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A propos d'un article de James K. Galbraith

Extrait d'un article publié aux USA (Washington Monthly) et signé par l'économiste James K.Galbraith le 21 mars 2009, article dont j'ai copié-collé la dernière partie : article intégral  sur le site Centreinfo.com (relayé par Marianne2) Merci.

L'économiste pense que les états ont face à la crise une position trop molle et principalement axée sur le sauvetage du système bancaire. Lui propose de développer l'emploi et compare les sommes mises en oeuvre par Roosevelt dans le New-Deal dès 1936.



Extrait :

«  En résumé, si nous assistons à un véritable effondrement de la finance, les modèles ne serviront à rien. Il est donc utile d'effectuer un retour en arrière, en deçà des années d'après-guerre, pour remonter jusqu'à l'expérience de la Grande Dépression. Et seule une analyse de type qualitatif et historique le permet. Nos modèles informatiques modernes ne tiennent tout simplement pas compte de l'élément clé de cette crise qui est, précisément, l'effondrement du système financier.

Si le système bancaire est paralysé, alors pour être efficace le secteur public doit faire beaucoup plus. Combien en plus ? De combien les dépenses devraient-elles être augmentées durant une véritable dépression ? Et cette solution fonctionne-t-elle ? Ces derniers mois ont vu se dérouler beaucoup de débats sur les effets économiques du New Deal, et la répétition fréquente de ce lieu commun affirmant que l'effort fourni avait été trop réduit pour mettre fin à la Grande Dépression, ce qui n'aurait été accompli, nous dit-on, que par la Seconde Guerre mondiale. Une nouvelle étude de l'économiste Marshall Auerback apporte une correction utile sur ce dossier. Auerback illustre clairement la façon dont les objectifs de Roosevelt dépassaient tout ce qu'on a pu voir jusqu'alors dans cette crise :

Le gouvernement [Roosevelt] a employé environ 60% des chômeurs pour des travaux publics et des projets d'aménagement, incluant la plantation d'un milliard [2] d'arbres, la modernisation de l'Amérique rurale, la construction de projets divers tels que la « Cathédrale de l'Apprentissage » à Pittsburgh, le Montana State Capitol, une grande partie du « front de lac » de Chicago, le Lincoln Tunnel à New York et le Triborough Bridge, la Tennessee Valley Authority et les porte-avions Enterprise et Yorktown. Furent également construits ou rénovés 2.500 hôpitaux, 45.000 écoles, 13000 parcs et terrains de jeux, 7800 ponts, 1 120 000 km de routes, et un millier d'aérodromes. Il employait également 50 000 enseignants, a reconstruit l'ensemble du système scolaire des zones rurales, et embauché 3000 écrivains, musiciens, sculpteurs et des peintres, dont Willem de Kooning et Jackson Pollock.

  En d'autres termes, Roosevelt a donné du travail aux Américains sur une vaste échelle, ramenant le taux de chômage à des niveaux qui étaient tolérables, même avant guerre, revenant de 25% en 1933 à moins de 10% en 1936, si l'on comptabilise ceux qui étaient salariés par le gouvernement comme ayant un emploi, ce qui était bien le cas. En 1937, lorsque Roosevelt a tenté d'équilibrer le budget, l'économie a rechuté à nouveau, et en 1938 le New Deal a été relancé. Cette fois encore, le chômage a été ramené à environ 10%, dès avant la guerre.

Le New Deal a reconstruit l'infrastructure de l'Amérique, en fournissant les fondations (par exemple, les centrales électriques,) à partir desquelles la mobilisation de la Seconde Guerre mondiale pourrait être lancée. Mais il a aussi sauvé le pays politiquement et moralement, en fournissant des emplois, de l'espoir et en restaurant la confiance dans le fait que la démocratie est une valeur qu'il faille préserver. Ils étaient nombreux, dans les années 1930, à ne pas penser ainsi. »


mes commentaires :

Le choix des dirigeants actuels du monde capitaliste de sauver les banques procède d'une option idéologique et d'une vision à court terme. Pour reprendre un autre exemple historique, national et plus proche, de la situation économique et sociale actuelle (politique aussi, cela « bling bling » s'entend ), je vous propose de jeter un coup d'oeil sur la situation de la France en 1788:

  • un état en faillite où le remboursement de la dette était tel qu'il fallait emprunter pour en rembourser les intérêts.

  • Une nomenclatura vivant dans une bulle et des ghettos : grande bourgeoisie d'affaires (Necker était -déjà- suisse!), où se distinguent des agents privés ratissant les impôts, les célèbres fermiers généraux ; une « grande » noblesse parasite, vivant de pensions royales et d'expédients.

