Compétence ou compétence ?
Compétence ou compétences
Relisant un article de l'Est Républicain relatif à la décision d'une assemblée de représentants des communes de donner compétence à la Communauté de Communes en ce qui concerne le Plan Local d'Urbanisme, je me suis interrogé sur le terme utilisé : « compétence ».
C'est le genre de mots qui prête à confusion.
Dans la vie courante, c'est la « capacité reconnue en telle ou telle matière en raison de connaissances possédées et qui donne le droit d'en juger : Avoir des compétences en physique »
« Dans la vie professionnelle,la compétence est une qualification et d'une façon générale, se décline en savoirs (connaissances), en savoir-faire (pratiques) et en savoir-être (comportements relationnels) ainsi qu’en des aptitudes physiques. »
Pour les deux domaines précédents, il s'agit d'une capacité à réaliser un projet, à étudier une proposition, à donner un avis éclairé. Capacité mesurable.
Mais dans le monde des structures décisionnelles, le mot a un tout autre sens. « C'est un terme de droit : attribution, pouvoir d'un tribunal, d'un fonctionnaire, d'un officier public ; mesure de ce pouvoir.»
Il a alors le sens( à nouveau ambigu) d'aptitude : aptitude d'une autorité à effectuer certains actes. ; aptitude d'une juridiction à instruire et à juger une affaire.
Mais il ne s'agit plus de mesurer une capacité au regard de la qualité d'une réalisation mais bien de la responsabilité d'une structure qui a le pouvoir d'imposer une décision.
La conséquence est la suivante : une structure décisionnelle peut avoir la compétence -pouvoir légal- sans que les personnes qui prennent la décision aient fait preuve d'une quelconque compétence ( capacité mesurable) dans le domaine.
Le bon sens populaire le sait, et se moque souvent des hommes politiques qui dans leur domaine de compétence sont souvent incompétents : l'intervention militaire française en Libye est un excellent exemple de compétence militaire (l'armée fut compétente car efficace) et d'incompétence politique, bien que le Président d'alors fût chef des armées. La réforme Peillon est l'exemple le plus récent d'une compétence ministérielle mise en place par un ministre - et ses subordonnés - incompétents..
Le Principe de Peter que chacun connaît (« dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence » ) trouve chaque jour de l'eau à ajouter à son moulin.
Ainsi il n'est pas certain que dans notre système électoral par défaut où l'électeur vote pour tenter d'éviter le pire faute de pouvoir élire le meilleur, les décideurs qui ont vocation à posséder la compétence – comprenez : qui ont la responsabilité de, pour laquelle le citoyen leur confie le pouvoir de – soient toujours les plus aptes – comprenez les plus capables – à réaliser tel projet ou à appliquer telle décision.
Dans un monde vertueux où les gens qui ont la compétence, élus pour leur compétence, auraient la compétence légale de ...soit !
Mais il n'est pas farfelu de penser que dans telle Communauté de Communes qui aurait eu la compétence des chevaux de bois, on aurait pu voir se construire à 400 m de la piste d'une base aérienne, dans un périmètres classé zone rouge depuis 2010, donc inconstructible, un parc d'attractions avec manèges pour enfants.
Désastre heureusement impensable tant qu'il peut être évité par une mobilisation citoyenne.