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OPINIONS : Dieux par deux

Depardieu.

Depardieu dans son meilleur rôle. Non pas celui, prochain, d'un notable un peu fort lutinant une femme de ménage dans un hôtel de luxe – on peut trouver ce genre de video sur certains sites spécialisés pour pas un rond- mais dans celui, qui lui convient mieux, de fou-du-roi, façon XVIème siècle, encore un scénario que nous risquons de trouver sur nos écrans petits et grands.

Celui de l'exilé fiscal. Celui de l'ex – s'il est, fiscal – représentant d'une certaine idée de l'identité française (?) qui irait d'Obélix au héros du film Mammouth (c'est le nom de la moto).

Plutôt : celui de l'émigré, période 1793, le « ci-devant qui gardait ses propriétés en France sous le nom d'un compère – d'une société aujourd'hui -pour les récupérer plus tard, sous l'Empire (on ne saurait mieux trouver ) ou à la restauration.

Anarchiste de droite, pactisante girouette virant dans le sens du pouvoir, malentendant enfant, mal comprenant adulte – il se plaint que les Français ne l'aiment pas assez !- Gérard Depardieu est un acteur-comédien- ce qui devrait contenter tout le monde – immergé dans un rôle qui n'a de réalité que dans la bulle où il vit.

Pas la mienne. Pas la vôtre. Pas la nôtre. Trop chère. Si particulière. Artificielle pour nous. Réelle pour tous ceux qui comme lui vivent dans ce monde people. Aussi ne pouvons nous les juger que par rapport à notre monde. Aussi ne peuvent-ils comprendre le nôtre.

C'est pourquoi ils vivent en Belgique, en Suisse, en Russie bientôt, là où ils peuvent poser leurs fesses et leur fric, sans arrière-pensées (remords ?) , recevant les honneurs que leur décerne leur patrie d'origine, bien à l'abri cependant dans leurs résidences où ils paient parfois moins d'impôts que les citoyens nationaux.

Être citoyen d'un pays où on place ses sous : un idéal pour beaucoup. La petitesse prend parfois des proportions énormes.

Le paradoxe est que parmi ces gens-là, comme aurait dit Jacques Brel, cet « exilé » belge en France, beaucoup font partie de la liste des personnes les plus populaires de France.

Vieux pays de catholicisme : ils ont fauté, on leur a beaucoup pardonné.

Ceci pour faire la transition avec la manifestation qui a lieu en ce moment contre le mariage pour tous . Dont je ne connais pas le résultat. Souhaitons simplement qu'au retour, tous ces bus et autres moyens de locomotion n'aient pas d'accident. On pourrait y voir la volonté de Dieu.

Les évangiles ne se sont jamais prononcé ni sur le mariage religieux, ni sur le mariage civil. L'un et l'autre – je me suis exprimé là-dessus dans un billet précédent- sont venus plus tard et dans l'ordre chronologique annoncé. Il n'y a rien à dire sur le mariage religieux, dont les fondements tiennent de la foi, donc d'un domaine qui ne participe ni du raisonnement, ni de la démonstration, mais de l'adhésion aveugle, les « raisons » ne venant qu'en « surplus » justifier l'adhésion.

Je ne reprendrai pas l'argumentation ni des uns ni des autres.

Je serai court : le fait que l'Eglise catholique ait projeté des rencontres-débats sur ce thème dans des établissements scolaires liés à l'Etat donc la collectivité nationale, laïque du fait de la Constitution -– qui paie notamment ses enseignants et subventionne, directement ou indirectement les établissements liés par contrat – le fait qu'elle ait défendu cette position, contraire à tout bon sens et à toute honnêteté, s'adressant à un public pour l'essentiel mineur, relève de la provocation. Et d'une provocation politique.

Et le fait qu'elle ait favorisé, participé, encadré parfois la manifestation de ce dimanche est une imposture.

Car le mariage civil ne relève nullement d'une conviction religieuse : il est un engagement mutuel de deux personnes face à une collectivité laïque, engagement réglementé par la loi.

Les Eglises, toutes religions confondues, qui se sont mêlées à cette mascarade politique, feraient mieux de s'occuper de leurs affaires : baisse de fréquentation, dérives sectaires, mœurs discutables, oubli des messages de paix et de solidarité, dont toutes se réclament.

Le mariage pour tous est du domaine du législatif, de la loi, dans un état laïc : ce n'est pas le Carnaval des Dieux.