  • Un pouvoir pourri par la vie facile, le faste, les fêtes et le jeu

  • une situation sociale fragile, voire explosive, avec des disettes, une distribution des richesses très « actuelle », des agioteurs et accapareurs- qui spéculent sur la misère -, des différences de revenus effarantes où le semi-esclavage est monnaie courante.

  • Un roi faible et indécis, qui suit les opinions de ses conseillers proches, en change et se persuade qu'en réunissant des Etats Généraux « godillots », il va pouvoir, sans changer de politique, endormir le peuple.

    Car le problème d'aujourd'hui n'est plus, comme le croit encore « l'élite » un problème financier, ou même économique : le problème est social, et son refus de le traiter en priorité risque de réduire à néant les projets qui concernent un hypothétique, et couteux – et certainement insuffisant - renflouement des banques couplé d'une aide ponctuelle -et encore une fois bancaire - aux secteurs en difficulté.

    Les gouvernements actuels tiennent un pétard allumé à deux mains et imaginent qu'il va s'éteindre en soufflant dessus. J'ai essayé à la fin d'un 14 juillet, j'avais 12 ans : ça ne marche pas.

Pour revenir au modèle du New Deal, on voit bien que la priorité devrait être massivement l'emploi. En 1848, cela s'appelle les Ateliers Nationaux, qu'une France encore paysanne, donc de droite, refusa de financer, avec les conséquences qu'on connait : un petit Napoléon (déjà!) sur le trône, la France envahie et amputée en 1870, et auparavant, les guerres en Italie, et la catastrophe mexicaine : les grands boulevards ne sont que la vitrine aimable de la misère du Second Empire. Aurons nous le prochain...en pire?



Dans un monde parfait, le problème de ce travail décidé par le gouvernement et donné à tous est celui du financement.

En additionnant les aides sociales, c'est à dire en fournissant un travail à des sans-emplois en échange d'une aide sociale globale, augmentée d'une sorte d'indemnité qui pourrait permette d'atteindre le SMIC, l'état pourrait donner un travail, un pouvoir d'achat, une structure sociale et mieux encore une dignité -ce qui ne se chiffre pas- à des millions de travailleurs en déserrance -et notamment les jeunes -, déserrance professionnelle, sociale, familiale etc : les dégâts sont non mesurables et leurs coûts, élevés, jamais chiffrés.

Où prendre l'argent de ces indemnités compensatrices?

Comme autrefois, par la loi (ou ce qui en servait, par le bon vouloir du souverain)

Pendant plus de 20 ans les plus riches, on le sait aujourd'hui, qu'ils soient gros actionnaires, propriétaires de multinationales ou leurs valets, pdg et consorts, se sont goinfrés en imaginant - et en y participant – à une énorme escroquerie bâtie sur le modèle du système Madoff : un système pyramidal où l'argent se mutipliait, non parallèlement au développement économique, mais en générant des sommes énormes d'argent engendrées par une spéculation mafieuse.


Dans un monde parfait, il faudrait récupérer cet argent par la loi.Et réotractivement.

En établissant le calcul de la progression souhaitable des émoluments et revenus des plus riches - parallèlement au Smic ou à la progression des revenus moyens par exemple-, on pourrait mesurer l'écart entre revenus réels et revenus souhaitables des 20 dernières années. Et calculer ainsi les sommes (colossales) que les plus riches ont mis dans leurs poches en même temps qu'ils mettaient en péril l'économie dont ils prenaient l'essentiel des ressources (double vol , par rapacité et par incapacité). Ces sommes seraient reversées à un fond de soutien qui alimenterait les organismes chargés de verser l'indemnité compensatoire.

De travail, il ne manque pas.


Mais nous ne sommes pas dans un monde parfait : l'explosion sociale, que les gouvernements ne pourront ou ne voudront pas éviter- car certains savent que la force s'installe invariablement après des troubles, surtout dans des pays démographiquement vieux – coûtera plus cher à la collectivité que des mesures aussi radicales.


Aussi proposerai-je plus simplement aux engagés de l'informatique de partir en chasse des capitaux errants sur des paradis fiscaux : les trésors de Barbe Rouge et des pirates de l'île de la Tortue sont toujours du côté de la Barbade. Les cartes des trésors sont quelque part sur internet.


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Petit ajout: j'ai lu que quelque part, Nicolas Sarkozy a dit : « J'ai la banane »

Nous sommes donc bien dans une république bananière.



29/03/2009
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