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Cantonales, premier tour

 

Cantonales premier  tour

 

Les élections cantonales, qui conduisent à l'élection des conseillers généraux – bien mal nommés : pourquoi pas « conseillers départementaux ?- sont pour certains, en général les battus du scrutin, des élections locales. Pour les vainqueurs elles ont valeur de test national.

 

Sans vouloir départager les uns et les autres, ce scrutin, pour être local, n'en est pas moins riche d'enseignements de portée générale. Et m'a amené à ces quelques réflexions.

 

Il n'y aura pas de second tour dans « mon » canton. Le candidat PS a été élu avec plus de 65 % des voix, élection régulière depuis une trentaine d'années.

Si on jette un oeil critique sur le scrutin du village, et qu'on compare les résultats par exemple aux présidentielles de 2007, il apparaît que le candidat élu a obtenu des voix qui s'étaient portées à l'époque sur le Président Sarkozy – ce qui fut fréquent ce dimanche 20 mars – mais aussi sur le candidat Le Pen (le père), ce qui peut paraître plus étonnant.

Cependant, en accordant que certains votes d'extrème-droite sont causés par le rejet du système et une propagande du type 'Tous Pourris », il n'est pas étonnant que des voix se portant parfois sur un vote FN se reportent sur le dit candidat PS : pas d'ardoises, pas de compromissions, l'estime de tous, une personnage public connu et « franc de collier », dont le seul défaut, pour certains, est d'appartenir au PS. Mais on lui pardonne volontiers ce défaut véniel. Que celui qui n'a jamais eu la tentation de voter PS lui jette la première pierre !

 

Cette estime générale explique que face à lui se présentaient seulement deux candidats. Le candidat UMP était si sûr d'être battu qu'il avait laissé aposer sur son affiche le sigle UMP – fait assez rare pour qu'on le signale – encore qu'il ait évité d'y ajouter « avec Nicolas Sarkozy » comme cela se fit à une époque qui nous emble bien lointaine. Eh oui, Staline est mort...et d'autres....

Le scrutin de dimanche dans le microcosme du village démontre ceci : si les hommes politiques sont intègres et dignes d'estime, ils passent haut la main les barrages des affrontements partisans, des propagandes antiparlementaires et des messages mensongers (les journalistes utilisent le mot « populistes », je préfère « mensonger » ou « racoleur » : il faudrait trouver un mot dont la racine ne soit pas « peuple », peuple qui ne mérite pas cette indignité).

Tout n'est pas perdu pour la démocratie : un peu de vertu, la défense de valeurs républicaines, des choix justes et judicieux et discrédit qui touche la classe politique ne serait plus qu'une ombre, un leurre : un mauvais souvenir.

 

Un autre enseignement de ce scrutin nous fut donné dès le lendemain. Les ténors de la droite se sont désaccordés sur lA position à tenir face à une situation imprévue : 200 élections « locales » avec des face à face PS/FN.

Nicolas Sarkozy et Jean François Copé sont sur une même ligne : pas de Front Républicain. C'est une position de marchand de tapis : on laisse le client choisir et ensuite on marchande. La technique permet de voir venir le client : l'électeur certainement, mais aussi plus tard le vendeur, Marine Le Pen . Et de pouvoir interprèter le résultat avec la plus grande liberté.

 

Messieurs Borloo, Fillon et d'autres, centristes sinon de parti, au moins de sentiment, sont pour un Front Républicain. Il leur reste quelques principes : les ruines ont ceci de particulier qu'elles sont les parties les plus solides des édifices. Ils savent – l'expérience de la duplicité a ceci de positif – que le message de Marine Le Pen, qui sort de sa manche son républicanisme et sa laïcité, est un leurre ; comme l'est sa préoccupation « sociale », une nouveauté dans la panoplie récente de cette extrème-droite qui se souvient par intervalles que Laval appartint à la SFIO.

Que voulez vous : tout le monde n'est pas encore mort !

 

Cette division fait ainsi apparaître, à propos d'une élection locale, un clivage vieux comme la droite.

Celle qui, naturellement, est prête à des alliances encore plus à droite (ce qui explique le glissement droitier de Nicolas Sarkozy, qui tient à récupérer l'électorat frontiste qui l'a sauvé d'une défaite certaine en 2007), et qui s'apparente, sinon dans le discours, mais au moins dans le comportement - le Médef est tout proche d'une mutation en Chambre des Corporations, caisses noires comprises – à cette droite parlementaire qui fit bloc derrière Pétain jusqu'à l'ignominie.

Et l'autre qui s'accroche aux lambeaux de ce qu'elle a déchiré : une démocratie idéalisée (à défaut d'être idéale), une République sacralisée ( mélange de patrie de Jeanne d'Arc et de François Joseph Bara) , un Etat laïc et dont le message social est empreint de l'esprit des évangiles.

 

Le second tour sera encore local, soyons en certains. Mais comment à nouveau échapper aux résonances nationales d'un scrutin qui reste marqué par les ambitions nationales?

A propos : il me semblait que les ministres l'étaient 24 h sur 24 : c'est ce que j'ai lu, rapporté de la bouche de plusieurs ministres.

Comment vont faire tous ces ministres devenus pour les uns conseillers généraux, pour les autres, Présidents des conseils généraux ?



21/03/2011
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