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Se loger à Paris

Il y a un siècle, et c'était hier.

On ne trouve plus à se loger à Paris.

 

«  On ne trouve plus à se loger ! Tel est le cri des Parisiens, à quelque classe qu'ils appartiennent et quelque soit le budget dont ils disposent. Au moment où le terme d'avril rappelle l'attention sur cette question des loyers, dont l'actualité se fait si âprement sentir, demandons-nous d'où vient cette terrible augmentation dont tous ont à souffrir, et cherchons quel remède on peut essayer d'y apporter . »

Le texte ci-dessus est le chapeau d'un article extrait de la revue « Lectures pour tous » daté du 1er avril 1913.*

Relevant plusieurs articles de la presse actuelle sur la recrudescence de la tuberculoe, et les conditions, dramatiques souvent, parfois inhumaines, de logement dans le Paris de ce début du XXIème siècle, j'ai eu comme un doute : j'avais déjà lu le même genre d'article. Retour sur l'Express des années 70, sans succès ; puis les Paris-Match de 1954, avec l'appel de l'abbé Pierre. Mais ce n'était pas cela.

C'est en fouillant une vieille pile de revues mensuelles du début du XXème siècle - cela semble si loin – que j'ai retrouvé les articles en question.

Les sous-titres pourraient faire la une des journaux d'aujourd'hui :

« Et les loyers montent toujours » ; « Tous les quartiers sont atteints « ; «  Le budget de la famille est déséquilibré » ; « Les humbles sont mis sur le pavé » ; « Moins de logements pour plus d'habitants ».

Sous une illustration - une vague déferlante sur la carte de Paris – cette légende : «  Près de 400 mille voyageurs, voilà de quoi se compose le flux énorme d'habitants de banlieue qui submerge Paris chaque matin ».

Des chiffres enfin ; en 1899, 40 mille appartements à louer ; en 1913, 8 mille appartements à louer.

« En 5 ans le prix au mètre carré a triplé. »

Un autre article, dans la même revue et son numéro de novembre 1913, met en garde les responsables politiques sur les dangers d'une telle situation, « une question à régler d'urgence », en raison des problèmes de santé, d'alcoolisme et de criminalité juvénile. L'auteur, Alexandre Ribot, insite sur le volet social de nécessaires remises en cause.

« Ces rudes travailleurs ...ne sont-ils pas des hommes comme nous ? »

«  Mais n'est-ce pas un scandale, une honte que de voir à Paris des familles ayant de nombreux enfants, à la recherche d'un domicile qu'elles ne trouvent pas ? »

Modeste, il propose d'agir par la loi pour permettre le prêt aux plus pauvres :

«  Nous avons fait voter cette année un petit article de loi qui permet aux Sociétés mutuelles d'agir, à l'égard de leurs membres, comme les sociétés de Crédit Immobilier... »

 

On peut imaginer que ces appels de journalistes et d'hommes politiquesd'autrefois puissent rencontrer, un siècle après leur rédaction, un écho auprès des responsables actuels : la situation est dramatique.

D'autant plus qu'on sait aujourd'hui que les classes sociales les plus mal logées des années 1900 ont été décimées par la grippe espagnole (virus H1N1, eh oui !) : la pauvreté est un terrain qui favorise l'expansion des pandémies.

Ce qui nous ramène à l'époque actuelle : un siècle après, la situation des plus démunis a peu changé.

Il y a un siècle et c'était hier.

Et c'est encore aujourd'hui.

 

* mais ce n'est pas un poisson d'avril.



01/01/2011
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