Réforme Darcos : les Inspecteurs à la veille de la démission?
Et les inspecteurs de l'Education Nationale?
La réforme de l'Ecole Primaire pose un problème que peu de médias-pour ne pas dire aucun, mais je ne lis pas tout, même si je ne lis pas n'importe quoi, et c'est de plus en plus difficile – ont évoqué : la démission massive des Inspecteurs de l'Education Nationale en charge de l'Enseignement élémentaire à la rentrée 2008-2009.
On se souvient de la vague de démissions quand, à la suite de la Réforme Haby qui avait supprimé dans l'enseignement de l'Histoire l'étude des dates et de la chronologie jusqu' en 6ème et 5ème de Collège -les psychologues de l'époque, déjà à côté de leurs pompes, et ils ont peu progressé, imaginaient que des enfants de ces âges sont incapables de comprendre la succession des événements dans le temps et préféraient attendre un âge optimum (?) , un peu comme s'il fallait attendre qu'un enfant marche pour lui apprendre à marcher. Enorme vague de démissions d'inspecteurs qui avaient enseigné, puis conseillé et contrôlé les professeurs sur des idées contraires à la Réforme. On comprend aisément leur position et leur démission n'était que la suite logique d'une décision honnête : comment conseiller et noter des collègues enseignants, les mêmes que les années précédentes, sur des critères qu'eux-mêmes n'avaient jamais défendus jusque là -et sur lesquels ils n'étaient, en majorité, pas convaincus. D'autant plus qu'il s'y ajoutait la grave nouveauté des l'histoire thématique, ovni historique s'il en fut : c'était la mode!
On les félicitera de cette prise de position courageuse et rare dans le monde du travail, où l'on démissionne rarement au nom des valeurs que l'on défend.
Un autre exemple me vient, celui des désormais célèbres et presque mythologiques « Maths Modernes ». Du jour au lendemain, rappelons-nous , l'enseignement des mathématiques fut bouleversé de fond en combles (surtout combles), méthodes, philosophie,contenus, sous un véritable raz de marée de nouveautés (les parents en sont encore traumatisés, qui en parlent encore pour leur enfant, après plus de 15 ans d'abandon en rase campagne, et sans bruits), mal présentées à des enseignants mal préparés.
A l'époque de la mise en place des Maths Modernes, peu d'Inspecteurs, pourtant mal préparés au bouleversement, avaient démissionné, la surprise peut-être, la foi pour d'autres.
Mais au moment où furent abandonnés les Maths Modernes, un véritable déluge de démissions s'abattit sur l'Inspectorat général. Désorientés mais honnêtes, les Inspecteurs, qui avaient avec sévérité et diligence, conseillé, contrôlé, noté, dégradé parfois, les collègues enseignants au nom des Sacrées et Saintes Maths Modernes, déposèrent avec fermeté leur démission, conservant leur honneur de chien de garde et de garde-chiourme de la Vérité Révélée Mathématique, et, dans la défaite, leur honneur (ou ce qu'il en restait).
Ils avaient eu tort, c'était un fiasco, mais la rupture avait été belle et durable, même si l'expérience était un échec. Ils payaient de leur place la Grandeur au Service de la Nation.
Trompette!!!
Il en est ainsi à chaque rupture, à chaque modification des philosophies d'enseignement, des méthodes et des programmes de l'Education Nationale : le magnifique corps des Inspecteurs, ignorant bien souvent les nouveautés (eh, oui, j'ai vu ça!), comme un seul homme, applique la nouvelle politique – avec fermeté, parfois aveuglement, mais avec la fidélité d'un rodviler, le genre de chien qui vous ramène votre journal mais ne peut pas déserrer la mâchoire)- mais DEMISSIONNE LORSQU'ELLE CHANGE!!
Verrons-nous, à la rentrée prochaine, s'amonceler sur le bureau de Monsieur Darcos les démissions de tous ces Inspecteurs, à qui on va demander, en 2009, de conseiller (au mieux), de contrôler, de noter, de stigmatiser (au pire) leurs collègues enseignants à partir de critères qui contredisent ceux qu'ils utilisaient pour conseiller (au mieux), contrôler, noter et stigmatiser (au pire) les professeurs des écoles en 2007 et 2008 (jusqu'en juin)?
Nous comptons sur l'intelligence et la probité de ce corps exceptionnel, nécessaire au bon fonctionnement des équipes pédagogiques, donc à ce grand vaisseau qu'est l'Education Nationale, pour montrer, par la démission massive, leur conviction quant à l'excellence des positions et des critères pédagogiquesqu'ils défendaient les années précédentes.
Sinon, dîtes-moi, on va où?
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Il va de soi que tout ce que j'ai dit des prétendues démissions suite à la réforme Haby et à l'abandon des Maths Modernes en plein champ est une pure fiction: CES GENS-LA NE DEMISSIONNENT JAMAIS. (enfin, pas pour ce genre de raisons)