toupour le zooh

l'époque où nous vivons :Déroutant Eric Besson

Eric Besson: "Royal est combattante, exaspérante et déroutante"

C'est celui qui dit qui l'est!

 

Déroutant Eric Besson, qui fut cadre du parti socialiste, responsable du secteur économique et siégea dans les organes centraux.

Déroutant de le voir, à la suite d'un différent personnel, démissionner de son poste, puis de son parti.

Déroutant de le voir écrire et éditer, dans la foulée, un livre sur la position politique difficile qu'il a choisie et où il dénonce la candidate désignée démocratiquement par son ancien parti.

 

Déroutant enfin de l'entendre développer un raisonnement tout à fait spécieux pour expliquer comment il va voter aux premier et deuxième tours de la Présidentielle, et pourquoi il a choisi de voter pour Sarkozy.

 

 

Cependant,  ce cheminement particulier d'un responsable de parti et surtout les justifications qu'il en donne sont riches d'enseignement et de questions.

 

D'abord, on peut s'interroger légitimement sur l'adhésion de ce cadre du parti au parti auquel il adhérait : quelle conviction, quelle force de conviction, quels contenus de conviction pour qu'une contrariété somme toute banale- ce n'est pas ma candidate - ait conduit à une remise en question complète  d'une partie de sa vie militante. On se félicitera cependant de voir le parti débarrassé d'un représentant aussi peu représentatif et de ses militants, et du fonctionnement du parti, et des messages politiques qu'il porte.

On s'interrogera aussi sur la proportion de cadres du parti socialiste aussi peu convaincus  des idées portées par le Parti.

 

Ensuite, s'intéressant à l'homme, on imaginera quel personnage se cachait derrière la façade lisse de l'élu  et ce faisant, on cherchera à comprendre les raisons réelles d'une telle détestation. Car écrire un livre, le faire éditer, le défendre sur les médias, nécessite une force, un acharnement  personnel qui n'a rien à voir avec ni le fonctionnement du parti, ni avec les idées qu'il véhicule dans la campagne par la bouche de sa candidate.

 

 

Enfin, relisant les notes prises pendant l'interview du 27 mars à France Inter, je m'interroge sur les capacités de raisonnement logique qui conduisent Eric Besson ( qu'on peut imaginer capable de raisonnements raisonnables –ou alors le spécialiste des choses économiques du PS jusqu'à il y a peu était un doux fantaisiste ) de sa démission au PS au vote sarkozyste.

Il aurait pu annoncer qu'il ne voterait pas. Ou qu'il voterait blanc. Ou encore qu'il  - trouvant le PS soit trop à droite, soit trop à gauche – voterait, dans la premier cas pour Besancenot, dans le second pour Bayrou.

 

En annonçant qu'il votera, en cas de second tour Royal-Sarkozy,  pour le candidat de la droite- et clairement la droite, pas la social-démocratie -, on imagine à la fois son désarroi et sa déception, peut-être même son écroulement intérieur, d'animal-homme et d'animal- politique, et les détours compliqués de sa tentative de reconstruction.

Le message d'Eric Brsson a pourtant le mérite d'être clair : il pense Nicolas Sarkozy « plus capable » d'assumer son rôle de Président que Ségolène Royal.

On peut penser que cette conviction est construite sur des arguments : il n'en est rien. Aucun argument : où irait-il les prendre ? devrait-il les inventer ? Je suppose que ses convictions socialistes, désormais anciennes, étaient du même ordre : celui de la Foi. Ainsi s'explique mieux et ses démissions et sa récente conversion : Nicolas Sarkozy est de ces hommes auxquels on peut croire sans autre « raison » qu'une foi personnelle. On a vu souvent, à certains moments de l'Histoire, de tels « glissements » et on en connaît et les mécanismes, et les acteurs.

La reconstruction personnelle et politique d'Eric Besson en un temps record intéressera aussi bien les historiens que les psychologues. On verra par la suite ce qu'il adviendra d'un tel parcours.

Dors et déjà, il apporte un éclairage nouveau sur les pratiques et les convictions politiques –et leur fragilité-, sur les rapports entre humains –on relira, pour ce qui est des gesticulations des grands singes dominants l'ouvrage « le zoo humain » - et conduit  à examiner avec méfiance les mécanismes de la vie démocratique : des Partis divisés, des hommes fragiles, des adhésions irraisonnées, des messages  confus ou biaisés, souvent mensongers…les français sont d'une méfiance de l'ordre du raisonnable.

 

L'extraordinaire du témoignage d'Eric Besson est sa sincérité : voilà un homme qui fut trompé ou se trompa ; qui  rompit et quitta ; qui fut trahi et trahit ; qui désavoué, avoua ; qui approché succomba…

Cherchez la femme ; ou l'homme.

 



07/04/2007
0 Poster un commentaire