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Séries ango-saxonnes : la suite

Séries anglo-saxonnes : les dessous du suspens (2)

 

Second article sur les séries policières anglo-saxonnes.

Je ne reviendrai pas sur leurs qualités, réelles, mais comme dans l’article précédent, qui faisait état de la facilité scénaristique qui consiste à prendre des héros agissant sous deux identités, une réalité dans ces étranges pays, je m’attarderai à développer encore une fois l’idée que la criminalité spécifique de ces séries est attachée à la culture de leurs habitants, notamment en ce qui concerne l’aspect juridique, ici de l’héritage.

 

La plupart des affaires criminelles racontées dans les séries françaises tournent autour de deux pôles : le premier est le crime, prémédité ou non, mais causé par la jalousie.

Le ou la criminelle tue son rival ou son conjoint (ou les deux) sous l’emprise d’un sentiment. Immédiat, c’est le coup de sang. Calculé, c’est la vengeance.

Cette rivalité peut se déplacer – mais on est encore dans le domaine de l’exacerbation des sentiments – dans le domaine sportif, professionnel, ou personnel.

Le second pôle, plus froid, plus calculateur est le crime commis sur un maître-chanteur, ou pour régler un vieux différent entre deux familles, ou pour éliminer un ou plusieurs témoins d’une faute, antérieure ou récente (détournement d’argent, perversion sexuelle etc).

Restent les crimes de droit commun : règlements de comptes, viols suivis de meurtre, kidnapping qui tourne mal, vols, attaques à main armée et plus récemment terrorisme (une véritable mine encore peu exploitée).

 

Peu de crimes familiaux pour cause d’héritage, ce qui est le fonds de commerce des séries anglo-saxonnes, qui baignent dans le sang, la jalousie et surtout l’appât du gain.

 

Ce qu’il est nécessaire d’expliquer.

S’il y a peu de crimes « d’héritage » en France – hormis les femmes encore jeunes qui jettent leur dévolu sur un homme plus âgé de préférence malade- c’est en raison de la législation.

 

Quelle que soit la volonté du légateur, testament ou pas, il existe une « part incompressible » qui concerne le conjoint et les descendants directs.

Seul le reliquat peut être cédé de la volonté du légateur à une ou des personnes, associations, fondations etc.

Ce qui explique que peu de conjoint et descendants prennent le risque de passer 20 ans en prison pour un assassinat dont le revenu est incertain quand il suffit d’attendre !

Ce qui explique aussi que les intrigues tournent bien souvent à l’assassinat des proches avant le décès de l’un ou l’autre des légateurs.

 

Dans les séries anglo-saxonnes (je n’ai pas trouvé de statistiques sur les causes des crimes par pays dans l’Union européenne ), les crimes « familiaux » sont à la fois plus nombreux et plus complexes.

En cause, la loi qui permet de déshériter ses proches (sauf depuis peu une « réserve financière suffisante » accordée au conjoint).

D’où évidemment tous ces scénarios qui s’appuient sur un testament -son existence ou non ?- son contenu, ses modalités et la date de la signature devant 2 témoins, nécessaires et souvent inconnus ou difficiles à retrouver, ou ce ne sont pas vraiment les signataires etc.

Conséquence immédiate : il est urgent de liquider le papa, la maman, l’oncle, la tante et quelques frères et sœurs, parasites et concurrents...

 

Facile pour les Agatha Christie et autres scénaristes au plus petit pied d’imaginer des intrigues tortueuses et pleines de suspens...

Notons que le Droit Européen récent permet depuis 2015 ce genre d’acrobaties : les Français pourront bientôt, comme au-delà du Chanel, déshériter leurs enfants.

Des scénarios sanglants et familiaux s’annoncent, hexagonaux cette fois...

extrait :

« Imaginez une vieille dame multimilliardaire, héritière d’un grand groupe français de cosmétiques… ça ne vous dit rien ? Imaginez qu’elle se soit entichée d’un jeune photographe qui sait la faire rire… ça ne vous dit vraiment rien ? Et qu’elle soit en délicatesse avec sa fille unique ? Est-il encore utile de vous préciser à qui nous faisons allusion ? Et bien, aujourd’hui, cette vieille dame, bien conseillée, pourrait parfaitement rédiger un testament qui retirerait à sa fille l’essentiel de ses droits à la succession. Le plus légalement du monde. »

 

L’article est à lire dans Challenge

http://www.challenges.fr/patrimoine/déshériter ses enfants



17/07/2016
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