toupour le zooh

Le Rat et le Président (fable)

Il est bien pris : la griffe est coincée par l'écorce

Il tire mais déjà le vieux tronc se referme

Le bois ligneux d'un coup arrache l'épiderme

Le miel, qui l'attirait comme poisson l'amorce

Est resté! Il s'en va lentement, tout penaud

Remontant l'égoût noir qui sent fort le guano.


« Qu'on me fasse un discours , je veux avec des mots

Dresser devant les peurs comme un énorme mur

Qui fasse écran : un mensonge géant, Guaino,

Vous dont la plume déguise mes parjures

Je veux être à Toulon celui qu'on croit encore!

Je veux par vos trompettes qu'on entende mon cor! »



L'égoût suivant la ligne Elysée-République

Le rat suivait l'égoût. On était en septembre

Les feuilles mordoraient. Notre rat drolatique

Autrefois sûr de lui, voyait sur lui descendre

La menace des coups, et celle des rejets :

Il était Roi des rats, mais craignait ses sujets.



Gaino vint. Il était d'humeur sombre. Un moment

Il s'arrête, songeant : le soleil se couchant

Eclaire comme une torche, car là brunit le soir,

Le dos du Président, debout en contre-jour,

qui porte sur le mur une large ombre noire

Bien plus vaste que l'homme, trapu, même peu court.




La griffe ensanglantée, il traîne à la cuisine

Il n'a pas eu le miel qui devait attirer

comme glu les oiseaux, l'amour de ses sujets

Peut-être le frigo, où la tourte voisine

avec la quiche douce,... la brioche dorée?

Il tire un coup la clenche, mais la porte est fermée.


On ne peut pas, Guaino, proclamer à la face

De la Nation, qu'on ne peut plus rien faire. Rien! »

«  Je peux, répond Guaino, expliquer à la place

Que le soleil renaît après qu'il a pâli,

Après froid de canard et mauvais temps de chien... »

'Le Président fronce le sourcil et fait un geste sans ambiguité ; Guaino reprend:)

« Que l'Etat bien conduit est une panacée,

Qu'il veille comme un Dieu, et comme un Dieu punit...)



Au mirage de miel, succède la cuisine

du Palais :  le frigo fermé comme une tombe,

Le rat tremble, la griffe saigne encore, qui le mine,

Il entend un galop qui vient comme une trombe

C'est le peuple des rats qui surgit des égoûts

Mécontent, affamé, montant par tous les trous!



Toulon, ville d'Histoire, qui fit de Bonaparte,

Un ado lieutenant d'artillerie dans le siège,

Un jeune général. Toulon, petit point sur la carte,

Un jour centre du Monde, son nombril, mais j'abrège...

Sarkozy, endossant le mythe comme un manteau,

Voyait déjà Toulon par les yeux de Guaino.



Tout au fond du couloir, du côté des cuisines

L'affaire se précipite : le flot des rats dégueule.

Ce n'est pas Ratatouille, ici pas d'aubergine,

ni blondinet mitron : rien qu'un roi des rats veule,

Qui d'étagère en broc, de poèle en casserole,

Saute d'ici à là !



                                    Le pont d'Arcole est loin,

Et le soleil d'Austerliz n'est pas levé, mais

Déjà on voit poindre Moscou et ses clochers.




à suivre mais je suis comme vous, je ne sais pas comment cette histoire va se terminer



30/09/2008
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