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Nicolas, superhéros

Nicolas, superhéros




Après quelques mois d'exercice présidentiel -exercice est le mot qui convient, dont le dictionnaire donne plusieurs synonymes suivant les situations : manoeuvre ; apprentissage ; pratique; période entre deux inventaires -, l'une des questions qui se posent à propos de Nicolas Sarkozy est celle-ci: pourquoi cette fascination pour un personnage plutôt antipathique et plus souvent classé dans les losers que dans les gagnants il y a encore quelques années.


La réponse vient de ce qu'il incarne, à force de gesticulations et d'événements, montés en sauce avec la complicité de médias aux ordres, une sorte de condensé des superhéros de notre enfance.


Dans le désordre:

  • Nous l'avons vu faire une escale de quelques heures au Tchad, puis s'envoler à Rome et dans le même temps ou presque atterrir en Afghanistan, pour y demeurer 6 heures : n'est-ce pas là le propre de Superman ou de Speedy, la souris atomique, ou, dans une autre mythologie, plus littéraire, ne tient-il pas de PeterPan ?

  • Il prend le parti de défendre « LA » Civilisation, je veux dire celle du monde anglo-saxon, face à des dictatures issues d'un Moyen-Age orientalisant, où se mêlent archaïsmes sociaux et technologies de pointe : nous voilà dans Flash Gordon (Guy L'Eclair en français) et son monde de space-opéra médiéval.

  • Il intervient à la hussarde pour défendre les infirmières innocentes (Lybie) et les écologistes kidnappées (je n'ajoute pas « innocentes », écologistes devrait suffire), et le voilà Zorro (sans son masque), et le mouvement récurrent des épaules explique mieux l'homme à la cape...sans cape.

  • Il s'agite, de répliques cinglantes « Descends, si t'oses!! » en gestes saccadés, comme pris parfois d'une surdose, naturelle on le suppose, d'adrénaline : le voilà pour un moment Astérix, juste après avoir bu la potion.


Pour le côté « ambition grotesque » du personnage- et on a vu depuis l'élection présidentielle combien il assume ce personnage-là – ?n'est-il pas, enfin, devenu, grand vizir Iznogoud, calife à la place du calife : un épisode qui aurait pu sortir de l'imagination de Goscinny et du crayon génial de Tabarly, des élections dans un rêve de Bagdad de BD,( justement les élections tant souhaitées par le jeune Bush pour que le pays accède à la démocratie...)


Toujours dans le négatif, nous voilà transportés dans le petit village gaulois d'Astérix, pour l'épisode de « la Zizanie », où le personnage Tullius Detritus s'agite pour diviser les gaulois: un plus petit commun diviseur en somme, qu'on a vu aussi à l'oeuvre pendant les élections de 95 et plus tard, au sein (vipère dans son sein) du gouvernement Villepin.


Dans les séries étasuniennes, il pourrrait être aussi le « Pingouin » chez Batman, ou, dans l'univers de Spiderman le Bouffon Vert, par son art de jeter à tous vents des citrouilles explosives afin de masquer ses (mauvaises) actions.


On pourrait continuer longtemps et faire le tour, aussi, de tous les héros de l'histoire et de la littérature.

Certains s'y sont intéressés, de Napoléon - les deux qui ont régné mais aussi l'Aiglon, par son côté « enfant incompris et abandonné », genre petit canard – à Rastignac. Il y a aussi du Docteur Jekyll dans le personnage -cette volonté de vouloir expérimenter, ce désir manifeste de faire le bien, autour de lui surtout, cette amitié qu'il distribue aux gens de sa cour- et du Mister Hyde, dans cette vindicte envers ceux qui le déçoivent, dans cette haine qu'il voue à ceux qui s'opposent, dans ces insultes et ces gestes de matamore qu'il distribue sur la scène de ses pantalonnades, personnage plus souvent de la Comédia del arte que du théâtre de Shaekespeare.


Le personnage est parfois attachant*, qui hésite entre l'être (qui? celui qui est tous les matins dans l'écran du miroir, puis de la télé?) et le paraître, celui des montres Rllex, des amis riches et encombrants, et des petites amies qu'on promène, comme c'est le cas aujourd'hui, sur les traces d'un Bonaparte de pacotille.


Il restera un Président inclassable, une sorte d'extraterrestre, au moins une sorte d'extrafrançais, né d'une mythologie incertaine et des bouleversements de l'Histoire contemporaine, cerise sur le gâteau d'un peuple lui-même fier de sa différence culturelle et qui en vint à élire un homme tellement banal qu'il aurait toute sa place dans une série « américaine », scénarisée par Mel Brooks, mise en scène par Woody Allen et Robert Altman en alternance, produite pa Walt Disney, et co-financée par TF1.

Avec, à défaut de Louis de Funès et dans le rôle-titre, Christian Clavier.


Cependant, ne regrettons rien : on a les gouvernements qu'on mérite. Et celui-là nous fera peut-être faire l'économie d'une nécessaire révolution.


* je sais, c'est mon côté « infirmière »




27/12/2007
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