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la tentation totalitaire : l'affaire Raoult

La tentation totalitaire


La mainmise de Nicolas Sarkozy – ou plutôt de ses affidés du monde politique et des milieux économiques -sur un système qu'on croyait jusque là républicain et démocratique est souvent moquée par les uns, déniée par d'autres, mais, pour la grande majorité, constatée comme une réalité du fonctionnement actuel de notre pays.


Les signes sont inquiétants d'une dérive monarchique – il est vrai que la Constitution de la Vème République s'y préte, sans qu'on en ait mesurer auparavant la réelle possibilité et les dangers -après les nombreux « faits du Prince », depuis les dépenses scandaleuses jusqu'au népotisme, en passant par le comportement outrageusement autiste et colérique du personnage defunesque assis sur le fauteuil présidentiel.

Les deux derniers dérapages- contrôlés – de la S.A Sarkozy (il ne s'agit pas des initiales de Son Altesse) montrent à quel point l'entourage du Président adopte une attitude contraire aux règles de notre démocratie.

Le premier événement est international : le Parti du Président – l'UMP- vient de signer un accord avec le Parti Communiste chinois. Imaginez que le Parti communiste l'ait fait : quel tollé dans la presse, quel scandale à la Chambre des députés, quelles accusations dans les bouches mêmes de ceux qui viennent de signer cet accord.

Le contenu de l'accord importe peu : on a vu le Président ramper devant le gouvernement chinois après la mise au pas du Tibet, on l'a vu s'allonger pour se rendre aux Jeux Olympiques, on l'a surpris en train de rendre visite en douce au Dalaï-Lama. On voit l'UMP signer un accord avecle PC chinois, parti unique d' un gouvernement totalitaire, où les Droits de l'Homme ( dont la France est l'un des garants) sont ignorés, les opposants poursuivis et emprisonnés. On pourrait croire que l'UMP est une entreprise de vente par correspondance et agit pour les bénéfices des Bouygues, Dassault, Lagardère et consorts. Et que notre Président est avant tout un bon VRP. Ce qui serait ridicule, mais anodin.

On peut imaginer aussi que Nicolas Sarkozy admire l'efficacité économique d'un pays qui est devenu en quelques années- aidé par les capitaux occidentaux, leurs savoir-faire et l'appui aveugle des Etats-Unis – une grande puissance. Le contrôle de l'Etat dans le domaine politique comme dans les domaines économiques et financiers, a dû plaire à notre Napoléon de poche. N'a-t-il pas déjà mis en place, par la loi Hadopi, une »usine à gaz » coûteuse afin de contrôler l'information sous prétexte de poursuivre les téléchargeurs, devenus en quelques années des pirates?

Le gouvernement chinois contrôle, avec l'aide de Google et compagnies, les flux d'information et leurs utilisateurs.

Bel exemple pour Nicolas Sarkozy!

Le second événement est la lettre adressée par Eric Raoult, député maire de la région parisienne, déjà bien connu pour des avis discutables tenus pendant l'affaire des banlieues de 2007, et qui s'insurge contre les propos de Mari NDiaye, écrivain et prix Goncourt 2009.

Marie Ndiaye, au cours d'un interview il y a quelques mois, avait donné son avis sur le climat politique de la France de Sarkozy dont elle jugeait les ministres Besson et Hortefeux « monstrueux ».

Je dirai d'abord qu'en ajoutant « de Sarkozy » au nom « France », Marie Ndiaye n'a pas jugé la France en temps qu'entité historique, mais une période précise (2007-2009, soir 2 ans et demi) réduisant « l'insulte » (le mot est de Raoult)faite à notre pays, à la fois dans le temps et dans l'anecdotique. Je ne me reconnais pas non plus dans cette France que nous propose le Président mais comme je place la démocratie au dessus de mon avis personnel, j'accepte ces quelques années d'errance.

D'autre part, il ne saurait être question, comme l'ont répété journalistes, écrivains et personnalités diverses, sauf le Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, à qui la lettre de Raoult est adressée, (la réponse de Bernard Pivot me semble définitivement enterrer la proposition de Raoult, à défaut d'enterrer le bonhomme), de droit de réserve (même si le prix Goncourt est officiellement reconnu « d'utilité publique ») ce droit de réserve n'exsitant aus e pour les fonctionnaires et militaires.


Mais cette tentative d'un second couteau de la Présidence pour intimider un écrivain français montre bien l'attirance de certains caciques de l'UMP pour un pouvoir totalitaire.

Deux événements d'échelles différentes pour une même tentation, celle d'un pouvoir autocratique tenu par une clique s'engraissant sans honte aux frais de l'état, dans un pays endetté dont le remboursement des emprunts dépasse la moitiés des revenus?

Nous avons déjà connu cela.

La Première Dame nous le rappelle délicieusement en posant, pour un périodique, devant les portrait en pied de Marie-Antoinette, notre dernière vraie reine. Carla Bruni a de l'humour – ici à un deuxième ou troisième degré – puisqu'elle prend la même pose que la reine.

Clin d'oeil.

Peut-être. Mais il est heureux pour elle et son petit mari que plus de la moitiésde la polulation française ait dépassé 45 ans.

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Des Extraits des interviews de Marie Ndiaye


AOUT 2009

Dans les Inrockuptible, numéro daté du 18-24 août, la romancière expliquait pourquoi elle avait choisi de vivre à Berlin avec son compagnon et leurs trois enfants depuis deux ans «en grande partie à cause de Sarkozy». «Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je trouve cette France-là monstrueuse», affirmait-elle en réponse à la question «Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy?».

NOV 2009 ( avant la lettree d'Eric Raoult au ministre)

M. NDiaye.

" La manière dont depuis deux ans et demi on s'attaque au problème de l'immigration est à mes yeux inacceptable. Ce dont s'occupe le Réseau Education sans Frontières, par exemple, la manière dont on va chercher des enfants sans papiers dans leur école, est révoltante."


Début de la lettre d'Eric Raoult


« Monsieur Éric Raoult attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt. En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. Les prises de position de Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009, qui explique dans une interview parue dans la presse, qu'elle trouve "cette France [de Sarkozy] monstrueuse", et d'ajouter "Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux", sont inacceptables.



Extrait de l'interview de Bernard Pivot



Bernard Pivot.- Je ne vois pas très bien où Monsieur Eric Raoult est allé chercher ce « devoir de réserve » qu'il a inventé de toutes pièces. Il n'existe aucun précédent à ma connaissance dans l'histoire du Goncourt.

Il invoque quelque chose qui n'a jamais existé, n'existe pas et, grâce à Dieu, n'existera jamais. Pas plus pour les lauréats du Goncourt que pour ceux du Nobel, auxquels il est arrivé parfois de tenir des propos très engagés. Le discours de Camus, en 1957, avait par exemple fait couler beaucoup d'encre... Mais un lauréat dit ce qu'il veut, et n'engage en rien l'Académie qui l'a couronné.






11/11/2009
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