A propos de la loi Macron
LA LOI MACRON
J'ai imaginé le soliloque d'un député de droite lambda, affilié à l'UMP plus par ambition et confort que par conviction
"Je l'aurais bien votée, la loi Macron, je l'aurais bien votée. Mais alors envolé mon siège de député, et mon réseau d'amis, de soutiens...fini la prébende régulière qui faisait ronronner ma femme d'aise, et illuminait les yeux trop souvent éteints de mes deux adolescents...terminé la considération de certains de mes électeurs et électrices, éteinte l'admiration des groupies aux meetings locaux, disparue la poignée de main virile des adversaires de mon parti, celle, servile, de mes obligés...
.La loi Macron, c'est sûr, je l'aurais bien votée. Mais si j'avais pas été tout seul, ou alors pas complètement tout seul...Noyé dans une vingtaine d'hommes et femmes honnêtes et décidés, d'accord...mais des députés honnêtes – je veux parler d'honnêteté morale, au moins un vernis de vertu - et décidés – je veux parler de ce genre de décision responsable qu'on prend seul-, je n'en vois quasiment pas autour de moi. Ou alors, il font comme moi : ils se cachent …
La Loi Macron, je l'aurais bien votée : nous aurions pu la faire il y a 5 ans, il aurait fallu la faire il y a 5 ans, pour amorcer la pompe, je veux dire pour mettre en route les réformes que nous demandions, que nous réclamons encore. Oh, une toute petite loi pour la Droite...mais un grand pas sur le chemin des Réformes...
Mais voilà, on a été paralysés 5 ans par le Petit, pétrifié par son agitation, et nos idées, nos belles idées, nos projets, gélifiés dans la tambouille politicarde qu'il mijotait tous les matins, avec ses sondages à la con.
Un quinquennat à la con, voilà ce que nous avons vécu, tiraillés à hue et à dia par les sondages, par les médias, par les affaires, par ...par rien, en fait. Juste la peur de déplaire, ou de se faire juger, écarter, rabaisser...une peur de gosse, mais viscérale, tellement ancrée dans le quotidien, avec l'énergumène qui se démenait, si bien qu'on a laissé passer 5 ans à ne rien faire.
Non, pas vraiment à ne rien faire : à faire des conneries, du genre intervention en Lybie, ...et à suivre le guide, incapables même d'imaginer une loi Macron. Je dis pas la rédiger, je dis pas la voter : l'imaginer !!
Il y a des moments où j'admire les socialistes : oser proposer un ensemble de lois de centre droit contre leurs convictions profondes, contre leur programme, il faut le faire ! Et pour quelques uns, s'y opposer !
Des trucs qu'on n'oserait pas faire à droite, c'est sûr ! Des hommes, quoi !
Et maintenant qu'elle nous tombe toute cuite dans les pattes, la loi Macron, qu'elle nous arrive toute rose dans le bec, sans qu'on n'ait rien fait, et qu'on devrait battre des mains, on nous dit « Faut pas voter pour! »
Et on la vote pas : elle va passer par le 49-3, la gauche d'opposition va passer pour des cons et nous, qu'est-ce qu'on aura gagné ? Rien . Juste l'approbation méprisante du Petit, qui nous colle encore aux chausses comme de la boue, on secoue un peu, mais ça tombe pas comme ça, les trucs qui tiennent avec des sondages...
Et vous imaginez pas les résultats sur l'opinion...
Mais je conserverai alors mon siège de député, et mon réseau d'amis, de soutiens...,la prébende régulière qui fait toujours ronronner ma femme d'aise, et illumine encore pour quelque temps les yeux souvent éteints de mes deux adolescents...je retrouverai l'admiration des groupies aux meetings locaux, la poignée de main virile des adversaires de mon parti, et celle, servile, de mes obligés.
Il y aura d'autres lois...
Et j'oublierai..."