas »

Excuse ou vantardise?

Il existe, et Internet en atteste, tant de jeunes artistes de variété française et on nous oblige à entendre ce qu'il y a quasiment de pire du troupeau! D'où viennent-ils ?qui les a fait ?Là encore, il est difficile d'établir une généalogie -alliances récentes comprises- le show-bizz s'enfermant dans toutes sortes d'identités d'emprunt : mais le résultat est tel, et si semblable à ce qu'on voit ailleurs qu'on devine – et les hebdo people le confirment le plus souvent- un système de cooptations « familiales » qui ferme le « marché ».


La question est maintenant celle-ci : comment se fait-il que ces professions privilégiées et difficiles d'accès puissent se trouver dans les mains d'une minorité qui contrôle le système?


Autrefois, la France -pour ne parler que d'elle- connaissait une guerre ou une révolution tous les trente ans environ. Laquelle s'ajoutait à une mortalité plus précoce. Ainsi, de 1914 à 1918) mourut une grande partie des intellectuels jeunes et moins jeunes, ce qui permit à la génération survivante de se faire une place dans la littérature, les arts et les médias de l'époque. D'autant plus que la radio était encore à ses débuts: places à prendre + population jeune = dynamisme et nouveauté.

Plus tard, ce fut la seconde guerre mondiale et les bouleversements que l'on sait : fortes mortalités dans certaines élites, élimination des collaborateurs de la scène des décideurs (trop peu),arrivée de plusieurs générations de jeunes, notamment sur le nouveau média qu'était la télévision. La sclérose fut évitée grâce à l'arrivée du rocket des variétés anglosaxonnes et, en 1968, l'apparition de nouvelles têtes à la télévision. La multiplication des chaînes aurait pu éviter l'immobilisme et la médiocrité actuelle : mais les familles étaient installées, et le modèle des télés étrangères sonna le glas d'un dynamisme national.


Ce que j'ai dit pour les entreprises et les médias l'est aussi, bien sûr, pour le personnel politique : je serais curieux de savoir le nombre de maires et de députés qui, actuellement, doivent leur sinécure de privilégiés nationaux au seul fait qu'il sont les enfants ou petit-enfants d'un élu plus ancien, sorte de patriarche qui , comme dans la Bible et les civilisations anciennes, non démocratiques, veille, même après sa mort, au destin de sa famille.


Nicolas Sarkozy, descendant d'une vieille famille hongroise de petite aristocratie terrienne, n'hésite pas à refonder -est-ce cela la « rupture ?- une nouvelle dynastie à Neuilly, comme le firent en d'autres temps, Giscard d'Estaing et Mitterrand. Il a nommé son fils conseiller municipal, après avoir choisi le futur maire.

On ne pouvait souhaiter exemple plus exemplaire.

« Je suis la mouche: que vivent mes asticots » dit le vieux diptère.


Ferons-nous l'économie d'une révolution?



31/12/2007
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