toupour le zooh

Etats "moralisateurs' et états "dépensiers"

A nos amis chinois et à d'autres

 

 

La situation économique actuelle pose plus de questions qu'elle n'offre de réponses. Pourtant, on voit, dans le cadre économique étroit et discutable dans lequel s'est enfermé le monde – mondialisation ; financiarisation ; ultralibéralisme – des états « moralisateurs » sermonner les états »dépensiers » et les encourager à prendre des mesures pour réduire, de façon draconienne, leur « dette » !

 

Ils oublient que cette « dette » - ou plutôt le système financier qui l'a encouragé ( on l'a vu avec les malversations de Goldman Sachs maquillant les comptes de l'état grec en toute impunité )- à systématiquement et depuis des décennies favorisé le boom économique de certains états, notamment la Chine.

 

L'état chinois a beau jeu de faire la leçon à l'Europe.

 

Ce sont pourtant les pays industriels – Amérique du nord+ Europe oiccidentale – qui ont apporté l'essentiel des investissements nécessaires à son récent développement. Ce sont aussi les industriels des mêmes états qui ont apporté les brevets, les modèles, les savoir-faire. Et ce sont encore ces états qui, à travers leur structure d'exportation, ont permis et garanti l'implantation d'usines ultra-modernes dans ce pays encore en retard il y a moins de trente ans.

Enfin, ce sont les consommateurs de ces états qui ont absorbé l'essentiel de la production de la Chine, dans un contexte particulier d'hyper-consommation encouragé à la fois par les gouvernements (les produitsd à bas-coûts permettaient de faire croire à une hausse du pouvoir d'achat des ménages), et par les organisations financières qui pouvaient ainsi réorganiser à la fois la marché du travail (délocalisation ; disparition des systèmes sociaux occidentaux) et utiliser les mouvements de capitaux pour créer un enrichissement « hors sol », c'est à dire sans lien avec les systèmes de production.

 

Je ne mets pas ici en doute la formidable énergie d'un peuple, ni la volonté justifiée d'un gouvernement à donner plus de travail à une population qui aspire à gagner « plus » en même temps qu'une dimension internationale à un Etat dont l'Histoire, ancienne, et l'expansion démographique (1 enfant par couple, disait-on ?) justifie l'ambition d'avoir sa place dans ce qu'on appelle « le concert des Nations ».

Il va sans dire aussi que cette modification des règles économiques et sociales a, d'une certaine façon, profité aux économies occidentales, et aux consommateurs des pays dits « riches ».

Mais « nous » avons payé (et nous n'avons pas fini de payer) cher le développement récent de certains pays qui ne peuvent appuyer leur expansion que par des exportations sous-évaluées, notamment par une dévalorisation artificielle (et étatique) de leur monnaie, quand il leur faudrait, déjà et de façon urgente, développer leur marché intérieur.

Et peut -être trouver des solutions à la distorsion entre les revenus de leur population : d'un côté un esclavagisme qui ne dit pas son nom, de l'autre des multimilliardaires qui deviennent cadres du Parti Communiste. Ce qui est un paradoxe mais peut avoir des résultats positifs, l'Histoire n'étant pas avare de ce genre de situations.

 

Il faut considérer que l'endettement des états industrialisés- Etats-Unis en tête – a fortement favorisé le développement industriel du reste du monde, et cela beaucoup mieux – à la fois plus rapidement et d'une façon plus durable - que le FMI, la Banque Mondiale, et toutes les organisations gouvernementales, supragouvernementales, et nongouvernementales, financées elles aussi par les mêmes états.

C'est qu'en s'endettant, les particuliers ont permis à la production délocalisée de trouver des débouchés, bien que leur pouvoir d'achat réel ait baissé : une sorte de compensation. C'est aussi qu'en s'endettant les états ont créé une masse de monnaie considérable – il y a plus de « faux » dollars en circulation que de « vrais », car les « faux » sont toujours émis par le Trésor Etatsunien – qui ont permis aux banques de créer de la « fausse » monnaie ( les crédits à la consommation etc) qui étaient de la « vraie » puisque garantie par les états émettant des Obligations d'Etat.

 

Le problème d'un rééquilibrage de l'économie mondiale- en dehors de malfaisance des bourses et autres conglomérats parasites, qu'il faudra régler par des mesures radiacles- est que les états « moralisateurs » ont absolument besoin de la consommation des états « dispendieux ». On le voit avec la projection du chiffre de la croissance allemande pour 2012 : le chiffre est passé en quelques semaines de 1,8 % à 1 %, soit presque deux fois moins. Phénomène lié sans aucun doute à la baisse de la consommation dans la zone européenne, baisse due aux effets conjugués de la crise, et des mesures qui sont prises pour la conjurer (? il ne faut conjurer de rien !) mais qui l'amplifient (et sans porte « vertueuse » de sortie).

 

Il est vain de chercher des solutions isolées. Si elles existent - ou il faudra attendre que l'Allemagne soit touchée, ce qui ne saurait tarder, 2 à 3 ans ; que la Chine connaisse un crise sociale grave, mais l'échéance paraît encore plus lointaine – elles devront être mises en oeuvre par un petit noyau d'états, d'accord sur l'essentiel – l'Islande a montré la voie avec courage, mais le cas est particulier en raison de son isolement politique et du faible nombre de ses habitants- et qui mettront en place un mécanime nouveau capable de réguler un système économique devenu anarchique et malfaisant, qui ne peut conduire qu'à des affrontements, sociaux notamment, dont personne ne peut prévoir ni la gravité, ni les incidences.

 

 

Quel est le coût social des délocalisations dans les pays du bloc occidental depuis 20 ans ?

Sait-on qu'ils sont pour l'essentiel dans ce que nous appelons « la dette »?

 

 



20/10/2011
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