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Au nom du NON au réferendum sur le (mal)Traité européen : Etienne Chouard

Je me permets de copier-coller l'interview d'Etienne Chouard paru dans le blog de Marianne,(que je remercie tous deux) où le "blogueur du NON" revient sur le référendum


Etienne Chouard : «Si l'Irlande vote non, ça ne changera rien»

Aujourd'hui 29 mai, troisième anniversaire du référendum européen sur la Constitution, que reste-t-il aux partisans de la gauche du non ? Beaucoup d'amertume et un peu d'espoir. Interview.



Etienne Chouard : «Si l'Irlande vote non, ça ne changera rien»
Pendant la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen, Etienne Chouard, jeune professeur d'informatique, s'était illustré en faisant campagne pour le non sur son blog, à grands renforts de décryptages du texte. Trois ans après, il est assez amer. Il estime que le Traité de Lisbonne adopté par les Parlementaires français n'est qu'un faux nez du TCE. Face à l'effondrement de la gauche du non, il entre en résistance. Interview.

Le 29 mai 2005, les Français votaient non au référendum sur le Traité européen. Trois ans après, que reste-t-il de la gauche du non ?
Etienne Chouard : Trois ans après, on a recommencé à traiter le peuple comme un enfant politique et à le maltraiter. Les citoyens sont la grande victime de cette affaire. On leur a ôté leur bâillon une fois, en 2005, pensant qu'ils ne seraient pas capables de s'intéresser au sujet des institutions qu'on leur présentait comme poussiéreux, ennuyeux. Mais comme ils ont réagi en criant "non !", on leur a remis le bâillon et la maltraitance a repris. Aujourd'hui, ils n'ont plus la parole. Et en modifiant la Constitution sans nous, les Parlementaires nous font une violence considérable.

Vous dites que le peuple est bâillonné. Mais grâce à Internet, vous étiez parvenu à vous exprimer très largement au moment du référendum…
EC : Oui mais à l'époque, certains médias relayaient nos réflexions et il y avait l'enjeu du référendum. Aujourd'hui, plus personne ne veut parler de l'Europe. Internet tout seul ne suffit pas. Les Parlementaires de gauche ne font plus leur travail. À quelques exceptions près – Généreux, Mélenchon, Filoche et quelques autres – les socialistes ne font plus leur travail. D'ailleurs, il faut mettre « socialiste » entre guillemets : nous vivons dans un régime orwellien qui n'a plus que les apparences de la démocratie, avec un parti unique, de droite, l'UMPS.

Mais Nicolas Sarkozy avait annoncé la couleur : pendant sa campagne, il avait bien dit qu'il ferait revoter le traité par le Parlement et non par référendum. Les Français ont voté pour lui en connaissance de cause…
EC : Mais non ! Est-ce qu'il a dit qu'il ferait voter une nouvelle Constitution européenne identique à la précédente ? Pas du tout : lors de sa campagne, il avait parlé d'un « mini-traité », d'un traité « simplifié » ! Or le Traité qui nous est imposé par voie parlementaire n'est ni mini ni simplifié et il contient les mêmes graves atteintes à la démocratie. Par exemple, il prévoit toujours la faiblesse des organes élus et la confusion des pouvoirs entre les mains d'organes non élus (donc hors contrôle), la dépendance des juges, le chômage (et les bas salaires) imposés par une politique monétaire suicidaire, etc. Quand les ministres modifient la Constitution, ils écrivent des règles pour eux-mêmes et ils trichent : ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir.

Le 12 juin prochain, les Irlandais auront, eux, à se prononcer par référendum sur le nouveau Traité européen. Pensez-vous qu'ils pourraient voter non et ainsi remettre en cause ce Traité ?
EC : Je ne crois pas. Il n'y a quasiment pas de débat en Irlande, et quand il y en a un, il est calamiteux. Leurs médias matraquent les arguments des partisans du « oui » exactement comme cela a pu être le cas en France. On glorifie le « oui » et on culpabilise le « non », systématiquement, en le stigmatisant comme l'apanage de l'extrême droite. De plus, Valéry Giscard d'Estaing l'a bien fait comprendre : si les Irlandais votaient « non » malgré tout, on trouverait un moyen de faire passer ce Traité d'une façon ou d'une autre.

Comment continuez-vous à faire vivre vos idées ?
EC : Depuis un mois environ, nous avons lancé les MOCRIES, les Manifestations Obstinées Contre le Régime Illégitime Européen. L'idée est simple : il s'agit d'organiser nous-même des protestations hebdomadaires exigeant une assemblée constituante honnête et un référendum pour toute révision constitutionnelle. Chacun peut le faire chez soi, avec des amis résistants, de gauche comme de droite. C'est ce qu'avaient imaginé les Allemands de l'Est pour résister avant la chute du mur. Ça ne coûte rien, contrairement aux grèves, et on peut le faire librement, près de chez soi. Il y en a déjà plus de vingt qui s'organisent chaque semaine dans tout le pays : à la Réunion, à Paris, dans des villes et des villages de France. Ça fait du bien d'agir enfin, souvent, au lieu de prendre des coups sans rien dire. On n'a jamais essayé ça - d'innombrables microrésistances durables : ça peut marcher.


29/05/2008
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