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les fonds de pension ou: toucher le fond

Les fonds de pension : néoliberalisme et néo(po)lithique

 

 

 

 

 

 

On peut s’interroger sur l’expansion rapide de la doctrine –car il s’agit bien d’une doctrine, bâtie sur une théorie (fut-elle floue), avec ce que cela contient d’arbitraire et de radical –néolibérale dans les milieux politiques, de droite mais aussi de gauche, alors qu’elle remet en cause, et on le voit bien, les équilibres socio-économiques de nos systèmes occidentaux, à une époque où ils n’avaient pas besoin de cette distorsion financière pour accuser leur fragilité.

 

Il s’agit d’une doctrine financière qui s’appuie sur une organisation, la Bourse, dévoyée de ses objectifs originels*, prise en main par des cartels issus du monde des banques-assurances, alimentées par les fortunes mafieuses blanchies dans l’international et par ce qu’on appelle les « fonds de pension », bien souvent anglo-saxons.

 

Les cotisations des futurs retraités qui placent leurs économies dans le système boursier via les cartels d’assureurs-banquiers s’amassent en sommes colossales qui se déplacent sur le marché mondial au gré des conjonctures et des volontés, économiques et politiques, de groupes ou de particuliers, fragilisant ici une entreprise, confortant ailleurs telle autre, participant aux fermetures et aux délocalisations, sans tenir compte ni des contextes locaux, ni de l’avis –et de la vie- des gens, cotisants compris.

 

Je ne reviendrai par sur les scandales , malversations, malhonnêtetés diverses, qui ont privé des retraités de leurs économies. Ni de ces épargnants ruinés par une conjoncture boursière défavorable , ou les maladresses ( ?) des décideurs financiers.

 

Je dirai simplement qu’il est curieux de constater que, pour avoir livré leurs économies à un marché mondial dérégulé et qu’ils sont dans l’incapacité de comprendre, et encore moins de contrôler, ces retraités, présents et futurs, ont permis la ruine économique de leur région et partant, privé leurs enfants et petits enfants (quelquefois eux-mêmes) des emplois sur les quels ils comptaient pour vivre sereinement leur retraite. Ils aident bien souvent leurs descendants à charge, directement par l’aide financière qu’ils leur apportent, indirectement par les charges, impôts et taxes, qui alimentent l’aide sociale.

 

Ils se retrouvent alors dans une situation d’économie archaïque, où la famille regroupée vivait sur le revenu du champ, le surplus servant à alimenter les plus pauvres (mendicité, champ des veuves) et les plus riches, minorité qui accumulait les richesses par capitalisation de l’impôt, monnaie, nourriture ou travail.

 

Une économie du néolithique féodal, s’il a existé.

Le néolibéralisme, ou retour à la case départ.

 

Sans toucher 10 000 francs  

                                                                                                                        J M MARCHE

 

* la Bourse ne sert plus à aider à l’investissement d’entreprises, mais, par la spéculation, à contrôler  les entreprises qu’elle fragilise, et à enrichir les actionnnaires.                                                                           

                                                               

Les fonds de pension (suite)

 

Les partisans de la dérégulation néo-libérale, ce que je nomme les anarcho-financiers, rétorqueront que, dans l’économie mondialisée que nous connaissons –et qui serait inéluctable, au moins jusqu’au prochain avatar doctrinaire -, il n’y pas d’autre moyen de « sauver » les retraites que d’abandonner peu ou prou , et plus ou moins rapidement, ici le plus (rapidement) valant le mieux, notre système socialisant de répartition.

 

Aucun autre argument que celui qui prévaut dans une optique de l’immédiat profit : faire gonfler les caisses qui alimentent la bourse, donc un profit , celui des plus riches, déconnecté des réalités du marché et de l’emploi.

L’argument ne vaut pas : au Royaume-Uni, le déficit des caisses de retraite alimenté par la capitalisation volontaire de « mutuelles » de retraite est tel que l’Etat sera obligé de participer à la hauteur de plusieurs milliards de livres pour assurer le minimum de ressources aux retraités du baby-boom.

Mais c’est aux Etats-Unis, où se multiplient les faillites de fonds de pension (192 en 2004, 155 en 2003), que le système de la capitalisation sous forme de fonds de pension a montré ses limites : le fonds de garantie des pensions (en anglais, Pension Benefit Garanty Corp ou PBCG ) présente un trou de 23,3 milliards de dollars et s’est retourné vers…l’Etat Fédéral.

On se retrouve donc devant une situation d’autant plus catastrophique que les entreprises renoncent à co-financer les fonds de pension .

Et une situation paradoxale : au pays des fonds de pension, les retraites seront de plus en plus alimentées par l’impôt, c'est-à-dire un avatar de notre système tant décrié par les  Madelin et autres madelins…le système par répartition.

 

 



24/11/2005
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