toupour le zooh

à prpos de l'article de Philippe Ridet "Ma vie avec Sarko"

   Entretien avec Philippe Ridet

 

 

Revenant de Nancy en voiture – mais ç'aurait pu être de Paris ou de Nantes-, je suis tombé incidemment sur une émission de France Inter où un journaliste du Monde, Philippe Ridet, expliquait ses relations avec Nicolas Sarkozy qu’il suit dans la campagne.

Philippe Ridet est l’auteur de l’article intitulé « Ma vie avec Sarko » paru dans le Monde du 19 février.

 

J’ai commencé à écrire ce texte sans avoir lu l’article en question, que j’ai copié-collé et dont je vous entretiendrai dans une seconde partie, si l’article en question me paraît plus intéressant que l’interview. Je ne veux pas me laisser influencer et vous livre mes impressions après l’écoute de l’émission.

L’impression générale est celle d’un malaise. Entendre un journaliste expliquer la connivence qu’il existe entre lui  -et la plupart des autres journalistes- et le ministre-de-l’intérieur-qui-fait-sa-campagne est d’abord une source d’étonnement puis d’une sorte de rejet : on a l’impression d’assister à une relation de copain-coquin, avec cette ambiguité qu’introduit la fascination du journaliste pour Sarko, dont il parle comme une sorte de gourou, qu’on charge de compliments (« IL aurait fait un excellent patron de presse »), de qualités (« ce parler direct, pas de off, tout est in… »), comme si dire n’importe quoi le mardi et affirmer le contraire le mardi était une qualité. La foi dans l’aveuglement , la fascination de la mangouste pour le serpent, cet espèce de relation amoureuse du dominé pour le dominant (même quand il répète « vos articles de merde », on sent la merde bénie par la bouche de Saint-Jean –c.. les journalistes).

Le cas est pathologique : l’interview devient une sorte de confession d’un journaliste du siècle qui ne maîtrise plus ni son attirance, ni son admiration, ni son métier. Il l’avoue : marche avant, marche arrière, on n’est plus dans la recherche de l’information, mais dans le carroussel amoureux. On ne se laisse pas aller : ce n’est pas une valse. On se donne. C’est un tango.

 

Côté Sarkozy, le personnage apparaît comme en creux. Entendre parler de lui donne une autre dimension, plus humaine, à l’agité. On comprend mieux tout à coup le souci qu’il avait de faire ficher les enfants aux troubles précoces. Il sait que certains peuvent devenir des terreurs, des délinquants. Il sait aussi que d’autres, les mal aimés, les complexés, les détruits-à-reconstruire (sans cesse) voudront peut-être, devenir Président. Et gagner, par le pouvoir, l’énergie de l’ambition, la patience forcée de l’araignée accrochée à sa toile, tout cet amour, cette reconnaissance d’amour refusée autrefois (mais où elle est sa Maman ? et son Papa ? L’ont-ils abandonné très tôt, pauvre petit Poucet ?) mais qu’un entourage attentif (les journalistes, sa garde rapprochée, l’affection virile des CRS et de leurs beaux camions) puis un vote massif de citoyens français enthousiastes gagnés de sympathie pour ce petit bout d’homme si entreprenant et qui a tant d’idées pour eux, pour nous, pour nous tous ; et gagner, disais-je, par le pouvoir, et grâce au pouvoir, tout cet Amour si longtemps refusé (la dernière fois n’est pas si loin : un (futur) président cocu, c’est une épreuve qui vous change en homme), l’Affection Reconnaissante de tout un Peuple !

Décidément,  Philippe Riquet n’est pas si mauvais journaliste : il parle de ce qu’il connaît bien pour l’avoir vécu de l’intérieur : la quête d’un homme en mal d’affection. C’est tout.

C’est juste grave quand on vit dans une démocratie, qu’on attend des journalistes une information pas trop partiale, un comportement pas trop manipulé, une vision de leur métier ni infantile, ni complaisante.

C’est juste grave.

Quand on reste journaliste.



19/02/2007
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