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ONG : trop de 4x4 nuit

Trop de 4X4 nuit


On peut s'interroger sur l'efficacité réelle des associations non gouvernementales, dites ONG .


Pour avoir voyagé récemment à Madagascar, avoir interrogé des jeunes gens engagés dans l'humanitaire, avoir lu des comptes-rendus de ce qui se passe en Afghanistan, force est de constater qu'il existe une énorme déperdition d'argent, de bonne volonté, de travail réel sur le terrain, notamment en ce qui concerne les ONG les plus médiatisées.


Trop de 4X4 de luxe inutiles, trop de cadres, trop de villas de luxe nuisent à la fois à l'image des ONG dans le Tiers-Monde, mais aussi à leur rapport efficacité/dépenses.

En ce qui concerne les transports, la plupart des tout-terrains, climatisés, avec chauffeur et haut de gamme, ne quittent pas ou peu les agglomérations, sinon pour se rendre dans des villas, louées à des hommes d'affaires locaux, en cheville bien souvent avec des hommes politiques, quand ils ne sont pas la même personne. Pour ce qui est des transports « sur le terrain », bien souvent des vieilles automobiles -2CV, R4, 403 ou 404 – passent où des 4X4 ne sont jamais allés et n'iront jamais : je peux le dire, je l'ai vu.

Coopérant à la fin des années 60, à une époque où les Etatsuniens avaient abandonnés en Côte d'Ivoire passagèrement pour leur Peace-Corp les 2CV pour des Broncos Ford, j'ai constaté que la 2CV passait là où aucun tout terrain ne pouvait accéder : sa légéreté lui permettait de sortir « à bout de bras » de n'importe quel poto-poto quand les Broncos, s'il ne ruaient pas hors de piste- cas le plus fréquent – s'enlisaient irrémédiablement, debout sur leur arbre de transmission, les roues creusant leurs propres fosses.

La plupart des taxis de Madagascar sont des véhicules primitifs, facilement réparables –il existe encore quelques FAF, essai commercialement raté d'un véhicule adapté aux Tiers-Monde par Citroen dans les années 60 – et dont la maintenance est assurée sur place par des mécaniciens habiles autant qu'ingénieux. L'entretien annuel du moindre 4X4 dans ce pays équivaut au revenu  de plusieurs familles.


Cette remarques quant aux sommes colossales dépensées pour entretenir un parc de prestige dans des villes pour des cadres dont le niveau de vie dépasse celui des ministres locaux (revenus officiels s'entend) vaut aussi pour les villas louées à prix d'or. Je conçois qu'il faille parfois payer suffisamment les cadres des ONG pour assurer la qualité du recrutement. Mais il me paraît excessif – on sait qu'ils sont souvent payés à la fois sur place et en métropole- que leurs revenus représente plusieurs milliers de fois le revenu moyen local. Peut-être est-il nécessaire parfois pour une ONG de montrer son importance financière et politique, son « poids » ; peut-être doit-elle aussi, pour s'introduire dans certaines sphères du pouvoir, paraître, par le niveau de vie de ses cadres, au niveau des décideurs locaux qu'ils côtoient. Mais en terme d'efficacité et d'image, est-ce bien nécessaire de prendre ces décideurs pour des imbéciles, et les habitants du pays pour une sorte de « gisement » de misère à exploiter (quand ce ne sont pas les « bénévoles » eux-mêmes qui ont cette impression).

Dans tous les cas, les comportements sociaux apparents –grosse voiture, chauffeur, villa de luxe - de ces cadres nantis imposent face à la population l'image d'un néo-colonialisme bien réel, même si dans certains cas il n'est que de façade : l'illusion a autant de poids qu'une réalité que le « petit peuple » mesure à l'aune de sa misère. D'ailleurs, il ne fait pas de différence entre le propriétaire d'un 4X4 marqué UNICEF ou MSF, et celle du concessionnaire local d'une grande marque d'automobiles ou d'électroménager.


Surtout s'il est blanc.



12/10/2009
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