toupour le zooh

Comme une république bananière : chronique d'opinion


Les commentateurs s'interrogent sur les dérives monarchiques du pouvoir exécutif actuel, sans se demander vraiment pourquoi notre Constitution, pourtant démocratique dans ses principes, et jusque là ayant réussi à garantir, bon an, mal an, à préserver un  système républicain, permettait, bizarrement, ces perversions répétées et ces débordements -qui frisent parfois le ridicule, on l'a vu avec les affaires de Saint Lo.

Parallèlement, un grande majorité des états d'Afrique, qui ont hérité des colonisateurs -anglais et français- de systèmes politiques voisins, se retrouvent, de fait, aux mains d'une clique de "puissants" organisés en mafia, qui mettent le pays en coupe réglée, malgré des textes qui garantissent les libertés essentielles.


De la lecture simultanée de l'excellent livre (policier) "Branle-bas  en noir et blanc" de Mongo Beti, écrivain camerounais majeur, et d'un article portant sur le récent voyage politique de Nicolas Sarkozy à Nîmes, je crois, où le puissant orateur fit un discours devant quelques centaines de CRS, la population étant, comme au temps de Catherine II (de Russie) soigneusement tenu à l'écart, le souverain, depuis certain match de foot, exécrant les sifflets -, de la confrontation donc de ces deux textes m'est venue l'idée que nous dérivions, non pas vers un quelconque système monarchique hérité du passé - parfois la tête de la bête repousse, qu'il faudra à nouveau couper - mais, plus grave, vers un république bananière.
Certains signes le laissaient prévoir : les montres, l'augmentation des "coûts" présidentiels, la recherche d'une première dame colifichet, le petit avion du petit monsieur, bientôt les comptes en Suisse (s'ils n'y sont déjà).


Pour en apporter la preuve, ce court extrait du livre susnommé, où le héros Eddie et son ami Georges se retrouvent dans un taxi à Douala un jour de fête pendant lequel le Président doit se déplacer.

"Eddie lui exposa alors que la ville était divisée en deux, comme une pastèque, par un axe qui, parti du sud et filant au nord, réliait l'aéroport au palais présidentiel, et que, quand le Président se rendait à l'aéroport ou en revenait, comme il arrivait souvent, car c'était un grand voyageur, une espèce d'oiseau migrateur, le passage de l'une à l'autre de ces deux zones était interdit aux véhiculkes automobiles durant des heures entières, sinon pour la journée."
Après quelques précisions apportées à son ami Georges:
- Si je raisonne bien, poursuivit le toubab, l'activité économique est paralysée pour une journée, parce que le Président sort de son palais?
 - Et alors, ça vous étonne? Quelque chose vous étonne encore dans ce pays?..."

Nous ne sommes pas loin de cette situation : on a vu ici et là des gens empéchés par les forces de police de rentrer à leur domicile (même une dame âgée) parce que le Président discourait...pour la photo, devant un parterre vide. On se souvient peut-être aussi de ce voyage en Corse où la ville d'accueil comptait environ 1 policier pour 15 habitants.

Nous glissons (dans la merde) vers une république bananière



03/02/2009
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