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D'un voyage à Madagascar : les 4 X 4

D'un voyage à Madagascar




Reste l'image ahurissante d'une armée de 4X4 surpuissants, plus fréquents, comme en France, à la ville qu'à la campagne, et le plus souvent ne véhiculant qu'une ou deux personnes, dans des conditions de confort qui n'ont rien à voir avec le niveau de vie de ce pays, l'un des plus pauvres du monde.

Le prix de l'essence y est l'équivalent de celui de l'essence au Luxembourg en euros, ce qui équivaut en monnaie locale à environ 5 à 6 fois le coût d'un repas. Les véhicules les plus courants sont les 2 CV, les 4L, en ville, et une armada de fourgonnettes, Toyota pour la pluspart, sillonnant les campagnes. Tous ces véhicules, souvent bricolés et réparés avec ingéniosité, affrontent routes et pistes, parfois très accidentées, avec succès. Je ne sais pas en période des pluies, comment se tirent des routes défoncées et boueuses la plupart des ces automobiles. Pour avoir vécu en Afrique de l'ouest à la fin des années 60, j'ai vu des 2 CV passer là où les 4x4 des étatsuniens du Corps de la Paix , des Broncos, si je me souviens bien, n'ont « duré » que quelques semaines.



A Madagascar, nous sommes allés, pilotés par une association dont nous sommes adhérents, livrer dans deux villages proches de TANANARIVE, les portes et les fenêtres de deux écoles publiques. Le véhicule était une vieille, très vieille, 404 bâchée de 1963, outrageusement chargée d'ans et de passagers, outre les 8 fenêtres et 4 portes qu'elle transportait. Appeler « piste » la voie de latérite et de rochers qui nous conduisit au deuxième village, est une inconvenance : aucun véhicule sain de corps et d'esprit n'aurait imaginé pouvoir l'emprunter. Les enfants n'avaient jamais vu, dans leur village, de « vasa », le mot qui désigne le blanc d'origine européenne. Aucun 4X4 n'avait certainement abordé le dernier lacet de rochers et de briques qui nous permit de découvrir presque à la nuit les cases de la petite communauté.


Les 4X4 qui sillonnent les routes goudronnées et plus rarement les pistes sont les véhicules des administrations, des entreprises privées le plus souvent à capitaux étrangers, des tours opérators et autres sociétés de tourisme et...les organisations humanitaires, ONG ou d'Etats.

Rien à dire sur les véhicules de fonctions des états, que je n'ai pas choisi d'aider financièrement (bien que nous les aidions) : c'est de la responsabilité des gouvernements.

Rien à dire non plus des véhicules appartenant à des sociétés privées : le standing d'un 4X4 est peut-être (aussi) justifié par des considérations commerciales.

Mais la situation est différente lorsqu'il s'agit d'ONG, que je finance volontairement, que nous finançons par choix humanitaire.

Et pas n'importe lesquelles : celles qui ont pignons sur rue, qu'on rencontre dans nos télévisions et nos boîtes aux lettres, celles dont le nom figure aux frontons des ONU et sur les manchettes de nos journaux.Avec les coûts de communication que l'on connaît (mal).

Dire que les surcoûts engendrés par la surconsommation de ces véhicules est indécent est faible : dans un pays où le chauffeur de taxi achète son essence au litre et laisse sa voiture dévaler les pentes en coupant le moteur, savoir que tous les 5 km (le tiers de la traversée de la ville de TANA) l'un de ces véhicules « humanitaire » use en carburant de quoi nourrir une famille de trois personnes pendant une journée laisse rêveur (du genre cauchemar)


J'ai donc pris la décision de supprimer notre aide financière à toutes les associations qui, dans le monde, possèdent une flotte importante de véhicules tous-terrains.Je vais enquêter sur Internet.


Et il m'est venu une idée : pourquoi ces associations ne se regrouperaient-elles pas pour installer sur place une unité de montage de 2 CV...qu'elles achèteraient. C'est faisable : les brevets de la 2 CV appartiennent à une association basée à Fréjus qui fabrique 2 CV et ses dérivés. Quelques centaines par an.

La main d'oeuvre malagazy connait bien le véhicule, la formation serait facilement assurée, la voiture bien adaptée, et au marché local, et aux voies de communication. Et les associations feraient des économies substantielles tout en fournissant un travail régulier à des mécaniciens dont on ne peut que vanter l'ingéniosité et le savoir-faire.

Ce qui est plus efficace et satisfaisant que l'aide humanitaire...et ne l'empêche pas.


CHICHE?



24/06/2008
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