toupour le zooh

bon, d'accord, la Dette

Bon, la France est endettée.

C’est sûrement vrai : c’est un ministre qui le dit.

Je dis « Bon », comme j’aurais pu dire « Pas bon » ou « Bien » pour «  Pas bien ». La dette d’un état, ça ne veut pas dire grand-chose. Si vous connaissez des états riches qui ne sont pas endettés, merci de me les signaler. Les Etats-Unis en sont le meilleur exemple : taux d’endettement record et économie florissante…tant qu’on peut imprimer des billets acceptés dans le monde entier et vendre des obligations d’état , pour rembourser la dette, en augmentant la dette.

Louis XVI avait abusé du système : il en perdit la tête.

Bon, bien : la France est endettée. Malaise dans les ménages, voilà nos enfants et petits-enfants qui vont être chargés d’un poids supplémentaire. Que leur léguons-nous : guerres, chômage, terrorisme. Pauvres enfants (et petits-enfants), les voilà avec la Dette de la France en plus !

On ne rit pas : c’est un souci. Bien qu’on ne mesure pas exactement la hauteur du souci, ni la quantité de la dette. Les chiffres sont trop élevés. Le chômage, oui, on connaît, la paie qui diminue, les délocalisations, on mesure, encore que…

Mais la Dette de la France ! C’est un souci, tout de même, ma bonne dame. Moi-même…

Alors le moral des ménages baisse : entendez par là que la frénésie empathique de consommation gesticulatoire risque de connaître une baisse préjudiciable à une économie, non pas basée sur la production de richesses, mais sur leur consommation…autre problème ; au pluriel, à l’horizon.

Alors, on invente de nouveaux crédits. Le plus intéressant est celui qui va permettre aux français de s’endetter un peu plus et un peu plus longtemps. Parce que vous comprenez bien, ma bonne dame, que la France est par trop endettée, mais que les français ne le sont pas assez.

Vous ne voyez pas bien la différence ? Reprenons.

D’un côté, il faut culpabiliser les français pour leur faire admettre qu’ils doivent abandonner l’idée même de services publics, leur faire accepter la diminution du nombre des fonctionnaires et assimilés, et ainsi transférer les erreurs de gestion des gouvernements successifs et des entreprises, nationalisées ou non, sur le fonctionnement de l’Etat Républicain. Objectif : détruire le tissu démocratique du pays et remettre en question de façon durable notre modèle socio-politique ; accessoirement, justifier la cession des décisions du politique, modèle dépassé, à l’économique, modèle « moderne ».

D’un autre côté, il faut relancer la consommation.

Les français sont des européens parmi les moins endettés : en leur montrant à nouveau le chemin du crédit, par exemple s’ils empruntent sur la valeur hypothécaire de leur maison, ils vont pouvoir à nouveau consommer, et le cycle vertueux de la consommation retrouvé, ils permettront à l’état de prélever des taxes et de rembourser une partie de la Dette. Accessoirement d’enrichir les agents immobiliers, les banques et les entreprises de construction, ce qui ne pourra que favoriser la reprise économique. Merveilleux, chère madame, n’est-il pas?

Ils seront plus endettés ? Qu’à cela ne tienne : ils seront plus riches d’avoir remboursé une partie de la Dette ? Et heureux d’avoir pu à nouveau consommer.

 Les indiens d’Amérique avaient coutume d’utiliser le terme « langue fourchue » pour désigner les politiciens responsables de la signature des traités. Ils utilisaient aussi l’expression « double langue »..

Notre Breton, dit « le petit Lu et non approuvé », est de cette même lignée : il prend les français pour des imbéciles et utilise un double langage.

Car on ne peut pas être à la fois trop endetté et pas assez.

 



01/01/2006
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