toupour le zooh

La dette et l'expansion économique

À propos de la dette

 

On ne finit pas de parler de la dette.

Dette française, dette des pays voisins, dette de l'Europe : cela devient la hantise des populations et le levier par lequel la finance internationale s'enrichit par la rente.

Mais cette dette, qui devient le frein à la reprise économique – dont je rappelle qu'elle n'est pas due à la dette des états, mais à des systèmes de spéculation qui ont favorisé des montages boursiers « pourris » aux dépens des investissements dans les secteurs économiques traditionnels – cette dette qui passe aujourd'hui pour la cause des malheurs de l'Europe et, paradoxalement, alors que les bourses du monde entier réclament de l'Europe un vrai programme de relance, le pêché originel des vieux pays industrialisés, cette dette, donc, a été le volant nécessaire à la croissance économique mondiale.

 

Imaginons que, dans un contexte où le grand capital a favorisé le bloquage- voire la baisse relative- des salaires – ce qui est un fait depuis une vingtaine d'années - les états – Europe occidentale et Amerique du Nord – ne se soient pas engagés dans une politique d'endettement pour alimenter les crédits compensateurs, publics et privés, créant ainsi de la monnaie ; Imaginons des pays industriels – et leurs entreprises – paralysés au point de ne pas investir dans les pays du Tiers Monde – Chine, Inde, Brésil – de façon à faire fabriquer sur place des produits de consommation à moindres coûts, exportés pour l'essentiel vers les pays industriels, la baisse des prix des produits manufacturés importés compensant la stagnation des salaires.

 

Ces investissements de nos entreprises à l'étranger ont été alimentés par la dette, les Etats apportant une contribution directe non négligeable et l'expansion des marchés intérieurs des pays industrialisés grâce à la dette favorisant l'enrichissement des entreprises. Ainsi s'expliquent l'implantation des entreprises du Nord dans certains pays émergents.

Parallèlement, nos entreprises, outre leurs capitaux, apportaient sur place savoir-faire, brevets, souvent dans un premier temps, pièces et usines : aussi ces usines modernes n'ont elles rien coûtées aux Pays émergents, ce qui explique la concurrence accrue qu'ils ont exercée sur les produits des entreprises d'origine. Une distorsion qui explique en partie la désertification industrielle de l'Europe... et l'expansion des entreprises internationales hors de leurs frontières traditionnelles

 

L'intégration dans le commerce international de ces nouveaux pays industriels – qui ne respectaient pas et ne respectent toujours pas les exigences de clarté financière et de normes sociales en vigueur dans les Pays du Nord – n'a pu se faire qu'à la suite d'un système de chantages direct – la Chine possédant d'énormes réserves de monnaie étatsunienne, le dollar, et acceptant d'en acheter à nouveau- et indirect, jouant notamment sur le cours des monnaies, l'Euro et le Dollar restant, de la volonté de la Chine notamment, invraisemblablement surévalué.

 

Notre dette n'a pas été inutile et nous ne devons éprouver aucun sentiment de culpabilité, surtout en France où, grâce au fonctionnement à moindre coût des Services publics, les économies réalisées par les particuliers ont permis un développement remarquable de l'épargne populaire à un niveau dont il y a peu d'exemples hormis le Japon, dont les Japonais détiennent, bien qu'il soit le pays le plus endetté du Monde, l'essentiel de la dette : un exemple à suivre.

 

Pas de honte, donc. Cette dette, il faut la voir comme une nécessité à un moment où le grand capital se lançait dans l'entreprise que nous connaissons : le dérèglement des marchés, privilégiant la spéculation boursière aux dépens des revenus du travail et jouant le moins disant social en mettant en concurrence des pays à droits sociaux existants et des états sans législation sociale, jusqu'à créer un esclavage moderne.

 

Cette dette nécessaire – je n'ai pas entendu un seul économiste accuser le Plan Marshall d'avoir mis en circulation les crédits utilisés au redémarrage de l'activité économique d'après-guerre – a eu ses avantages. Qu'il faille aujourd'hui la maîtriser, cela paraît de bon sens. Mais on verra que la réduire sans mesure apportera son lot d'inconvénients, que les sacro-saints Marchés commence à voir et dont la Chine notamment commence à s'inquiéter. Le prochain gouvernement allemand, plus clairvoyant que la droite prusso-bavaroise actuelle, devrait pouvoir s'arranger d'une politique plus ouverte qui permettent de réduire la dette des états dans le temps, sans augmenter la dette des particuliers je l'espère, ce qui serait un mauvais calcul.

 

On peut espérer que l'Allemagne et la France, sous de nouvelles couleurs politiques, trouveront ensemble une voix commune pour de nouvelles propositions.



28/04/2012
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