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A propos du modèle scolaire finlandais

A propos du modèle scolaire finlandais

 

 

La presse nous bassine actuellement avec les résultats du programme PISA (qui n'a rien à voir avec la spécialité italienne, quoique- qui placent le Finlande, la Corée et le Japon tout en haut de l'échelle des résultats scolaires des bambins des pays testés. Encore qu'il s'agisse de certains résultats scolaires: je n'ai pas trouvé par exemple, ni tableaux, ni classements concernant  « la réflexion sur l'information, l'évaluation,, et l'argumentation critique »(Est Républicain du jeudi 6 décembre. Je fais cette remarque car ces trois deniers points me semblent essentiels en ce qui concerne l'éducation, les autres tests où ces pays ont des systèmes scolaires efficaces relevant plutôt du domaine scolaire et des niveaux des savoirs : acquisition des connaissances et compréhension de l'écrit, niveau de mathématiques et sciences.

Je fais bien la différence ici: la réussite scolaire est indéniable -les courbes se trouvent sur internet (tapez programme PISA) même si les résultats généraux sont « sous embargo » : c'est l'OCDE qui le dit – la réussite éducative n'est peut-être pas au même rendez-vous: la Finlande détient les records pour ce qui est des enfants qui n'aiment pas l'école bien que « la culture de la confiance est préférée dans le système finlandais  à la logique du contrôle, pierre angulaire du sytème français » (idem)

On peut se demander pourquoi les enfants finlandais aiment si peu un système basé sur une telle confiance.

 

Revenant sur les statistiques, ma première réflexion a porté sur le nom de ces trois pays « phare de la lumière éducative ».Il n'y a pas de coincidence : le Net, grâce à quelques clics, m'a permis rapidement de découvrir quelques points communs à ces trois pays. Le plus remarquable est la quasi absence d'immigrants. Attention, je ne veux pas dire que les immigrants nuisent individuellement et collectivement au système éducatif : simplement, comme les tests du programme PISA portent sur la compréhension de l'écrit, il est bien évident que des pays à fort taux d'immigrants seront mécaniquement pénalisés au niveau des résultats. Des états comme le Japon ont ignoré l' immigration jusqu'à ces dernières années (elle reste marginale), le Canada pratique une immigration (très) sélective et la Finlande va même jusqu'à obliger les immigrants à savoir la langue (finnois ou suédois) avant leur arrivée (en plus des revenus et d'un travail obligatoire). Nos pays d'Europe de l'ouest (l'Allemagne avec un système scolaire différent présente des résultats voisins des nôtres) sont dans une situation, particulière puisque le système éducatif doit faire face à des problèmes que ne connaissent ni la Finlande, ni la Corée, ni le Japon.

 

En Finlande, tous les petits Finlandais connaissent au moins une langue du système scolaire : on la parle dans leur famille, dans la rue, elle est un instrument à la fois culturel et véhiculaire. 90% des enfants sont accueillis dans des maternelles, et plus tard les activités de soutien sont développées . En plus d'une situation favorable, des moyens existent pour tous les enfants, qui sont saupoudrés en France à des élèves ou à des classes en difficulté.

Nous ne sommes donc plus en train de comparer les systèmes éducatifs mais bien de constater que les conditions d'origine, comme les conditions de mise en oeuvre, favorisent les enfants finlandais.

Qu'en est-il des enfants de Corée et du Japon. On sait que le Japon est toujours l'exemple du « stakanovisme » scolaire : heures de cours obligatoires, heures supplémentaires, compétition, mentalité favorisent un système d'apprentissage « totalitaire » qu'aucun éducateur ne donne plus en exemple.

Un autre facteur ignoré des médias et pourtant souligné par l'OCDE est l'adhésion des élèves au système scolaire : « Les résultats révèlent de grandes différences du point de vue de l'adhésion générale des élèves à l'école, et notamment des variations marquées dans l'attitude de ces jeunes à l'égard de la compréhension de l'écrit et plus encore de la culture mathématique. Dans 20 pays sur les 28 examinés, plus d'un élève sur quatre estiment que l'école est un endroit où ils ne veulent pas aller. C'est en Belgique que la proportion d'élèves peu enthousiastes est la plus élevée (42 %) ; viennent ensuite le Canada (37 %), la France (37 %), la Hongrie (38 %) et les États-Unis (35 %) » Cette adhésion, découragée depuis près d'une vingtaine d'année par les médias français , est un fait social indéniable qui a coûté, humainement, socialement, économiquement, des fortunes...que nous payons à nouveau aujourd'hui! Il ne s'agit pas non plus encore une fois de système scolaire, d'efficacité scolaire, , de philosophie de l'éducation, mais bien de la destruction systématique (pour quelles raisons?) d'une école républicaine qui continue à faire ses preuves, contre vents et marées.

Pourquoi cette propagande anti-école publique a-t-elle fonctionné (et le rouleau compresseur continue)?. La première réponse est: le terrain est miné. En effet, la France est l'un des pays où l'ascenseur social ne fonctionne plus (alors qu'il a fonctionné, ce qui n'est pas le cas de tous les pays, et que les causes ne sont pas du ressort de l’école). Le taux de chômage, -je préférerais étudier les statistiques du nombre d'emplois réels, ce qui serait plus juste – est constamment l'un des plus élevé de l'Europe de l'Ouest, et, dans certains périmètres, il représente plus du double de la moyenne nationale. Comment faire croire à des enfants que la réussite sociale et personnelle passe par l'école alors que depuis tout petits, ils n'ont connu dans leur entourage que chômage et petits boulots, la plupart du temps non déclarés, parfois illicites.

En Finlande, si les chiffres du chômage sont voisins des nôtres, les situations sociales des chômeurs ne sont pas identiques. Et le Japon comme la Corée du sud connaissent peu de chômage (moins de 4%).La Finlande connaît un meilleur niveau de vie global que la France : seuls 8 % des Finlandais ont un revenu inférieur en dessous de 60% du revenu disponible médian (après transferts), quand 16 % des habitants de notre pays connaissent cette situation.

On voit là que des facteurs sociaux nombreux interfèrent dans l’application de tel ou tel système scolaire. Si les tests vérifient certaines capacités, il n’est pas certain que leur priorité  soit celles que nous avons choisies pour nos enfants. Et quand bien même les domaines vérifiés paraissent ceux  du « monde moderne », il semble dommageable que « des résultats plus modestes soient  enregistrés pour la réflexion » (est republicain).

Tests trop ciblés (on ne parle pas des programmes scolaires), facteurs sociaux non retenus, les analystes des médias s’en prennent encore une fois à l’Ecole, qui reste, en France, l’un des seuls espaces républicains à peu près préservé (ce qui n’est le cas ni en Finlande, ni aux Etats-Unis, ni même en Allemagne ,record de violences européen) et l’un des seuls domaines dont les français sont globalement satisfaits.

Il n’est pas certain qu’en changeant de système (pour adopter une philosophie scolaire utilitaire à l’anglo-saxonne) on améliore les résultats : les employeurs japonais qui préfèrent s’installer en France ne ventent-ils pas l’adaptabilité et la capacité d’initiative ds employés français ?

Ce qui mériterait amplement des tests d’un autre genre.

 

 

L'immigration en Corée du sud : 100 mille en moyenne par an pour 50 millions d'habitants (pour quelque millier au Japon en 2000)

 



07/12/2007
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