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langage et propagande : l'abus du mot "nazi"

L' abus du mot « NAZI »

 

L'Est Républicain du samedi 29 août 2015 relaie une information émanant du conservateur général des monuments de Pologne qui présente la possibilité à

99 % de la présence d'un « train nazi » enterré en Pologne. Je félicite l'Est d'avoir heureusement mis les termes en guillemets.

Car il n'y a jamais eu de « train nazi " pas plus que de « camps nazis », ou « d'armes nazies », ou encore d' « armée nazie »

Cet abus de langage, véritable triomphe de la propagande allemande de l'après-guerre, permet d'occulter deux évidences :

  • « nazi », contraction de national-socialiste (en allemand : NAtionalsoZIalismus) est le parti de Hitler, un parti politique légal, représenté aux élections d'un pays démocratique. Hitler fut d'abord nommé chancelier (premier ministre par le Président d'alors) puis élu au suffrage universel. Porté au pouvoir par la droite « classique » du capitalisme allemand, il est conforté au cours de sa carrière de dictateur par le plébiscite de 1933 (93 % des voix). Elu démocratiquement, soutenu par l'immense majorité du peuple allemand, les Nazis ne sont pas des extraterrestres. Ils n'ont pas disparu par quelque enchantement en 1945. Et les puissances d'argent qui ont soutenu le parti nazi et sa politique sont toujours là. Aux côtés des gouvernements allemands successifs, présents et masqués.

Une évidence avec l'affaire grecque.

 

  • L'utilisation abusive du mot « nazi » revient à parler – pour ce qui concernerait la France- de trains « socialistes », d'armée « umpiste », voire de massacres « gaullistes », suivant les époques ou les opinions. Ce dont nous nous gardons heureusement, sachant que dans un système démocratique, les peuples, ayant les gouvernements qu'ils méritent, sont toujours responsables de leur gouvernement.

Alors, pourquoi ?

Il s'agit à l'évidence d'une propagande manifeste, organisée, financée et de longue durée, qui permet de masquer, au peuple allemand mais aussi à ses voisins , les lourdes responsabilités d'une population, aveuglée certes, mais surtout mal préparée à la démocratie.

  • Le démontrent les efforts faits par les gouvernements allemands successifs depuis 1945 ** pour minimiser la responsabilité de l'Allemagne dans la ruine européenne – dernier en date, le chancelier Schroeder évitant d'avoir à signer un « traité de paix » pour la réunification afin de ne pas payer à la Grèce l'emprunt forcé de 1942 !*

    Question : sachant que l'Allemagne de l'Est a payé sa « dette de guerre» à la Russie, qu'en est-il des réparations qu'elle doit rembourser aux pays ravagés et pillés. Je ne sache pas que le traité de 1953 balayant les milliards dus par l'Allemagne à ses voisins ait été signé par la partie allemande occupée par la Russie ?

    Ou s'agirait-il d'une « dette nazie » ? Auquel cas elle ne risque pas d'être remboursée, les extraterrestres « nazis » sont, paraît-il, partis...

 

  • *Rien que le remboursement des 476 millions de Reichsmark que le Troisième Reich a extorqué à la banque nationale grecque en 1942 sous forme d'emprunts obligatoires s'élèverait à plusieurs milliards d'euros en comptant les intérêts, fait remarquer l'hebdomadaire Der Spiegel)

  • **Programmes d'histoire en Allemagne : Des années 1950 aux années 1970, les manuels n’évoquent jamais la question de la responsabilité et de la culpabilité du peuple allemand : les SS, les nazis ou Hitler sont les seuls coupables. Des années 1980 aux années 1990, on assiste à la révélation du questionnement et à l’expression d’une certaine culpabilité collective. Les manuels les plus récents affirment et reconnaissent cette culpabilité ; ils montrent que les Allemands connaissaient l’existence du génocide des Juifs et qu’ils ont une culpabilité particulière envers le peuple polonais.

  • En ce qui concerne la culpabilité propre de la Wehrmacht, seuls les auteurs des manuels allemands, autrichiens et français s’y intéressent, à partir des années 1980, pour la reconnaître sans s’y attarder dans les manuels allemands, pour l’affirmer dans un manuel autrichien, pour l’évoquer dans cinq manuels français. Le manuel franco-allemand, auquel l’auteur de l’ouvrage se réfère très fréquemment, élude ce problème.

    (Source :Jean-Baptiste Pattier -Vérités officielles. Comment s’écrit l’histoire de la Seconde Guerre mondiale - éditionsVendémiaire, 2012, 217 pages, 18,50 €.)



05/09/2015
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