Le Temps des escrocs
Le temps des escrocs
Nous voilà revenu au temps des escrocs.
Les escrocs ont toujours existé : mais il est peu d'époque où autant qu'aujourd'hui, ils soient écoutés, invités, plébiscités, encouragés, en un mot reconnus.
Reconnus comme escrocs, fiers de l'être, et célébrés comme tels par les médias, qui ne se cachent ni de leur admiration, ni de leur soutien, et en font une publicité élogieuse, on n'est jamais si bien servi que par les siens.
Je dis « revenus »parce que le temps des escrocs ayant pignon sur rue (et pigeons dans la rue) a déjà existé : ce fut une époque de la IIIème république où le gendre d'un président du conseil vendait des décorations, où Stavisky se servait du Crédit municipal de Bayonne pour...se servir.
Heureux temps, où les escrocs célèbres et courtisés ne dépassaient pas l'enceinte des Palais et ne se livraient qu'à de petites malversations financières! Minces bénéfices à l'heure des banquiers à 2000 fois le SMIC.
Les éditions Sud Ouest ont réédité les magnifiques bandes dessinées de Pellos qui ont pour héros 3 escrocs notoires, les célèbres Pieds Nickelés : c'est un signe des temps, le retour de l'escroc-héros, positif jusqu'à ses malversations les plus honteuses (vendre un atterrissage sur la Lune, gagner un concours cycliste grâce à un « dopage » électrique !) et qui ne cède qu'à la fin sous les coups du sort et le triomphe (tardif et artificiel) de la vérité. Mais toujours saufs.
Ce qui nous permet d'espérer des jours meilleurs.
Je lisais l'excellent article de Marianne-papier sur les maladresse de nos services pas si secrets, article dans lequel le journaliste comparaît nos barbouzes à ces Pieds-Nickelés de légende.
L'article s'arrête un peu tôt, ignorant que nous sommes entourés de Pieds Nickelés qui se sont attaqués à tous les domaines
Le procès Clairstream fait la part belle au triplé gagnant Bertrand- Rondot- Lahoud, toujours barbotant dans nos services de moins en moins secrets.
Mais les Pieds Nickelés sont aussi présents dans le monde politico-financier : les Balkany (condamnés, réélus), les Tibéris et autres Bédier sont toujours là (celui-ci bombardé conseiller de quelque chose, puisqu'il a perdu ses mandats électoraux); et la région des Hauts de Seine est pleine de ces héros du monde politico-financier qui s'intéresse tant au Paradis de la Défense ( « les écuries d'Augias » si mal géré, d'après Patrick Devedjan, qui prit la suite d'un certain Sarkozy, lui même succédant à...etc) qu'ils n'hésitent pas à promouvoir à la Présidence de l'Epad le fils aîné de Pinocchio.
La fée Clochette a du souci à se faire (mais c'est une autre histoire).
Le monde de la Phynance n'est pas en reste : tous les responsables des banques, au courant des malversations qu'ils commettaient tous pour faire gonfler la bulle boursière, sont des héros-escrocs : la preuve, ils sont toujours là, protégés en France par Christine Lagarde, qui fut un de leurs valets, et l'ineffable Sarkozy, le vendeur de « machins » bien connu. On retiendra pour la postérité quelques figures : Madof, Kerviel (un sept nain du petit commerce de fonds) après voir oublié déjà l'antique Messier, l'homme qui ne trouait pas que ses chaussettes.
Berlusconi mérite une place à part. Après sa mort, les scénaristes s'intéresseronst au personnage, soit pour en faire un escroc financier (il a été condamné plusieurs fois) ; soit un escroc politique (ses vantardises et menteries, qui ont servi de modèles depuis, sont celles d'un parcours politique « sans fautes ») ; le tout ne l'ayant pas empêché d'être réélu régulièrement par une population qui adore les personnages hors-normes qui font un bras d'honneur quotidien à la loi et à la justice : on a les Robin des Bois qu'on peut.
On peut mesurer en France le degré de « piednickellerie » auquel nous sommes arrivé par les petites phrases de Xavier Bertrand (affire Mitterrrand entre autres) aux déclarations de Lefebvre (c'est un véritable chapelet, si je relève une perle, tout le collier s'efffondre), aux tromperies de Nicolas Sarkozy, l'Expert, le Maître (Traité de Lisbonne, Gandrange), Roselyne Bachelot...
Juste un exemple, à propos de la ministre de la santé :
Vous avez vu la pub pour la vaccination, où l'on vous conseille d'éternuer dans votre manche ou un mouchoir en papier. La question numéro 1 est « faut-il jeter la manche après usage? »
La question 2 « Combien Kleenex ou Lotus ont-ils (vont-ils) payer pour cette publicité? »
question 3 : « A qui? »
La communication est au centre du dispositif des gouvernements actuels, d'Obama à Sarkozy. Des cabinets (comme le nom l'indique) sont payés (très chers) pour imaginer des escroqueries dans tous les domaines – politique, économique, financier, social – afin de tromper les citoyens et consommateurs sur la réalité des choix et des décisions qu'ils vont prendre (il n'y a pas besoin de complot, la malhonnêteté suffit) : actuellement, les escrocs sont rois et règnent, malgré toutes leurs insuffisances et leurs maladresses.
Ils vont et viennent, font des projets redoutables, mettent des pays en « chantiers », investissent de notre argent des sommes considérables, sans souci du lendemain, juste pour réussir un « coup », avant de courir vers le prochain échec, qu'ils fêteront comme une réussite.
On se moque d'eux, mais on les aime : on les élit, on ne peut s'en passer.
C'est le triomphe des Pieds Nickelés.*
* on en trouve aussi dans la "philosophie" si on appelle philosophe Alain Finkelkraut (vois interview sur le neveu Mitterrand), dans la littérature, les arts plastiques etc.