toupour le zooh

Service minimum

Service public et service minimum

 

 

 

Il y a quelque chose de touchant dans les contradictions du discours néo-libéral. J’ai écrit il y a quelque temps que nous avions un gouvernement mené par des anarchistes de droite. Seraient-ils conséquents que l’erreur idéologique qui les entraîne sur la pente glissante du désordre économique et de l’affrontement social serait pardonnable : le néo-libéralisme, comme le marxisme-léninisme le fut en son temps, est la dernière aventure infantile du capitalisme. Il faut leur pardonner les fautes que les enfants font avec un nouveau jouet dont ils ne connaissent ni l’usage, ni surtout les limites. On peut juste souhaiter qu’ils le cassent avant de se (et de nous) faire trop de mal. Et trop longtemps.

 

« Ou ils nous mentent, ou ils ne savent pas ce qu’ils disent » (entendu à un comptoir de bistrot).

 

La contradiction est flagrante lorsqu’on rapproche deux expressions, par exemple « service public » et «  service minimum »

Peut-on d’une même voix – d’un même organe même- demander la disparition des Services Publics , notamment les bureaux de poste ruraux, la distribution à tous de l’énergie (pour l’eau, c’est malheureusement fait depuis longtemps) aux mêmes conditions, les transports collectifs jusque dans les zone reculées, et ce au nom d’une « rentabilité » dont on ne voit pas bien ce qu’elle représente, sinon qu’elle est avant tout financière (pour qui ?), peut-on donc supprimer ce qui représente, dans notre devise, la première des égalités, l’égalité devant les services( dans lesquels j’inclus la Justice, l’Education, les organismes de sécurité, les administrations, la Santé, les Pompiers etc) et demander en même temps l’instauration d’un service minimum ?

 

Je suppose que, dans la pensée de nos dirigeants actuels, l’exigence de service minimum, une fois imposé, sera maintenu après les privatisations. Qu’en est-il des sociétés déjà privatisées : France-Télécom , Air-France sont-elles tenues d’assurer un « service minimum » ? Qu’en est-il des sociétés privées : La Lyonnaise , la Générale des eaux sont elles obligées, par contrat, de livrer un « service minimum » de l’eau ?

 

Le service minimum*, ô ambiguïté de l’adjectif !,  n’est-il pas assuré par la liberté de grève ?

 

Peut-être nos dirigeants pensent que le démantèlement des services publics, livrant les sociétés et leurs employés à la concurrence, limitera les grèves –il suffira d’employer un « service minimum » d’intérimaires soumis à la direction. Que nous appellerons, comme au bon vieux temps de leurs parents, « les jaunes ».

 

Dans ce cas il faut le dire : livrons le pays à l’anarchie. Il y aura toujours quelqu’un quelque part pour assurer le « service minimum », quitte à apporter le maximum de dégâts.

Le minimum, c’est simplement le « mieux que rien » !

 

Politique aventureuse qui promet ce qu’elle ignore  pour mieux abandonner ce qu’elle connait.

Dans cette course, il est vrai que Sarkozy, caméléon gesticulatoire, est le mieux placé : courant sur une planète en rotation, il croit, pauvre écureuil, que c’est le mouvement de ses pieds qui la fait tourner. A la fois Don Quichotte , Sancho Pança et Moulin à Vent, il réunit en une seule personne tout ce qu’on souhaite et tout ce qu’on déteste : l’aventure et le confort.

C’est beaucoup.

Mais il incarne aussi, dans le miroir où il se regarde tous les matins en se chantonnant « Je suis le président.. » sur l’air « Ah ça ira », les Moulins de la Politique qui brassent vainement l’air – croyant souffler le vent - et qui ont perdu, comme celui de Maître Cornille, la faveur des moissons.

Et cela, c’est trop !

 

 

*L’appellation «  Service minimum » est mal choisie : ne faudrait-il pas mieux parler de « service indispensable » de « service de base », de « service nécessaire », même si chaque adjectif présente des inconvénients ?

Car le mot « minimum » atteint son ambiguïté…maximum lorsque vous êtes dans une gare privée de l’essentiel de ses trains. Dans ce cas, minimum  est bien le mot juste, qui qualifie un service réduit à son plus petit degré…à une seule condition : qu’il reste un seul train.

Peut-on alors parler de service ?



16/12/2006
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