toupour le zooh

Compétitivité, coûts salariaux et productivité

Sur Marianne 2, cet article qui dénonce une fois de plus un mensonge relayé par les médias et qui maintient les français dans l'idée d'un manque de compétitivité des entreprises

Vincent Deuzet (SNUI)cite l'Agence française des investissements internationaux, organisme gouvernemental

Il est courant d'entendre que la compétitivité de la France est plombée par le coût du travail, par le poids des « charges sociales » (ce qui fait doublon avec l'argument précédent, lesdites charges faisant partie intégrante du coût du travail) ou encore par un droit social trop contraignant. Les syndicalistes et économistes qui osent nuancer le propos et préciser que le coût du travail est moins élevé que chez nos principaux partenaires ou que la France est globalement attractive en raison des politiques publiques (infrastructures publiques de qualité, systèmes éducatif et de santé – encore- performants) passent pour de dangereux idéologues ou pour des illuminés déconnectés de toute réalité. Dans le contexte actuel, il est instructif de lire ce qui suit : trouvez qui a dit…

« Les coûts salariaux en France se trouvent dans la moyenne basse des pays européens »

« Contrairement aux idées reçues, la France est relativement bien positionnée pour le coût du travail notamment par rapport à ses concurrents directs que sont l'Allemagne et le Royaume-Uni »

« Le coût global du travail dans l'industrie (secteur d'activité de référence pour les comparaisons internationales) en France est l'un des plus faibles des pays de l'Europe des 15. Il est quasiment équivalent au coût du travail aux Etats-Unis »

« La capitale française se classe ainsi au 2e rang mondial pour l'accueil des sièges sociaux d'entreprises, avec 27 entreprises du Fortune Global 500, devant New York, Londres et Pékin. »

« Les Français affichent en effet des performances exceptionnelles en termes de productivité, avec une performance supérieure de 20 % à la moyenne européenne. »

« Les Français ont une durée effective de travail par semaine supérieure à… celle des Etats-Unis, de l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Irlande, la Belgique, les Pays-Bas, les pays scandinaves. La durée effective du travail hebdomadaire est de 38 heures en France, soit une heure de plus qu'en Grande-Bretagne et 2h30 de plus qu'en Allemagne, et un niveau supérieur à la moyenne des 27 pays membres de l'Union Européenne »

« Si les Français sont si productifs, c'est qu'ils sont très bien formés : 7% du PIB de la France est consacré à l'éducation et à la formation »

« Le nombre de jours de grève dans le secteur privé en France est inférieur à celui des Etats-Unis, de l'Italie ou de l'Espagne »


Vincent Drezet - ©Mathieu Genon

Vincent Drezet - ©Mathieu Genon

Un discours qu'aurait pu tenir Bernard Thibault
Etonnant non ? Qui peut ainsi se livrer à de telles affirmations à mille lieues du discours dominant tenu en France ? Qui peut prétendre contredire à ce point les assertions du Medef ? Qui peut paraître aussi irréaliste, pardon, surréaliste, déconnecté à ce point des évidences et des réalités ? Car nous le savons bien, dans ce monde qui bouge, nous, en France, payons trop, sommes paresseux et toujours en grève… Alors qui ? Olivier Besancenot ? Marie-Georges Buffet ? François Hollande ? Bernard Thibault ? Jean-Claude Mailly ? L'Union syndicale Solidaires ? Le SNUI ? Pardon, mais vous n'y êtes pas… Ce qui est écrit ci-dessus est tout ce qu'il y a de plus officiel : ces extraits (fidèles à l'ensemble dont ils font partie) proviennent de l'Agence française des investissements internationaux. L'AFII, créée en mai 2001, est un établissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du ministère de l'Economie et des Finances et du ministère délégué à l'Aménagement du Territoire.

Dans la bouche des syndicalistes par exemple, ce type de propos passerait pour une provocation ou pire, pour une grave erreur d'analyse. Or, l'AFII n'invente rien, elle retranscrit une réalité par ailleurs parfaitement accessible pour peu que l'on prenne le temps de se pencher sur les statistiques publiques, ces mêmes données qui montrent, par exemple, qu'il n'existe empiriquement aucun lien entre le niveau de « prélèvements obligatoires » et le niveau de développement économique. Curieusement cependant, le discours tenu hors de nos frontières diffère radicalement des assertions officielles que l'on nous tient. On ne peut penser que les gouvernements des ces dernières années ou le Medef ignorent les données sur lesquelles s'appuie d'AFII… D'où un goût amer laissé par cet étrange décalage…





04/11/2008
0 Poster un commentaire