lu sur le site du Nouvel Observateur sur le net
A moins de 80 jours du premier tour de la présidentielle, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a déclenché une vive polémique en déclarant que "toutes les civilisations ne se valent pas" dans un discours sur la République, aussitôt dénoncé à gauche.
Très rapidement, cette phrase prononcée samedi 4 février lors d'un colloque organisé par l'association étudiante de droite Uni, s'est répandue sur internet, provoquant des réactions indignées. D'abord au conditionnel, la réunion étant huis clos, avant qu'elle ne soit confirmée dans la soirée par l'entourage de Claude Guéant.
Dans le discours obtenu par l'AFP, Claude Guéant appelle à "protéger notre civilisation" et s'en prend à la gauche.
"Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas", a déclaré le ministre également chargé de l'Immigration.
"Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient", a-t-il argumenté, ajoutant: "celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique".
"Cette phrase a été prononcée à l'occasion d'un discours absolument républicain dont tout l'enjeu était de condamner les civilisations* qui ne respectent pas la liberté de conscience, la liberté d'expression et l'égalité entre les hommes et les femmes", a fait valoir auprès de l'AFP l'entourage du ministre.
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Le discours de Claude Guéant, ministre de l'Interieur et des Cultes, a fait sortir les loups du bois.
J'appele "loups" les hommes politiques et médiatiques qui ont eu le culot de monter au créneau pour défendre l'indéfendable.
Et de façon curieuse où la mauvaise foi ne le dispute qu'au manque de discernement.
Car jouer sur les mots comme le firent Longuet ou Raffarin n'enlève rien à la réalité du propos, tenu, non pas en petit comité - on se souvient des mêmes hypocrites fustigeant François Hollande et son fameux "sale mec" désignant un personnage sur lequel pèse réellement ce genre de soupçons - mais tenu dans le cadre d'un discours officiel où il représentait l'autorité de l'Etat.
La chose pourtant paraît simple, et ses imprudents défenseurs à l'UMP*, qui ont fait visiblement leurs études chez les Jésuites, ne pourront passer outre ces deux options :
- soit Claude Guéant est un ignorant - pour êtrre poli -, qui utilise un mot pour un autre, ici le mot " civilisation" employé à tort. Mais lequel, je l'ignore : plusieurs propositions ont été faites, qui ne convainquent pas.
- soit Claude Guéant est sincère et a utilisé le mot dont il pense qu'il convient.
Dans ce second cas plusieurs hypothèses :
- soit c'est un provocateur.
- soit c'est un imprudent.
Dans le cas où ce discours était une provocation volontaire :
- soit elle a été faite pour alimenter un buzz afin de faire tourner la machine médiatique de façon à masquer des événements importants
- soit elle a pour but de ramener au bercail UMP des citoyens attirés par le votre Front National. Dans ce cas, le calcul est douteux, la démarche perverse, le résultat problématique.Et ne peut pas profiter à son parti, simplment pace que les citoyens jugeront une fois des les politiciens éloignés de leurs problèmes.
Et la mission d'un ministre de l'intérieur responsable n'est ni de faire le buzz sur la toile, ni de masquer par des gesticulations, l'impéritie de ses services.
Dans le cas où ce discours est une imprudence :
- soit le ministre est un orateur qui n'a pas mesuré la portée de son discours et des mots - mal venus - qu'il utilisait.
- soit Claude Guéant n'a pas mesuré la responsabilité inhérente à sa fonction de ministre de la République qui aurait du lui faire mesurer l'imprudence d'une telle déclaration dans un tel lieu et devant une telle assemblée.
Arrêtons là les hypothèses. Mais on voit bien que, si la personne Claude Guéant a le droit d'afficher son opinion, il n'en est pas de même du ministre de l'Intérieur et des Cultes qui se doit de conserver, vis à vis de son opinion personnelle, une sorte de "droit de réserve".
Dans tous les cas , Claude Guéant apparaît sous un jour négatif.
On pourra ensuite argumenter sur notre "civilisation" occidentale, à laquelle on doit accorder autant de bons points que de mauvais, sans compter les bonnets d'ânes. D'un côté les progrés sociaux arrachés de haute et sanglante lutte aux prédateurs qui à nouveau nous menacent, défendus par les valets qui les servent ; de l'autre la colonisation et ses horreurs, les guerres mondiales engendrées comme les fascismes par l'aveuglement financier.
Que mettre dans chaque plateau de la balance ? les historiens et autres spécialistes se disputeront longtemps les dépouilles sanglantes du XXème siècle.
On comprendra que j'imagine mal un Claude Guéant qui démissionne pour un discours de trop : une ancienne marque de disques a popularisé le slogan.
Pourtant, imprudent ou irresponsable dans son discours, provocateur ou ignorant, Claude Guéant est indéfendable.
S'il l'est, c'est à lui de le faire.
Pas à cette bande grotesque issue de ce parti devenu - il y a une justice - UMPOPULAIRE.
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* je me permet de signaler que l'entourage du ministre a utilisé dans son message à l'AFP le mot "civilisation" : incompétence ou aveuglement cette fois collectifs ?