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L'époque où nous vivons : plutôt Vallès que BHL

Jules Vallès

 

 

Après les polémiques soulevées par la "fuite" de Depardieu en Belgique dans un ramake "minable " d'Astérix (Christian Clavier!) chez les Belges (décidément, quel couple !), après les embardées de Bernard Heny-Lévy, le philosoft chef-de-guère, il est bon parfois de retourner à "ses" classiques, tant il nous apparaît qu'avec le temps, rien ne s'en va : la connerie est toujours là et, comme le disait Lavoisier je crois, "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme"

En ce qui concerne la bêtise et l'égoïsme des hommes, la transformation est légère.

 

Voici ce qu'écrivait, vers 1850, Jules Vallès, à propos du capitalisme bourgeois de l'époque et de ses excèx.

 

«  Il y a la bourgeoisie travailleuse et la bourgeoisie parasite.

Celle que Le Cri du Peuple attaque, que ses rédacteurs ont partout attaquée, attaqueront toujours, c'est la fainéante, celle qui fait des places un commerce et de la politique un métier.

Troupe de bavards, cohue d'ambitieux, pépinière à sous-préfets et à conseillers d'état.

Celle qui ne produit pas, qui écume ; qui rafle, par des systèmes de banques ténébreux ou par des spéculations de bourse éhontées, les bénéfices de ceux qui se donnent du mal – spéculateurs sans vergogne qui volent aux pauvres et prêtent aux rois, qui ont joué aux dés sur le tambour du Transnonain ou du 2 décembre*, et qui songent déjà à tailler LEUR boutique sur le cadavre de la patrie ensanglantée.

 

Mais il y a une bourgeoisie ouvrière, honnête et vaillante, celle-là ; elle descend en casquette à l'atelier, rôde en sabots dans la boue des usine, reste par le froid, le chaud, à sa caisse ou dans ses bureaux, dans son petit magasin ou sa large fabrique, derrière les carreaux d'une boutique ou les murs d'une manufacture : elle avale de la poussière et de la fumée s'écorche et se brûle devant l'établi ou la forge, met la main à la pâte, a l'oeil à la besogne ; elle est, par son courage, et même par ses angoisses, la sœur du prolétariat.

 

Car elle a ses angoisses, ses risques de faillite, ses jours d'échéances. Il n'y a pas aujourd'hui une fortune qui soit sûre, grâce justement aux maladresses et aux provocations de ces parasites qui ont besoin du trouble et de l'agitation pour vivre. Rien n'est stable : le patron d'aujourd'hui devient l'homme de peine de demain, et les bacheliers voient leur redingote s'effiler en guenilles.

 

Combien j'en sais parmi les établis et les biens mis qui ont des tracas comme Les pauvres, qui se demandent quelquefois ce que leurs enfants deviendront, et qui échangeraient toutes leurs chances de bonheu et de gain contre la certitude d'un travail modeste et d'une vieillesse sans larmes."

 

* dates célèbres de soulèvements populaires et de coups d'état au 19ème siècle



20/12/2012
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