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A propos du mot UTOPIE

«utopie »

 

La commune de Ochey (54) présente sr ses pages facebook un dossier relatif au projet d'une association – non nommée- du village d'Allain en partenariat avec la municipalité pour une « école du futur ».

Ce projet auquel sont associés plusieurs Grandes Écoles de l'Académie de Nancy-Metz porte à la fois sur la conception matérielle des bâtiments et l'agencement des différents espaces dévolus tant aux apprentissages qu'aux activités annexes.

Il a été imaginé pour répondre à un autre projet imposé aux citoyens des trois communes du regroupement scolaire local en septembre 2013 autour des bâtiments qui auraient dû s'implanter dans une zone trop proche de la base aérienne pour être réaliste.

 

L'objet de cet article n'est pas d'engager une polémique à propos de tel ou tel projet. Dans notre système démocratique prévaut la participation de toutes les volontés et capacités citoyennes à œuvrer pour le bien commun. Il est regrettable simplement que le dossier en question engage si maladroitement le débat.

Non, ce qui nous intéresse ici est l'usage injustifié (car négatif) du mot « utopique » dans le dossier ( page 3)

« Un projet utopique et irréaliste de complexe scolaire à Allain »

Tour de France des alternatives

je cite :

«  Dans l'imaginaire collectif, utopie signifie impossible. On qualifie d'utopiques les projets qui ne nous semblent pas réalistes, qui ne verront jamais le jour »

wikipedia :

« Une utopie peut désigner également une réalité difficilement admissible : en ce sens, qualifier quelque chose d'utopique consiste à le disqualifier et à le considérer comme irrationnel. »

 

Cette première constatation apporte deux idées :

  • le rédacteur du dossier s'inscrit dans « l'imaginaire collectif ». Dont acte.

  • Le rédacteur du dossier se trompe pour ce qui est du sens et de l'usage du mot, utilisé ici uniquement dans son sens dis-qualifiant. L'adjectif » irréaliste » utilisé de façon redondante ici, aurait suffi.

Je continue

« C'est une erreur (on s'en doutait). Le mot UTOPIE – UTOPIA est le titre d'un livre de Thomas More (1478-1535) signifie « aucun lieu ». Ce ne sont pas parce que les utopies n'existent pas encore qu'elles n'existeront jamais. »

 

Théodore Monod : 

« L’utopie ne signifie pas l’irréalisable, mais l’irréalisé. L’utopie d’hier peut devenir la réalité. »

 

du même : « L’utopie est simplement ce qui n’a pas encore été essayé. »

 

       La plupart des structures collectives que nous connaissons aujourd'hui auraient pu, à un moment donné de l'histoire, passer pour des projet utopiques. Qui aurait parier sous Louis XIV de la disparition de l'Ancien Régime, puis de la naissance d'une République. Plus proche, Michel Dinet, en imaginant la coopération de 40 communes de deux départements et de cantons différents au sein d'une même structure – l'EPCI, devenu Communauté de communes présidée actuellement par Philippe Parmentier- a dû, en son temps, se faire traiter par les plus conservateurs – ceux qu'on retrouve souvent sur les bancs de ses contempteurs - d'Utopiste !

 

« Si l'on veut faire quelque chose de différent, il faut s'attendre à ne pas rencontrer la compréhension tout de suite » dit Boris Vian.

André Gide ajoute :

«  Comme si tout grand progrès de l'humanité n'était pas dû à l'utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne devait pas être faite de l'utopie d'hier et d'aujourd'hui ! »

 

Admettons : le projet de l'association des Amis de l’École d’Étienne Olry est une utopie. Comme le furent les projets de cet instituteur remarquable qui s'inscrivent dans une démarche pédagogique originale, tellement originale qu'elles pourraient passer, pour certains pisse-froids actuels, d'irréaliste.

 

Je cite Wikipédia dont le site sur notre « Jules Ferry d'Allain» est remarquable :

 

« En effet, en marge de l'instruction traditionnelle, basée sur l'enseignement du français et des mathématiques, il préfère davantage axer ses leçons sur l'agriculture, les sorties de terrains et la réalisation de dessins, croquis, plans et cartes, dont certains sont d'ailleurs primés à l'exposition universelle de Paris, en 1867. De plus, en l'absence de livres adéquats sur ces types d'enseignements, il conçoit, avec le concours de ses élèves, un manuel, récompensé lors d'un comice agricole à Toul, puis diffusé et utilisé dans toutes les écoles du canton2.
Enfin, à partir de 1879, Étienne Dominique Olry donne, chaque hiver, les travaux champêtres achevés, des cours aux adultes d'Allain, afin de combler les lacunes dues à l'irrégularité de leur scolarité.»

 

Alors, utopique, le projet d'un groupe scolaire à Allain ? Oui  !

Mais suffisamment sérieux pour que 5 Grandes Écoles de Nancy s'y associent. Pour que de jeunes diplômés s'y intéressent et y travaillent. Avec des architectes, des entrepreneurs : des professionnels.

 

Enfin pour qu'un village, retrouvant la voie de la démocratie – cette belle utopie toujours remise en question et pas seulement par des terroristes lointains – participe à un projet collectif ouvert aux citoyens des villages voisins sans exclusive.

 

La démocratie participative, une utopie encore une ?

 

Je terminerai par une citation de Mark Twain, romancier, journaliste et penseur étatsunien, dont chacun connaît le récit «  les aventures d'Huckleberry Finn » :

                                                  «  Ils ne savaient pas que c'était impossible. Alors ils l'ont fait. »



14/03/2015
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