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Lapsus de Nicolas Sarkozy : l'Est Répu s'emmêle

A propos de la chronique intitulée « MATCH » et signée Phlippe Jarassé (Est Répu du 25 sept 2009)





La chronique de ce jour revient sur le « lapsus » de Nicolas Sarkozy lors de l'interview à France 2.


Je mets « lapsus » entre guillemets car l'intelligentsia s'interroge.

Certains pensent que le Président maîtrise suffisamment le verbe pour savoir la différence entre coupable et prévenu. J'ai même entendu à la radio un membre du PS dire que le Président était un redoutable avocat et qu'il avait prouvé sa capacité de discours dans maintes affaires. Jamais entendu parler d'une quelqconque plaidoirie remarquable du susdit : cela se saurait. Serait en boucle sur le Net pour le moins, et en vedette sur le site de l'UMP.


Le Président, sans sa béquille Guaino, est plutôt un redoutable bafouilleur, dont le vocabulaire est limité.

De là à ne pas connaître la différence entre coupable et prévenu...

D'autres pensent qu'il s'agit d'un sursaut (victorieux) de l'inconscient, dans une affaire qui apparaît sous son véritable jour : une rivalité de cours d'école dans une classe de CM2 entre un meneur beau-grand-et-fort (en gueule, et pas seulement) et le petit qui veut se venger d'une avanie subie il y a longtemps, peut-être même en Maternelle.

C'est possible : il y a toujours, dans Nicolas Sarkozy, ce côté infantile qui le fait passer du « bling-bling »au « moi-je » aussi facilement qu'il passe de la posture de l'invité de Bolloré (pas loin du yacht aux radars) ou chez un quelconque filou d'outre-mer, à celle de vendeur de Raphale pour la maison Dassault (encore que là, il peut se prévaloir de l'intérêt de l'Etat qui ne serait plus, en cas de vente au Brésil, le seul à supporter le coût pharaonique d'un avion certes à la pointe du progrès mais difficile à piloter, tous les pays n'ayant pas les moyens de payer des Bac plus 8 pour s'abîmer en mer).


Je reviens – c'est incroyable ce qu'on digresse vite à l'ère Sarkozy, car il y aura une ère Sarkozy, vous verrez – à cette chronique de l'Est Répu.


Je recopie : «  Sarkozy coupable? Si l'on s'en tient à l'article 9 de la Déclaration des Droits de l'homme de 1789...(etc)...il a droit lui aussi à la présomption d'innocence. »

La suite de l'article développe la comparaison entre l'innocence présumée de Nicolas Sarkozy et celle, elle aussi présumée, de Dominique de Villepin.

Argumentation spécieuse (notre chroniqueur aurait-il fait ses humanités chez les bon Pères? ) qui révolte le bon sens...et la morale.


Car tous les spectateurs ont vu et entendu Nicolas Sarkozy prononcer le mot « coupables » pour désigner les prévenus.

Alors que personne ne peut dire – sa uf l'un ou l'autre des prévenus, qui pourront être animés, non pas d'un esprit de vérité, mais plus simplement, d'un intérêt personnel -qu'il a vu et/ou entendu Dominique de Villepin prononcer ces mots (ou leur équivalent) «  S'il vous plaît, merci d'ajouter le patronyme de Nicolas Sarkozy à cette liste-bidon », adressés à qui?

Nicolas Sarkozy -lapsus ou pas- savait qu'il s'adressait non pas à ces deux journalistes qui ont bien tenté par moments de passer de l'état de moquette à celui de peau-de-tigre-devant-la-cheminée, mais à plusieurs millions de Français.

Le bon sens l'emporte sur la perversité de Philippe Jarassé : les Français savent aujourd'hui que Nicolas Sarkozy est « coupable » d'avoir utilisé le mot. Et ils savent aussi que :

  • Dominique de Villepin ne sera coupable que s'il est jugé coupable (et encore beaucoup en douteront)

  • Nicolas Sarkozy a outrepassé ses droits de Président, ce qui lui aurait valu peut-être, en d'autres temps, de comparaître devant la Cour de Justice de la République.

Voilà pour le bon sens.

Pour ce qui est de la morale, voici.

Voir et entendre le Puissant accuser sans légitimité -car il s'agit d'une accusation- le plus faible alors que celui-ci ne peut se défendre « à armes égales » (ici la disproportion ne fait aucun doute) ; voir et entendre le puissant accuser sans légimité le plus faible devant des millions de spectateurs, en passant par au-dessus de la Justice, dont il est le garant ; voir et entendre le Puissant accuser le plus faible en se protégeant de la Loi, qui le fait injugeable, de l'Opinion, qui l'a fait Président, de l'écran, qui le protège et le magnifie, des journalistes, qui l'encensent, de la télévision (et des médias) qui le multiplient, cela est inopportun et déplacé - le Président des Français se doit d'être un « Autre »homme et se doit de renoncer, sinon à sa petitesse, au moins à ses bassesses – et pour tout dire immoral.

Non pas seulement immoral par le contenu de cette accusation, mais aussi immoral parce qu'il rabaisse la fonction présidentielle confiée par le Peuple de France, qu'il rabaisse l'homme qu'il devrait être en montrant, lapsus ou pas, l'homme qu'il est.

En se trompant de mot, il nous trompe.


D'ailleurs je n'ai jamais entendu un homme politique français répéter aussi souvent en aussi peu de temps qu'il ne mentait pas, qu'il ne voulait tromper personne, qu'il disait toujours la vérité : un véritable festival qui ne peut tromper que les plus cyniques, comme ce Xavier Bertrand, Président de l'UMP, qui a eu ce raisonnement spécieux :

« Est ce qu'un seul nom a été cité par le Président? Alors où est le problème? »


Encore un qui a été à l'école chez les Jésuites?



26/09/2009
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